Faible motivation face à l’écriture : une équipe-école primaire transforme toute son approche

Par Annie Guay, enseignante 1re-2e année et leader pédagogique à l’école L’Accueil à Scott, Centre de services scolaire de la Beauce-Etchemin.

Les vacances des fêtes sont déjà choses du passé; nous avons tous repris le chemin de la classe et nous nous préparons à remettre le premier bulletin de cette année scolaire. Nos pratiques sont en constant changement ces temps-ci. Qu’à cela ne tienne, nous pourrons quand même compléter le plus honnêtement possible nos « fameux » bulletins du mois de février!

Notre objectif reste le même : donner de la valeur aux apprentissages de nos élèves.

Si vous avez manqué l’entretien de Philippe Longchamps dans le cadre de la webémission « Sortie de classe », je vous suggère fortement de l’écouter. Son entretien avec l’animateur Pierre Gagnon sonnait tellement juste sur la collaboration qu’il faut développer chez nos élèves et, surtout, le plaisir qu’on peut soi-même avoir à apprendre comme adulte et éternel apprenant.

En ce sens, l’évaluation des apprentissages doit évoluer. C’est ce qui nous motive depuis 3 ans à l’école l’Accueil, où j’enseigne dans le Centre de services scolaire de la Beauce-Etchemin. Nous avons entrepris une réflexion approfondie sur le développement des compétences (et donc leur évaluation) et nous avons beaucoup appris ensemble comme équipe-école.

Le déclencheur pour nous a été la faible motivation de nos élèves à développer leur compétence en écriture. 

Que cherchait-on à faire? Comment allait-on s’y prendre? De cette vulnérabilité, nous voulions faire ressortir les idées pour susciter l’engagement et favoriser la collaboration entre les élèves… Et vous savez quoi? Alors que nous pensions changer les élèves, c’est plutôt nous, enseignants, qui avons d’abord changé…  

Une leader pédagogique a vu son équipe se questionner; elle a dégagé du temps pour qu’on se rencontre, qu’on échange et qu’on se questionne. Nous nous sommes retrouvés à 3, puis à 6, puis à 10… Nous avons fait plusieurs détours, quelques-uns ont préféré attendre de voir où ça nous mènerait… et je les remercie aujourd’hui. Ils n’étaient pas convaincus qu’un changement s’imposait et devaient prendre une distance avant de se lancer.

Maintenant, nous y sommes tous!  À coup de discussions courageuses, d’échanges respectueux et de conseils judicieux offerts par les conseillers pédagogiques à l’affût de la recherche et des meilleures pratiques à mettre en place, nous avons façonné ensemble de nouvelles façons de faire.

Cultiver la collaboration

Se lancer dans un chantier qui vise à revoir les façons d’évaluer ou à élaborer de nouvelles séquences d’apprentissage n’est pas à prendre à la légère. N’essayez pas de vous désister de certaines conversations plus engageantes et ne minimisez pas l’importance de la collaboration nécessaire. Ces éléments sont essentiels pour obtenir de véritables résultats.

Harmoniser ses pratiques, échanger sur ses façons de faire, se questionner et remettre en question des choses (et non des individus), cela demande un certain niveau de confiance qui se bâtit ensemble. Si un seul enseignant le fait, c’est bien, mais c’est peu probable que l’effet soit durable sur les apprentissages des élèves. Or, quand toute une équipe décide de travailler ensemble (orthopédagogue, direction, enseignants et autres spécialistes) et qu’elle accepte de se faire confiance, les choses peuvent vraiment changer… pour le mieux.

Cette collaboration, le fait de nous concerter pour mieux appuyer nos élèves, nous stimule énormément pédagogiquement parlant. Nous avons mis en place, en équipe, une culture de collaboration qui mise sur les forces de chacun et où chacun a sa voix. Aujourd’hui, nous voyons les gains sur les apprentissages de nos élèves.

Nous sommes devenus des coachs auprès de nos élèves, bien plus souvent que des juges (ou des évaluateurs) et cela crée une  dynamique bien différente face au fait d’apprendre.

Une séquence d’apprentissage complète

Au final, nous avons bâti nos séquences d’apprentissage en écriture de la maternelle à la 6e année. Est-ce qu’elles sont parfaites? Pas du tout! Témoignent-elles de notre démarche et de nos bons coups? Absolument! Nous travaillons d’ailleurs cette année sur nos séquences en lecture et nos discussions sont enflammées, mais Ô combien pédagogiques!

Et l’évaluation des apprentissages dans tout ça? Peu importe le mode d’enseignement (en ligne ou en classe), nous ne devons pas nous éloigner des intentions pédagogiques que nous nous étions fixées et que nous avons rendues visibles à nos élèves. Développer une compétence, c’est être en mesure de la définir et de nommer ses manifestations. Ce n’est pas un cumul de notes…  

À quoi nous attaquerons-nous ensuite? La communication orale? Les mathématiques? Je n’en sais rien encore, mais je sais que nous ferons les choix ensemble. 

Que vous soyez en Outaouais, en Gaspésie ou n’importe où au Québec, sachez que notre école est disposée à vous ouvrir ses portes sur ses pratiques pédagogiques et collaboratives. Osons poser des questions, échangeons par visio et partageons nos façons de faire pour la réussite de chaque élève.

En complément : un dossier sur la collaboration, du Réseau d’information pour la réussite éducative