Par François Pichette, enseignant de mathématique, sciences & technologies à l’Académie Sainte-Marie (CSS des Premières-Seigneuries)
Au fil des années, j’ai pu remarquer à plusieurs reprises que le fait d’avoir une saine relation enseignant-élève était primordiale avec des jeunes du secondaire. En cette période où l’enseignement à distance fait partie du quotidien de plusieurs, quelques défis se posent au maintien de cette relation, mais il est possible d’entretenir le lien.
Le lien de confiance qui s’établit entre les élèves et leurs enseignants devient une des clés pour acquérir du respect et de l’attention de la part des jeunes. Au primaire et au secondaire, le lien avec l’élève doit être prioritaire et passer avant même la transmission du contenu.
Une fois le lien bien établi, l’enseignement du contenu devient beaucoup plus fluide et le rythme en classe s’accélère. La majorité des élèves respectent alors les consignes et, surtout, font bien les tâches demandées.
Comment développer le lien?
Pour ma part, je considère que le fait de m’intéresser et de participer au quotidien de mes élèves, à leurs buts, leurs intérêts et, surtout, être à l’écoute de leurs besoins, m’aide beaucoup dans ma gestion de classe.
C’est ma façon de gagner leur respect et du même coup leur confiance! En début d’année, l’instauration de la relation prend beaucoup plus de place que le contenu, mais au fil du temps, le contenu prend sa place naturellement. Je compare cela à un train qui part lentement de la gare, mais qui graduellement prend sa pleine vitesse et file sur les rails.
L’enseignant doit avoir l’attention du jeune, surtout en ce moment alors que nous nous retrouvons souvent en ligne avec eux.
Comment maintenir le lien à distance?
Et justement, la période actuelle n’est pas des plus faciles, ni pour les élèves ni pour les enseignants. Dans la région de Québec, cela fait maintenant plus d’un mois que tous les élèves (du secondaire, ceux du primaire étant retournés après 4 semaines) sont en enseignement à distance. Je sens un essoufflement de part et d’autre, mais il ne faut pas lâcher.
Je dois tenir compte de la situation pour adapter mes cours en conséquence. Je prends le temps de jaser avec mes élèves. Je varie les situations d’apprentissage, j’essaie de mettre les élèves en action le plus possible. Par exemple, j’ai organisé des laboratoires de science à distance, un rallye photo, j’ai créé des Google Formulaires et même des ateliers de cuisine dans les cours respectifs.
Je n’ai pas eu le choix de modifier mes attentes envers mes élèves. J’amasse le plus de traces possibles de leurs apprentissages en utilisant les outils technologiques à notre disposition. Je tente de me concentrer sur les essentiels qui ont été identifiés par le Ministère, et je me sers évidemment de mon jugement. Je vais adapter certains examens et demander des travaux à remettre en ligne.
Il faut se dire que chacun fait de son mieux. Par contre, je ne peux m’empêcher de remarquer que l’écart se creuse entre les élèves qui vont bien et ceux qui ont de la difficulté. Il y en a pour qui l’enseignement à distance n’a eu aucun effet sur leur motivation et leur réussite. Pour d’autres, c’est tout le contraire. Il y a des inégalités qui se créent et qui seront difficiles à surmonter. Et je rêve de pouvoir leur consacrer un peu plus de temps individuellement.
Selon ma vision de l’éducation, la tâche d’un enseignant, en plus de devoir présenter un contenu et suivre une progression des apprentissages, est surtout d’être un guide et un modèle pour nos jeunes. C’est d’autant plus vrai en ce moment.