Pour Stéphanie Rioux, l’enseignement est rempli de défis qu’elle adore relever. Enseignante à l’école Cardinal-Roy, elle ne perçoit aucune limite à l’innovation et l’intégration des technologies dans ses cours.
Instigatrice du groupe de partage Facebook Les maths autrement, elle parvient même à « contaminer » ses collègues et à insuffler un vent de changement dans son milieu. Si l’enthousiasme est contagieux, celui de Stéphanie Rioux semble être une véritable épidémie !
L’École branchée a eu l’opportunité de poser quelques questions à cette enseignante dynamique et adepte du changement éducatif :
PORTRAIT D’UNE ENSEIGNANTE PASSIONNÉE
École branchée : Qu’est-ce que vous aimez le plus dans votre métier d’enseignante?
Stéphanie Rioux : J’aime travailler avec les jeunes, j’aime voir leur satisfaction après avoir « buché » sur un problème, les voir persévérer malgré les difficultés et se faire de plus en plus confiance face aux mathématiques. J’aime voir leur réaction à l’égard des nouveautés que je leur propose. D’abord leur insécurité, puis leur plaisir, leur motivation et finalement leur engagement. J’aime intégrer les technologies dans mon enseignement, innover et relever des défis en me déstabilisant et en prenant des risques.
J’aime être à l’affût des nouveautés et apprendre à utiliser des nouveaux outils qui facilitent mon travail au quotidien et qui le rendent encore plus passionnant et stimulant. J’apprécie aussi partager mes expériences et contaminer mes collègues, en les accompagnant dans ce virage. J’aime les voir prendre des risques eux aussi, innover, varier tout en respectant leur rythme. Et puis les voir satisfaits de vivre ces changements. J’aime quand ils me questionnent et je sens que ça allume quelque chose en eux. J’aime quand ils me partagent ensuite leur expérience en classe et les réactions de leurs élèves.
École branchée : À votre avis, mathématiques, enseignement et technologies sont-ils compatibles?
Stéphanie Rioux : Totalement, les mathématiques sont une belle porte d’entrée pour l’usage du numérique. Il existe une multitude d’outils qui permettent de travailler divers champs des mathématiques comme la géométrie, l’arithmétique, l’algèbre, les probabilités, les statistiques, les fonctions, et ce, peu importe le niveau. Les ressources sont riches et variées. Elles permettent d’aller plus loin avec les mathématiques.
Mes outils préférés sont Desmos, Scratch, Netmath, Geogebra, Algobox, Sketchup. J’utilise aussi Google Classroom comme plateforme éducative, Classcraft pour la gestion de classe ainsi que des outils qui permettent de faire des quiz comme Kahoot et Google Form. Youtube me permet de faire de la classe inversée à des moment opportuns dans l’année.
Il faut savoir que pour moi, le papier et le crayon ont encore leur importance. Mais quand c’est possible, j’essaie de varier les activités, les approches et les outils et ainsi réserver des surprises à mes élèves tout au long de l’année.
MOTIVER SES ÉLÈVES AVEC LA PROGRAMMATION
École branchée : Comment parvenez-vous à intégrer la programmation dans vos cours de mathématiques?
Stéphanie Rioux : J’intègre la programmation dans mes cours de mathématiques depuis environ un an. Pour moi, c’est une façon de plus de faire des maths autrement. Mon souci est de me servir des contenus enseignés pour faire créer aux élèves des programmes qui appuient ces mêmes contenus. Ça leur permet à la fois d’apprendre les rudiments du code et de consolider leurs apprentissages dans leur cours de maths.
École branchée : Qu’est-ce que cela ajoute à vos enseignements?
Stéphanie Rioux : En programmant, les jeunes développent leur esprit logique, leurs compétences à résoudre des problèmes, leur capacité de séquencement, leur créativité, leur persévérance et leur autonomie. Ils apprennent à collaborer et à communiquer avec leurs pairs. Cela les amène à mieux comprendre le monde numérique qui les entoure. Ils se préparent aux métiers du 21e siècle et développent leurs compétences informatiques. Certains développent même une passion pour la programmation et viennent à considérer cette passion dans le choix d’une future profession.
