D’après la thèse doctorale d’un étudiant suédois, 90 % des applications en ligne identifiées comme éducatives sont en fait simplement des exercices et des évaluations. Alors, quelles caractéristiques recherche pour favoriser l’apprentissage?
Dans le cadre de sa thèse doctorale intitulé « Quelles sont les caractéristiques d’un bon logiciel éducatif? », Björn Sjödénun, étudiant au département des sciences cognitives de l’Université Lund, en Suède, a voulu identifier et analyser les caractéristiques qui permettent aux logiciels éducatifs de constituer des outils d’apprentissage efficaces. Pour ce faire, il s’est entre autres appuyé sur les connaissances actuelles en sciences cognitives, en particulier celles relatives à l’apprentissage.
Ainsi, 100 applications identifiées comme éducatives ont été analysées par le chercheur. Selon ses critères d’analyse et d’évaluation, à peine la moitié d’entre elles ont pu effectivement être considérées comme des outils d’apprentissage. De ce nombre, seulement 17 fournissaient une forme de rétroaction aux apprenants. Sjödénun croit qu’environ 90 % des applications en ligne identifiées comme éducatives sont en fait simplement des exercices et des évaluations.
Quelles sont, selon Sjödénun, les caractéristiques essentielles des logiciels qui sont susceptibles d’en faire des logiciels éducatifs pertinents?
Une rétroaction
Premièrement : une rétroaction efficace et pertinente. Une application se voulant éducative devrait pouvoir permettre de commenter les réponses des apprenants, les guider et proposer, le cas échéant, des alternatives pour les amener à l’apprentissage visé. Tel que mentionné précédemment, Sjödénun est d’avis que plusieurs applications ne sont en fait que des examens en ligne.
Un apprentissage déterminé
Ensuite, viser un apprentissage bien déterminé. Il faut selon lui que les outils éducatifs ne visent pas seulement à évaluer, mais bien à faire apprendre. Pour le chercheur, un logiciel éducatif pertinent est celui qui amène un plus par rapport à un support ou à un enseignement existant. Il donne l’exemple d’une application qui peut simuler et représenter visuellement une explosion, ce que ne permet pas un livre de science.
Tâche complexe, interface simple
Il faut, toujours selon Sjödénun, éviter de confondre complexité technique et pertinence des apprentissages. À ses yeux, un logiciel peut être pertinent sur le plan pédagogique en demeurant très simple sur le plan technique. À l’inverse, une application ou une plateforme à la fine pointe de la technologie peut revêtir un potentiel éducatif très faible. Il préconise donc de miser sur les applications, logiciels et plateformes qui permettent de réaliser des tâches significatives et complexes.
Au terme de ses travaux, Sjödénun est d’avis que les logiciels réellement éducatifs revêtent un énorme potentiel pédagogique, à condition de répondre à certaines caractéristiques. Il appelle toutefois à l’utilisation et au développement réfléchis des applications éducatives. Car si des logiciels bien élaborés et répondant à des caractéristiques précises peuvent bonifier l’apprentissage, dans d’autres cas, comme lorsqu’ils demandent aux apprenants d’effectuer des tâches trop simples ou ne donnent pas de rétroaction significative, ils peuvent, selon lui, le diminuer.
On peut aussi consulter l’article « Les caractéristiques à chercher et celles à fuir pour trouver des TIC réellement pédagogiques », publié en mai dernier, qui relatait une autre étude visant à analyser les caractéristiques donnant à une application un réel impact pédagogique.