Des acteurs du milieu scolaire francophone au Canada expliquent comment leur expérience de travail a changé depuis le début de la pandémie. Le constat : partage, collaboration et bienveillance font une différence, autant à l’intérieur de l’école qu’à la maison.
Benoit Douillette, conseiller pédagogique au Conseil scolaire public du Grand Nord de l’Ontario (CSPGNO), Michel Gariépy, directeur du Centre francophone d’éducation à distance de l’Alberta, Amélie Bédard, professionnelle en inclusion scolaire au CSS des Premières-Seigneuries et Dominique Côté, orthopédagogue au CSS du Chemin-du-Roy, ont participé à une table ronde virtuelle animée par Nadia Rousseau, professeur à l’Université du Québec à Trois-Rivières, dans le cadre de l’événement « À distance, mais présent en enseignement au secondaire ».
Si la majorité des milieux scolaires ont été déstabilisés au début de la pandémie, la majorité a aussi su se réorganiser par la suite. Depuis la rentrée de septembre 2020, une nouvelle routine s’est installée, des pratiques gagnantes ont été identifiées. De nouveaux acquis ont aussi été réalisés et aucun des quatre panélistes ne souhaite un retour en arrière.
(…) aucun des quatre panélistes ne souhaite un retour en arrière.
L’orthopédagogue Dominique Côté reconnaît qu’elle a parfois dû faire preuve d’imagination pour garder le contact avec certains élèves au printemps 2020. Encore aujourd’hui, « souplesse et bienveillance sont les mots d’ordre, autant envers les élèves que leurs parents », dit-elle.
Cependant, elle se réjouit de la mise en place de nouvelles pratiques qui l’aident dans son travail. Auparavant, elle n’avait pas toujours accès aux travaux des élèves qu’elle accompagnait. Elle a désormais accès aux espaces Google Classroom de ceux-ci et peut suivre plus facilement leur évolution par matière. « Ce qui a été développé pour l’apprentissage à distance demeure disponible et utile pour la suite, même si nous sommes de retour à l’école », fait remarquer Mme Côté.
Le fait d’adopter des technologies communes dans les centres de services scolaires aura d’ailleurs permis d’uniformiser des pratiques et de permettre plus de collaboration et d’échanges entre les enseignants, les membres des équipes-écoles et même les parents. Ce point a été mentionné par les quatre panélistes.
Ainsi, au Conseil scolaire public du Grand Nord de l’Ontario (CSPGNO), par exemple, les équipes ont beaucoup misé sur le partage de ressources. Benoit Douillette explique que beaucoup de matériel pédagogique a été créé et mis à disposition des enseignants de partout dans la province, créant un mouvement de solidarité qui prend encore de l’ampleur actuellement.
Le bien-être de l’élève : partir de petites choses simples
Au-delà de l’aspect technologique, si la pandémie a permis une chose, c’est bien de replacer l’élève au centre de toutes les préoccupations scolaires : entretenir une relation enseignant-élève forte, adopter une posture sécurisante pour les élèves, créer des rituels d’arrivée et de départ, miser sur les rétroactions significatives, offrir un horaire stable avec des attentes claires, etc.
« Cela peut paraître simpliste comme affirmation, mais c’est bien ce qui se produit. Des enseignants me disent : Je savais que c’était important d’avoir une belle relation avec mes élèves, mais je ne réalisais pas à quel point c’était important pour eux », a indiqué Mme Bédard.
D’ailleurs, le besoin de maintenir un contact humain malgré la distance a été mentionné à quelques occasions au cours de la discussion. En Ontario, des salons virtuels ont été créés pour les enseignants qui travaillent à distance afin de recréer « la salle des profs ». En Alberta, un « salon étudiant », ouvert à tous les jeudis après-midi, permet aux élèves qui fréquentent l’école virtuelle à temps plein de socialiser et de discuter entre pairs. Depuis la rentrée de septembre 2020, avec ses quelque 600 élèves, l’école virtuelle des conseils scolaires francophones de l’Alberta est d’ailleurs la plus grosse école de cette province.
Pour que l’école virtuelle soit un succès, la présence des parents est identifiée comme déterminante par Michel Gariépy, directeur du Centre francophone d’éducation à distance de la Fédération des conseils scolaires francophones de l’Alberta. « Ce projet ne pourrait jamais vivre si nous n’avions pas la collaboration des parents. Nous avons besoin d’eux pour réussir le projet de l’école à distance. »
En terminant, les quatre panélistes se sont montrés optimistes pour l’avenir. Après les bouleversements de 2020, les milieux retombent sur leurs pattes et mettent en place de nouvelles façons de faire qui s’avèrent gagnantes.