En septembre dernier, Marie-France Fortin a transformé l’enseignement et l’apprentissage dans sa classe de première secondaire. Dans le cadre d’un projet pilote, l’école Lucille-Teasdale de Blainville a prêté un iPad à chacun de ses élèves pour les aider dans leur motivation scolaire. Elle a témoigné de son expérience lors du récent colloque de l’AQUOPS.
Ne pas avoir peur du déséquilibre
« Ce n’est pas moi qu’on vient chercher quand il y a un pépin informatique, confie d’emblée l’enseignante en éducation spécialisée. Je ne connais pas tout. Ce sera un échange donnant-donnant ». C’est dans cet état d’esprit que Marie-France Fortin a appris à enseigner d’une autre façon. Puisqu’elle est la seule à entreprendre un tel projet dans son école, elle dit avoir dû faire preuve de courage.
Pourtant, l’image projetée est forte et c’est avec envie qu’on regarde ses élèves en renforcement utiliser leur tablette au quotidien. « Les élèves voulaient tous être dans ma classe, rigole-t-elle. Nous savions que leur motivation était fragile et nous voulions la maintenir.» Pouvaient-ils s’investir et s’engager? Il semble que l’expérimentation soit positive.
Adieu les « grandes idées de grandeur »
Comment intégrer la tablette dans la planification? Quelles sont les activités à privilégier? Quelles applications choisir? Tels ont été ses questionnements lors de la préparation de son projet. « On y va doucement, rassure-te-elle. Et on ne fait pas disparaître le papier et le crayon. »
L’enseignante de première secondaire a d’abord changé l’organisation de sa classe. Si ses élèves ont été longtemps placés en rang d’oignons, les îlots de quatre bureaux ont fait leur apparition cette année. Un contrat d’engagement a également été signé avec les parents pour prévenir les bris. Aussi, au lieu de payer les traditionnels frais reliés aux photocopies et à l’agenda scolaire, une carte iTunes de même qu’une liste d’applications ont été demandées.
«Pour les activités, je ne réinvente pas la roue, explique-t-elle. Je me demande comment je peux les penser pour utiliser le iPad ». Madame Fortin met ses élèves à contribution en leur proposant de devenir les spécialistes d’une application. Ils l’étudient pendant quelques jours puis l’expliquent en détail aux autres.
Les règles de la classe ont également été établies avec les élèves. Ils ont été invités à réfléchir sur ce qui pourrait déranger les autres. Ainsi, ils ont déterminé que le iPad peut être retiré pendant cinq jours si un des leurs flâne sur Facebook ou adopte un comportement jugé inopportun. « Pendant ce temps, cet élève travaille avec papier et crayon et est privé de sa tablette la fin de semaine », explique-t-elle. Aux dires de ses élèves, « il va comprendre le message! »
Se réseauter
Créer un réseau de contacts s’avère une stratégie gagnante. Que l’on connaisse ou non la populaire plateforme de microblogage, on s’accroche sur Twitter. « Je suis entrée en contact avec plein d’autres gens qui vivaient la même chose », précise-t-elle. Se laisser inspirer et aller voir les réalisations d’autres écoles sont au nombre des autres moyens pour garder le cap. « Je n’étais pas une pro, mais maintenant, j’en mange! »
Il semble que ses élèves font de même. « Quand ils se branchent sur Facetime pour faire leurs devoirs ensemble, c’est le bonheur! »
Demain, l’Infobourg publiera un texte sur quelques projets gagnants de la classe de Mme Fortin.
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