Tenir compte de la science dans les approches éducatives, oui, mais d’abord s’assurer que cette science est véritable! Le Dr Steve Masson défait 6 mythes répandus en éducation, parfois très tenaces, dont celui qui propose d’adapter l’enseignement aux styles d’apprentissage pour favoriser la réussite des élèves.
L’École branchée assistait, le 5 novembre dernier, au Symposium « La persévérance scolaire – Ce que la neuroscience peut nous enseigner », organisé par l’Association canadienne d’éducation (ACE).
Chose certaine, la présentation qui a le plus fait jaser a été celle du Dr Steve Masson, professeur au département de didactique de l’UQÀM, qui a défait devant la centaine de participants les six « neuromythes » les plus répandus en éducation, dont certains sont très tenaces!
Six mythes sur le cerveau en éducation
Ainsi, tenez-vous le pour dit, malgré vos croyances si c’est le cas, aucune étude scientifique n’a jamais démontré que :
– il faudrait adapter l’enseignement aux styles d’apprentissage pour favoriser la réussite des élèves;
– certaines personnes utiliseraient plus l’hémisphère droit (côté « artistique ») ou gauche (côté « logique ») de leur cerveau;
– les exercices de coordination amélioreraient les connexions entre les deux hémisphères du cerveau;
– le cerveau des femmes et des hommes serait différent;
– on n’utiliserait que 10 % de notre cerveau;
– ne pas boire suffisamment d’eau réduirait la taille du cerveau.
Peut-être avez-vous le sourire en coin à la lecture de certains de ces mythes, mais il est intéressant d’apprendre que, selon des études internationales, 96 % des enseignants du monde entier croient au premier neuromythe énoncé, celui de l’importance de tenir compte des styles d’apprentissage pour favoriser la réussite des élèves. Ainsi, la différenciation pédagogique serait intéressante, mais non garante de succès scolaire. Oui, une personne peut avoir une préférence pour les méthodes visuelles, auditives ou kinesthésiques, mais elle n’apprendrait pas plus en les favorisant.
Quand à la prédominance d’un hémisphère du cerveau chez les individus, 80 % des enseignants y croiraient. Et 77 % croiraient à l’effet bénéfique de la pratique d’exercices de coordination pour améliorer les connexions entre les deux hémisphères du cerveau.
Répandre la bonne nouvelle avec prudence
Le Dr Masson recommande cependant la prudence dans la communication de ces informations aux collègues du milieu scolaire. En effet, rappelle-t-il, les gens qui ont le plus de connaissances sur le fonctionnement du cerveau seraient encore plus susceptibles de croire à ces mythes. Pourquoi? Parce qu’ils se document plus sur le sujet, mais que la majorité des sources d’information relève souvent de la psychologie populaire plutôt que de la science pure. Il recommande d’ailleurs de toujours puiser ses informations dans des revues réellement scientifiques. Rassurez-vous : L’École branchée a bien compris le message!
Mémoriser : plus facile quand on comprend ce qu’on mémorise!
Pendant la période de questions suivant la présentation, quelqu’un a demandé au chercheur d’élaborer sur la question de la mémorisation, qu’on semble parfois vouloir mettre de côté en mettant l’accent sur le développement des compétences et la pédagogie dite « active ». Le Dr Masson a alors précisé qu’effectivement, le fait de mémoriser quelque chose ne veut pas nécessairement dire qu’on ne l’a pas appris ou intégré aux structures du cerveau, mais il précise que plus on comprend ce qu’on mémorise, plus il sera facile de le réactiver par la suite.
Demain, nous vous présenterons un résumé des principes applicables en éducation qui sont réellement soutenus par la science, la seconde partie de la présentation du Dr Masson.