par Julie Chandonnet, enseignante en 6e année du primaire
La nouvelle est arrivée par texto à l’heure de la récréation. Ma fille a reçu un test positif pour la COVID-19 (pour ceux qui s’inquiètent : presque pas de symptômes, elle va très bien). Je dois toutefois quitter ma classe le plus vite possible, sur l’heure du dîner, et ne pas y revenir pour les 14 prochains jours.
Entre vous et moi, ça me semble être le pire des scénarios. On se prépare depuis la rentrée à la possibilité que nos classes ferment, à ce que nos élèves soient à la maison et qu’on puisse garder l’accès à notre classe, à notre matériel afin de passer en enseignement en ligne. L’expérience de Myra m’avait même prouvé que c’était réalisable.
Mais rien ne m’avait préparée au contraire : mes élèves en classe, avec tout leur matériel, et moi, à la maison.
Comment assurer un minimum de stabilité devant la succession de suppléants?
On m’a confirmé assez vite que la stabilité ne serait pas au rendez-vous pour mon remplacement. Plusieurs personnes se succéderont auprès de mes élèves, parfois même 2 par jour. Et pour certaines journées, personne n’a encore été trouvé (salutations à mes collègues qui devront possiblement se relayer lors de leurs périodes libres…). La pénurie de suppléants frappe fort, je ne suis pas surprise.
Mais ce qui me préoccupe, c’est comment assurer un minimum de stabilité pour mes élèves?
Je fais quoi? Impensable de planifier des activités de consolidation, comme on le fait souvent lors de journées de suppléance. 10 jours, c’est trop : l’enseignement doit se poursuivre. Mais que faire en sachant que ceux qui seront avec mes élèves se relayeront sans cesse et que, dans certains cas, ils risquent d’être de bonne volonté, aptes à gérer un groupe, mais pas qualifiés pour enseigner? Je ne vois qu’une solution : passer en mode hybride!
Ma solution : le mode hybride
Pour les 10 prochains jours « ouvrables », mes élèves et moi vivrons un tout autre modèle de classe. Les périodes routinières, où les élèves sont autonomes (période d’étude, de lecture, plan de travail et autres périodes d’exercisation), seront laissées au suppléant sur place. Pour ma part, j’assurerai les périodes d’enseignement de nouveaux contenus et de lancement de projets en direct de ma salle à manger! Mon objectif : être présente « dans ma classe » une ou deux périodes par jour.
Pour y arriver, j’ai commencé par faire le bilan des forces en présence :
- Les médias sociaux : Instagram, Twitter et certains groupes Facebook regorgent de bons coups en lien avec l’enseignement à distance partagés par des enseignants. Pas besoin de tout refaire, de tout repenser. Je me promets aussi de redonner un peu en partageant mes bons coups aussi.
- Mes collègues : des alliés hors pairs pour tout ce qui sera gestion du matériel, photocopie, soutien aux suppléantes et partage des Chromebooks de l’école, car mes élèves devront y avoir accès plus souvent qu’à l’habitude.
- Les outils que mes élèves connaissent déjà et qui me permettront de rester en contact et de leur donner de la rétroaction sur leurs travaux. Flipgrid et Google Classroom seront nos outils privilégiés.
- En me connectant sur Meet avec mon ordinateur et ma tablette, je peux voir ce qui ce passe en classe et faire un partage d’écran. L’application Paper me servira de tableau blanc.
Alors, comment je vois les 10 prochains jours? Divertissants, il va sans dire! Le travail sera différent, mais c’est pas mal déjà notre quotidien depuis mars 2020. Je vais continuer à enseigner, à garder le lien avec les élèves, le tout sans masque, sans protection oculaire, sans temps de déplacement et, surtout, sans avoir à me faire de lunch! Comme quoi on peut trouver du positif dans toutes les situations!