Au-delà des thèmes habituels, voici quatre autres problématiques qu’il serait intéressant de voir débattre par les porte-paroles en matière d’éducation lors de la campagne électorale qui bat son plein au Québec.
L’éducation a effectué un retour en force dans l’actualité québécoise depuis environ deux ans. Voilà qui est une bonne nouvelle. Cependant, ce sont souvent les mêmes thèmes qui font la une : le débat entre les réseaux privés-publics, les élèves à besoins particuliers, les écoles délabrées, la place des technologies dans la pédagogie, etc. Voici quatre autres problématiques importantes qui pourraient faire l’objet de débats en cette période électorale.
Des examens ministériels à moderniser
Si, globalement, les approches pédagogiques peinent à s’actualiser, le défi est encore plus grand pour l’évaluation. C’est vrai dans toutes les écoles et ce l’est d’autant plus dans le cadre des épreuves uniques et obligatoires du ministère de l’Éducation. Dans les classes, on insiste auprès des enseignants pour qu’ils varient leurs approches pédagogiques et qu’ils les adaptent à leurs élèves. On leur demande aussi de montrer aux élèves comment collaborer et utiliser les meilleurs outils pour accomplir une tâche donnée. Cependant, lorsqu’il est temps d’évaluer, exit la collaboration, les meilleurs outils et la différenciation pédagogique. L’exemple le plus éloquent est certainement donné par les fameuses épreuves ministérielles qui, a contrario, se traduisent en un seul examen dans une matière, réalisé individuellement et au même moment par des dizaines de milliers d’élèves, avec un seul outil (bien souvent un crayon et une feuille de notes), une seule grille de correction uniforme, etc.
Il s’agit là d’un paradoxe, voire d’un boulet pour les enseignants concernés qui, avec bienveillance, enseignent pour que l’élève réussisse l’examen (« teaching to the test »). L’évaluation est une finalité et elle est malheureusement extérieure à la démarche d’apprentissage, alors qu’elle devrait en faire partie intégrante.
Il serait intéressant d’entendre nos politiciens à cet égard. Comment peut-on mieux arrimer les pratiques pédagogiques et évaluatives afin qu’elles soient plus cohérentes?
La formation continue à faciliter
En éducation, la formation initiale n’est pas finale. Elle donne accès à la profession, mais elle ne suffit pas à garantir 35 années d’exercice basées sur une autonomie et des jugements professionnels. C’est à cet effet qu’il existe, comme dans les toutes les professions, des possibilités de formation continue.
La pratique professionnelle en éducation est constamment à améliorer et à parfaire. À une époque où les cohortes d’élèves se succèdent et ne se ressemblent pas, nous ne pouvons nous limiter à employer les mêmes approches pédagogiques au même moment, années après années. De nouvelles données probantes sont disponibles dès maintenant grâce à la recherche et elles doivent être intégrées dans les pratiques professionnelles.
À cet égard, je pose la question : comment faciliter la formation continue de tous professionnels de l’éducation?
Une expertise à partager et de laquelle s’inspirer
Comment peut-on permettre aux professionnels de l’éducation de rejoindre une immense communauté d’apprentissage, laquelle promeut des pratiques gagnantes de certains au bénéfice des autres? Il me semble incontournable, en 2018, de s’inspirer des pratiques d’autres professionnels au Québec, en Amérique du Nord et dans le reste du monde.
Non seulement les Finlandais, les Néo-Zélandais et les Coréens ont-ils de belles choses à nous apprendre, mais nous aussi nous avons des expertises à partager. Malheureusement, trop souvent, ces professionnels au potentiel de rayonnement bien de chez nous demeurent dans l’ombre, ou pire, doivent faire face à l’envie et la jalousie de leurs confrères.
La précarité enseignante à enrayer
Voici une dernière problématique à soulever qui est, à mon humble avis, une véritable honte. Comment peut-on expliquer que des enseignants doivent patienter plus d’une décennie avant d’obtenir un contrat d’embauche permanent? À la fin août, c’est la file; les enseignants à statut précaire se tassent dans un gymnase ou un auditorium pour « ramasser les miettes », les restants de tâche, et ce, quelques jours seulement avant la rentrée des élèves. Alors que 25 % des jeunes enseignants quittent la profession avant cinq années d’exercice, comment peut-on revoir les conditions d’embauche et de progression afin qu’ils puissent entrevoir l’avenir dans la profession de façon positive?
À un peu plus d’un mois des élections, il m’apparait important de débattre de ces enjeux qui sont souvent absents des préoccupations du grand public.
Et vous, quels enjeux aimeriez-vous soulever avec les candidats?