École branchée : Remarquez-vous un impact sur la motivation des élèves?
Absolument. Même si la programmation peut les déstabiliser et faire un peu peur au début, ils finissent par y prendre goût. Pour certains c’est instantané, pour d’autres c’est progressif. Quand ils réussissent un programme, le sentiment de satisfaction est très grand et l’estime de soi est valorisé. Plusieurs en redemandent et veulent des défis plus importants.
PLACER L’INNOVATION ET LA COLLABORATION AU CŒUR DE LA PÉDAGOGIE
École branchée : Pourquoi est-il important d’innover dans l’enseignement des mathématiques?
Stéphanie Rioux : Pas seulement en mathématiques. La société évolue, nos jeunes y baignent. Le système d’éducation doit évoluer aussi pour s’arrimer avec la réalité qui les entoure. Il faut outiller ces jeunes pour le monde de demain. Un monde où la technologie sera de plus en plus présente et signifiante dans leurs vies. Il faut aussi leur apprendre à devenir de bons citoyens numériques et à faire un bon usage de ces outils.
École branchée : Vous êtes l’instigatrice de « Les maths autrement » sur Facebook, pouvez-vous nous en parler?
Stéphanie Rioux : Le groupe de partage Facebook est né lors d’un congrès du GRMS (groupe responsable des mathématiques au secondaire) à l’automne 2016. Nous étions quelques amis et collègues qui voulions partager les ateliers et outils coups de cœur découverts lors de ce congrès. Nous travaillons tous dans des écoles différentes et les échanges sur le groupe se sont poursuivis au-delà du congrès. Nous avons progressivement ajouté d’autres collègues. C’est alors que le nom Les maths autrement est apparu pour rendre le groupe plus large et inclusif. Les demandes d’adhésion se sont rapidement mises à affluer. Aujourd’hui, après un an d’activité, nous comptons près de 1000 membres de partout au Québec mais aussi d’ailleurs dans le monde.
Le but du groupe est de promouvoir le partage d’idées, de lectures, de réflexions, de questions, d’activités et de critiques constructives. Ce groupe a permis de « faire tomber les murs des écoles », une expression que j’affectionne particulièrement. Nous avons l’impression de travailler au sein d’une grande équipe, dont les membres ont la passion commune d’amener un vent nouveau dans les cours de mathématiques. Nous sommes maintenant trois administratrices dans le groupe : Annie Fillion, Mélanie Boucher et moi-même. Amies dans la vie, collègues au travail (dans des écoles parfois différentes, ça change d’une année à l’autre) et porteuses d’une vision commune de l’école québécoise. Une école où les technologies donnent une valeur ajoutée à notre enseignement des mathématiques.
École branchée : Parlez-nous un peu de collaboration éducative? Est-ce une nécessité au 21e siècle? Quels sont les outils que vous utilisez afin de pouvoir partager vos pratiques et découvrir celles de vos pairs?
Stéphanie Rioux : Pour moi, le partage, les échanges, la collaboration entre collègues, la participation aux réseaux d’apprentissages professionnels, c’est essentiel aujourd’hui pour s’ouvrir aux nouveautés, pour stimuler sa créativité, pour garder la flamme. Chaque enseignant a quelque chose à apporter à sa communauté, pourquoi ne pas le partager et ainsi inspirer les autres ? Les réseaux sociaux, les plateformes collaboratives sont remplies d’idées novatrices, pertinentes et d’échanges constructifs. Tout le monde y trouve son compte. Les enseignants en profitent et en bout de ligne, ce sont les élèves qui en tirent bénéfices. Twitter est une mine de ressources et de gens inspirants. Plusieurs groupes Facebook aussi ont cette vision de partage. Encore une fois, nous faisons ainsi « tomber les murs des écoles » et formons une grande communauté motivée à changer, à innover et à bonifier notre enseignement. Ça nous amène aussi à porter un regard critique sur notre pratique et à nous questionner sur les façons d’y donner une valeur ajoutée.