Par Audrey Miller, en collaboration avec Martine Rioux
La conférence de M. Cerisier visait à mettre la table pour un après-midi axé sur la e-parentalité. Une table ronde, que nous vous présentons dans cet autre article, a d’ailleurs suivi.
M. Cerisier a d’abord défini ce qu’est la parentalité, c’est-à-dire la relation entre un enfant et ses parents, les parents étant définis comme étant des personnes de la famille immédiate. Il a rappelé que le rôle parental comporte une double contrainte, soit celle de sécuriser les enfants tout en favorisant leur émancipation.
Cependant, l’omniprésence des technologies impose un nouveau niveau de complexité dans cette double contrainte. Plusieurs parents oscillent entre un manque d’investissement et un contrôle excessif. Bref, la gestion de la parentalité en ligne, aussi nommée e-parentalité, entraîne des enjeux d’équilibre au sein des familles, entre autonomie des jeunes et encadrement numérique.
Ainsi, être parent à l’ère du numérique devient un rôle multidimensionnel et structurant; elle concerne la parentalité au sein de la famille, la parentalité scolaire et celle non scolaire. M. Cerisier fait d’ailleurs une parenthèse à propos du terme « e-parentalité » pour rappeler qu’au final, on parle bien de parentalité à l’ère du numérique.
La relation école-famille
En se penchant sur la coéducation, M. Cerisier a mis en lumière des corrélations entre la relation école-famille et le succès scolaire des enfants. Certaines ont de quoi surprendre! Quelques exemples :
- Les familles sont plus impliquées dans le suivi scolaire des enfants performants (l’inverse est aussi vrai).
- Les enseignants qui se sentent compétents sont plus enclins à accueillir les parents dans leur classe.
- En revanche, les établissements scolaires plus grands semblent avoir une relation plus distante avec les familles, suggérant que la taille des structures influence la communication.
Dans une thèse à paraître, l’un des doctorants de M. Cerisier a trouvé que les relations école-famille, qui avaient positivement évolué grâce à l’intensification des communications pendant le confinement de la pandémie, sont revenus au même niveau qu’avant malgré les efforts soutenus. Ce constat est venu en suivant 27 établissements durant 3 ans. Le problème paraît donc être ailleurs. Pour M. Cerisier, ce retour à la situation initiale montre qu’une transformation durable des pratiques de coéducation nécessite une réflexion plus profonde. Il y aurait même, à son avis, un débat social à mener à ce sujet.
Institutionnaliser la relation école-famille?
Face aux défis et limites actuels, M. Cerisier propose d’étudier l’institutionnalisation des relations entre l’école et la famille. En l’absence de temps spécifiquement prévu pour les échanges avec les parents, l’école ne favorise pas naturellement la coéducation. Il souligne également que les enseignants, pour intégrer cette dynamique, auraient besoin d’une formation spécifique leur permettant d’accompagner et de recevoir les parents de manière proactive.
De plus, une cohérence entre les messages véhiculés à la maison et à l’école est essentielle pour l’enfant, qui doit rester au centre de cette relation. Selon lui, le numérique, bien que souvent perçu comme un facteur de déshumanisation, peut devenir un vecteur pour renforcer la coéducation, notamment en permettant des communications en continu.
Il a néanmoins rappelé qu’en France, la culture de la coéducation et du compromis reste à renforcer. Ce contexte socioculturel représente à la fois un défi et une opportunité pour adapter l’approche éducative dans un monde en transformation rapide.
L’École branchée remercie l’Agence du numérique éducatif (AdN) de la Wallonie et le Ministère des Relations internationales et de la francophonie du Québec, dans le cadre du 13e appel à projets Québec – Wallonie-Bruxelles, pour la biennie 2024-2026, pour avoir permis la participation à cet événement.