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Déploiement du numérique éducatif en France : le rôle du DAN

La 2e journée de la mission d’exploration sur le numérique en France à laquelle participe l’École branchée cette semaine a permis d’en savoir plus sur le rôle du délégué académique au numérique, le DAN.
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La 2e journée de la mission d’exploration sur le numérique en France à laquelle participe l’École branchée cette semaine a permis d’en savoir plus sur le rôle du délégué académique au numérique, le DAN.

L’académie, en France, correspondrait au Québec si elles existaient à un « super commission scolaire » dotée de pouvoir politique, mais aucun financier. Rappelons en effet que le secteur de l’éducation en France finance uniquement les ressources humaines liées à l’enseignement. Ce sont les collectivités qui sont responsables de tout le reste (bâtiment, équipement, service de garde, personnel complémentaire, entretien, etc.).

À la tête de chaque académie, on trouve un recteur qui dirige la politique éducative. Il s’entoure de conseillers principaux dans certains domaines, dont l’orientation, la formation continue, l’enseignement technique et le numérique. Ce dernier est appelé le DAN (délégué académique au numérique).

Lors de la deuxième journée de notre mission, nous avons pu nous entretenir avec le DAN de l’Académie de Poitiers, où nous nous trouvons, M. Dominique Quéré. À titre de référence, l’Académie de Poitiers compte plus de 4000 écoles primaires, 140 écoles secondaires (collèges) et une centaine de lycées (cégeps). Certains des établissements sont cependant tout petits.

M. Quéré explique que les services techniques de l’académie font partie de la direction du numérique et qu’ils doivent travailler avec les équipes pédagogiques. Bien que cela ait été difficile au début, il indique qu’après quelques années, on a remarqué que les pédagogues ont eu un discours plus technique, et que les informaticiens ont développé un discours plus pédagogique, ce qui est positif au final.

Nous lui avons demandé pourquoi l’équipement et les usages du numérique sont si différents d’un établissement à l’autre. Il nous a rappelé que c’est la mairie d’une ville ou d’un village qui décide de ce qui est installé dans les classes, autant au niveau matériel que logiciel. Dans certains milieux, cela va de soi, alors que dans d’autres, on ne ne comprend pas nécessairement les enjeux du numérique éducatif. Il faut parfois beaucoup de rendez-vous d’échange pour sensibiliser les élus autant que les habitants. Le rôle du DAN et son équipe peut parfois consister à expliquer que certains choix techniques sont plus pertinents que d’autres au niveau pédagogique afin d’influencer les décisions, mais ils ne peuvent pas recommander une marque en particulier. Et, au final, la mairie a le dernier mot.

Il n’est pas toujours simple pour l’Académie de convaincre les collectivités de l’intérêt du numérique. Parmi les objections les plus couramment rencontrées :

1- Les coûts (mesure : cofinancement de l’équipement, où chaque euro investi par la collectivité = 1 euro par le gouvernement, jusqu’à 7000 €).

2- Faiblesse de l’infrastructure (mesure : déploiement d’Internet par fibre en cours, installation de bornes wifi, etc.)

3- Compréhension des enjeux par certains partenaires (est-ce utile ou pas, trop de jeux, etc.)

De plus, il semble que le débat sur les effets des ondes wifi puisse contribuer à bloquer certains projets. D’ailleurs, la technologie li-fi (Internet par la lumière) est en plein développement.

Enfin, la quantité de temps d’écran à l’école est une préoccupation majeure pour de nombreux parents. L’un des arguments avancés par le DAN et son équipe pour rassurer les gens est de rappeler que ce temps d’écran est en fait le seul qui sera accompagné par des adultes formés pour l’éducation aux médias, contrairement à ce qui est vécu pendant le temps-écran à la maison. Cependant, sur le terrain, nous avons pu constater que cette préoccupation se retrouve même chez des enseignants identifiés comme innovants avec le numérique.

Le rôle du DAN peut aussi consister à convaincre la collectivité d’accepter des exceptions pour certains projets spécifiques. Par exemple, si une commune a choisi d’équiper son collège de tablettes Android, mais que l’enseignant de musique réalise que les intérêts de son cours seraient mieux servis par des iPad, il peut faire une demande spéciale en ce sens, appuyée par un plan bien construit démontrant la plus-value pédagogique. Le DAN peut agir comme facilitateur pour formaliser certaines demandes et influencer la volonté politique. Il possède d’ailleurs un bon poids auprès des élus puisqu’il représente le recteur, qui représente lui-même le ministre de l’Éducation nationale.

Pour sa part, M. Quéré croit fermement que ce n’est pas le numérique qui fait progresser l’élève, mais bien le changement qu’il entraine, qui est porteur de sens pour les élèves comme pour les chefs d’établissement.

 

Où sont les GAFAM?

Devant notre étonnement à retrouver très peu de traces des « GAFAM » (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) dans les classes, M. Quéré nous a expliqué qu’en France, la question de la protection des données des élèves est très stricte. Par exemple, les éditeurs de contenu numérique ne sont pas propriétaires d’aucune donnée. On oblige aussi une confidentialité absolue dans les ENT (espaces numériques de travail, équivalents des portails au Québec). Ceci favorise notamment la confiance des parents. Comme l’explique le DAN, « les GAFAM ne travaillent pas nécessairement dans le cadre de confiance (NDLR : on vous parlait du cadre de confiance hier) établi. Par exemple, il y a une inquiétude quant à la possibilité que les conditions d’utilisation changent. » Il admet qu’il y a tout de même une certaine ouverture et que certains enseignants les utilisent malgré tout.

 

 

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