Elles viennent d’un peu partout au Québec, de Maria en Gaspésie jusqu’à Montréal, en passant par Saint-Georges de Beauce. Leurs élèves profitent du fait qu’elles sont accros à l’École en réseau (ÉER). Et heureusement, car en temps de confinement, c’est une vraie planche de salut.
Suite à notre dernier article, la direction de l’École en réseau nous avait mis sur la piste d’enseignantes du primaire très motivées par l’approche mise en place, avec qui j’ai pu m’entretenir.
En Gaspésie, je me suis glissé virtuellement dans un atelier donné par le Parc national de Miguasha sur les fossiles. Lise Cayouette supervisait le tout. Sur le tableau blanc de la plateforme VIA défilent différents types de fossiles avec les explications. L’animateur Olivier Matton projette également une petite vidéo montrant comment un lézard pourrait devenir fossilisé. Il pose une question : une ou deux réponses d’élèves arrivent rapidement dans la zone de clavardage. Si une main se levait de façon électronique, Madame Lise pourrait donner la parole à l’élève.
Depuis le confinement ou presque, deux fois par semaine, à raison d’une heure à chaque fois, Lise Cayouette donne rendez-vous en ligne à ses 21 élèves de 3e et 4e année. Elle m’assure que, jusqu’à maintenant, 19 de ses petits bouts de chou de l’école Saint-Donat à Maria sont constamment présents. Enseignante ressource au sein de l’ÉER – ce qui lui permet d’être libérée une fois par semaine par sa direction -, Mme Cayouette estime que « l’École en réseau a donné un second souffle à ma carrière. Maintenant, ça fait partie de mon quotidien. » Non seulement utilise-t-elle les projets des autres, mais elle en a aussi démarré quelques-uns. Pendant le confinement, elle fait aussi des rencontres individuelles. « Les élèves sont motivés. Il faut croire dans leur capacité. Ils ne viennent pas pour niaiser. » Ce qu’elle souhaite pour la rentrée de septembre? « Il faudrait que toutes les classes soient prêtes à utiliser un tel environnement. »
Enseigner à distance en duo, c’est aussi possible
À l’école des Deux-Rives, en Beauce, Sonia Quirion et Lyne Veilleux enseignent en duo à des élèves de 5e année. Ça fait longtemps que l’ÉER est dans leur vie. Pour diverses raisons, cette année, elles avaient décidé de faire une petite pause. Mais la COVID-19 est venue tout chambouler. « Quand le confinement a commencé, explique Sonia Quirion, on a utilisé différents moyens pour essayer d’entrer en contact avec nos élèves. Mais connaissant VIA [la plateforme de visioconférence préconisée par l’École en réseau], on savait qu’on voulait travailler avec ça! » C’est donc du co-enseignement à distance qu’elles font. « Tous les matins, on est branchés! » Pendant une heure. À elles deux, en temps normal, elles s’occupent de 50 élèves. Avec le confinement, en sachant que le ministère laisse les enfants libres d’assister ou de ne pas assister aux initiatives de leurs enseignantes, 76 % de ceux-ci sont présents. Ça veut dire que quatre élèves sur cinq profitent de projets, comme celui de l’art postal, en collaboration avec Culture pour tous.
Mais est-ce que ça veut dire aussi qu’il faut s’occuper de gérer près de 40 caméras? Pas vraiment. Après avoir été ensemble en début de période, les élèves travaillent par petits groupes de quatre. Chaque jour, l’une des enseignantes est responsable de présenter la matière, l’autre est là en soutien. Elles alternent ainsi tout au long de la semaine.
Les parents sont aussi dans le coup. Mmes Quirion et Veilleux ont pris soin de faire une réunion de parents avant de commencer l’utilisation de l’ÉER au quotidien. Plus d’une quarantaine de parents étaient branchés. Leur objectif de départ était de partir de la trousse du ministère de l’Éducation, de l’aménager au concept de l’ÉER et de libérer quelque peu les parents.
Lyne Veilleux est catégorique : « L’École en réseau amène les enfants à une plus grande ouverture. Avec la plateforme VIA, ils développent des compétences en informatique. » Et sa collègue d’ajouter que son utilisation pendant la période de confinement « va créer des besoins ».
Pas que pour les régions éloignées!
Manon Lebel en est à sa troisième semaine avec l’École en réseau. Elle est enseignante de 4e année à l’école Sainte-Claire de la CS de Montréal, dans le quartier Tétreaultville. Elle sait qu’au départ, le projet ÉER avait été conçu pour soutenir les petites écoles à la campagne. Mais selon elle, ses élèves qui sont en difficulté y trouvent aussi leur compte. Elle est donc au rendez-vous 30 minutes à tous les jours.
Selon l’enseignante, la participation à l’École en réseau ouvre des horizons à ses élèves. « Ceux qui sont les plus vulnérables ont besoin de plus d’aide. » L’ÉER permet ce soutien, tout en appuyant également les profs qui ont besoin d’assistance technique.
Manon Lebel travaille en tandem avec Marie-Pier Robitaille-Ouellet, enseignante-ressource s’occupant notamment d’orthopédagogie. La première a fait découvrir à la seconde l’univers de l’ÉER. « Même si ce n’est pas comme en présentiel, on peut plus garder un meilleur lien avec eux que juste avec des courriels. » Pendant que Manon s’occupe de sa dizaine d’élèves dans la salle principale, Marie-Pier fait du travail individuel avec l’élève qui en a le plus besoin cette journée-là. « C’est important de se familiariser avec de nouveaux outils pédagogiques. »
Selon Manon Lebel, la période de confinement accélère la prise de conscience pour un moyen d’apprentissage comme la visioconférence. Et puis, « c’est aussi enrichissant de le vivre à Montréal qu’ailleurs! »