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Fin du cours d’ÉCR : et si les compétences humaines étaient la clé?

Un texte d'opinion sur la fin du cours d'éthique et culture religieuse (ÉCR) au Québec : « Bien que nous devions instruire, socialiser et qualifier, ne perdons pas de vue notre devoir d’éduquer les citoyens de demain ».
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La nouvelle est tombée brusquement le 10 janvier au matin alors que personne ne s’y attendait : le cours d’éthique et culture religieuse (ECR) sera aboli et remplacé par un cours davantage axé sur la citoyenneté. Il y avait des rumeurs persistantes depuis quelques années et les médias avaient relayé les voix de ceux qui s’opposaient aux contenus du cours ou à la façon dont ils étaient enseignés, mais, somme toute, rien ne laissait présager une fin aussi abrupte pour ce cours mal-aimé.

Quelle sera la suite des choses?

Le ministère de l’Éducation a organisé une consultation en ligne de six semaines où il invite tous les acteurs de notre société à remplir un questionnaire ou à soumettre un mémoire. Si quinze minutes suffisent pour remplir un questionnaire de consultation, il en est tout autrement pour rédiger un mémoire. Cela explique certainement pourquoi, pour certains, le délai semble court.

Nous avons également appris que les thèmes du cours, tel que proposés par le ministre, seraient les suivants :

  • Thème 1 : participation citoyenne et démocratie
  • Thème 2 : éducation juridique
  • Thème 3 : écocitoyenneté
  • Thème 4 : éducation à la sexualité
  • Thème 5 : développement de soi et des relations interpersonnelles
  • Thème 6 : éthique
  • Thème 7 : citoyenneté numérique
  • Thème 8 : culture des sociétés

Cela écrit, il y a trois éléments qui retiennent mon attention :

Premièrement, j’aimerais souligner qu’il est sain de prendre la peine de revoir les programmes et de s’assurer d’en faire quelque chose de dynamique, mis à jour à des moments jugés opportuns pour diverses raisons bien souvent, elles-mêmes, liées à des mutations sociales ou encore au fur et à mesure que de nouveaux éléments de la recherche s’imposent. Pour moi, un programme doit être flexible, tout comme ceux qui l’enseignent.  

Deuxièmement, jadis, j’ai lu que les réformes scolaires se succèderaient, du moins dans les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), à un rythme d’une vingtaine d’années. Si cela s’avère fondé, la fameuse réforme de l’éducation québécoise du début du siècle vivrait ses derniers moments. De plus, sachant que le cours de mathématique fait aussi l’objet de réflexion, que les cours d’histoire de troisième et de quatrième secondaires sont tout neufs, que des apprentissages obligatoires en éducation à la sexualité ont nouvellement été introduits dans le curriculum, s’ajoutant aux contenus en orientation scolaire et professionnelle (COSP) qui sont également déployés au primaire et au secondaire et qu’il y a certainement d’autres chantiers que j’oublie ou ne connais pas, je me demande si on ne voit pas justement dans cette succession de changements la prémisse d’une potentielle refonte qui invitera tous les acteurs qui gravitent autour du monde de l’éducation à coconstruire un nouveau Programme de formation de l’École québécoise (PFÉQ). Oui, vous avez bien lu : s’assoir et prendre le temps de travailler ensemble à refaire notre École québécoise. Pour moi, il sera là le véritable défi : coconstruire à un rythme plus lent, pour aller chercher une plus grande adhésion. Nous ne sommes plus à l’ère de faire les choses vites, mais de les faire bien.

Troisièmement, en lisant les thématiques proposées par le ministre, je constate que certaines d’entre elles comme la participation citoyenne, la démocratie, l’écocitoyenneté, l’éthique, le développement de soi et la citoyenneté numérique seraient au menu pour ce nouveau cours. Ainsi, je me questionne : cela ne devrait-il pas être abordé dans tous les cours? À titre d’exemple, pourquoi parler de citoyenneté et de démocratie dans ce cours alors qu’il est impératif que tous les cours contribuent à cet enseignement et au développement de ces compétences humaines? Devons-nous nécessairement formaliser des apprentissages qui pourraient être réalisés de façon informelle, dans l’ensemble des cours à l’horaire de l’élève? Par exemple, le message qui pourrait être envoyé à nos jeunes est que l’écocitoyenneté n’est importante que dans le cours d’éthique, alors que ce l’est pourtant aussi en sciences, en histoire et dans les autres matières. Il faut considérer une grille-matière comme étant un tout dont les cours visent essentiellement les mêmes objectifs identifiés dans le PFÉQ et ce, peu importe les contenus disciplinaires propres à chaque matière. À l’issue de la consultation, il sera intéressant de voir si on proposera effectivement de traiter certains thèmes de manière transversale et ceux, nouveaux ou existants, qui feront l’objet de « nouvelle matière » pour le nouveau cours.

En conclusion, une telle annonce entraînera certainement son lot de remises en question qui, je l’espère, amèneront un vent de fraîcheur dans le curriculum. Bien que nous ayons la responsabilité d’instruire nos jeunes à l’aide des contenus disciplinaires à enseigner dans un laps de temps souvent trop restreint, je nous invite à demeurer centrés sur les humains que nous avons à éduquer au sens large du terme. Bien que nous devions instruire, socialiser et qualifier, ne perdons pas de vue notre devoir d’éduquer les citoyens de demain.  

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