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La classe flexible : pour répondre aux besoins psychologiques des élèves… et des enseignants

L’aménagement d’une salle de classe flexible, qui s’éloigne des traditionnels pupitres en rangée, peut devenir une stratégie intéressante de différenciation pédagogique. Avant de revoir la disposition des espaces de travail dans votre classe, une certaine réflexion s’impose. Mylène Leroux, professeure à l’Université du Québec en Outaouais, fait le tour de la question.

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L’aménagement d’une salle de classe flexible, qui s’éloigne des traditionnels pupitres en rangée, peut devenir une stratégie intéressante de différenciation pédagogique. Avant de revoir la disposition des espaces de travail dans votre classe, une certaine réflexion s’impose. Mylène Leroux, professeure à l’Université du Québec en Outaouais, fait le tour de la question.

« Aller de l’avant avec une classe flexible demande de repenser à la fois l’organisation spatiale et pédagogique de votre espace. Ce n’est pas juste une question de mobilier! Il faut que vous le fassiez pour répondre aux besoins de vos élèves et favoriser leur bien-être… ainsi que le vôtre », soutient Mme Leroux. Elle a offert une conférence sur le sujet lors du congrès 2023 de l’Institut des troubles d’apprentissage. Sa présentation est disponible en ligne. 

Par définition, une classe flexible contiendra généralement plusieurs « stations » de travail, aménagées de diverses façons : divans avec coussins, tables hautes avec tabouret, pouf, tapis confortable, chaise berçante, vélo pupitre, etc. Il est aussi bon de prévoir un espace de rassemblement en grand groupe dans la classe. Un espace à l’extérieur des murs de l’école peut aussi faire partie d’un aménagement flexible. 

L’idée est de prévoir une diversité de contextes de travail (individuels ou collaboratifs) pour les élèves et de leur laisser le choix du lieu qu’ils occupent en fonction des tâches à accomplir. « Ce n’est pas parce que c’est flexible qu’on laisse tomber l’ergonomie. Pour certaines tâches, il faut s’installer à un pupitre ou une table pour avoir un appui convenable, pour écrire par exemple. »

Cette « liberté » demande un accompagnement de la part de l’enseignante ou de l’enseignant. Certains élèves ont davantage besoin de structure pour bien fonctionner. Pour que les élèves puissent évaluer s’ils ont fait le bon choix d’emplacement, Mylène Leroux propose de leur faire répondre à trois questions : 

  • La place que tu as choisie te permet-elle de réaliser la tâche que tu as à faire? 
  • Qui est près de toi? 
  • Est-ce que tu es capable de te concentrer? 

Pourquoi la classe flexible?

Des études se sont penchées sur les retombées de l’aménagement flexible au fil des années. Nombre d’entre elles se sont attardées aux performances académiques des élèves. « Les résultats sont mitigés », reconnaît la professeure. Par contre, les retombées sur le bien-être, la capacité d’attention et l’autonomie des élèves s’avèrent prometteuses. 

C’est donc du côté de la réponse aux besoins psychologiques des élèves qu’il faudrait regarder pour mesurer l’impact de l’aménagement flexible d’une salle de classe. Parmi ceux-ci, on note : 

  • Autonomie (pouvoir faire des choix)
  • Compétence (présenter des défis en fonction des capacités des élèves)
  • Affiliation (avoir des interactions avec ses camarades)
  • Sécurité (se sentir bien dans son environnement)

En prime, on rejoint aussi le besoin de bouger et d’être actif.

Dans le cadre d’une recherche menée en 2019, Mme Lehoux s’est intéressée aux retombées possibles pour les élèves, mais aussi pour le personnel enseignant (les deux synthèses sont présentées ci-bas). 

Lors d’entretiens qu’elle a eus avec des enseignantes, celles-ci ont fait témoigner que l’aménagement flexible de leur classe avait contribué à leur propre bien-être et à leur satisfaction au travail. Certaines ont mentionné un plus grand sentiment d’efficacité professionnelle, le fait qu’elles peuvent s’approprier davantage leur environnement de travail, le moduler à leurs valeurs.

Concernant la gestion de classe, elles ont mentionné « ne pas avoir moins de gestion à faire, mais une gestion différente ». Elles ont par ailleurs dit avoir moins de comportements dérangeants à gérer.

Principes et conditions gagnantes

Quelques éléments clés pour guider la mise en place d’une classe flexible : 

  • Transformer sa classe graduellement (ajouter un coin flexible à sa classe pour certaines tâches, par exemple).
  • Prévoir un lieu de rassemblement pour les moments d’enseignement plus explicite en grand groupe.
  • Ne pas se limiter à l’environnement physique, il doit y avoir un arrimage avec la pédagogie (favoriser les interactions, le travail d’équipe, par atelier, avec un plan de travail ou avec un tableau de programmation).
  • Mettre en place des attentes claires (règles et routine stable) et les communiquer aux élèves (et même les engager dans la réflexion). 
  • Modéliser l’usage attendu du mobilier et du matériel.
  • Ne pas négliger la qualité du mobilier (qualité institutionnelle, éviter de faire le tour des vente-débarras).

Défis possibles

Quelques défis à ne pas sous-estimer : 

  • Certains élèves peuvent être plus distraits par cette façon de faire. Prévoir des isoloirs ou coquilles anti-bruit pour atténuer les distractions. 
  • Revoir l’organisation du matériel puisque les élèves n’ont plus leur pupitre à eux. Prévoir des casiers ou des bacs pour séparer du matériel et avoir du matériel partagé (ex. crayons)
  • Prévoir un budget pour renouveler des éléments.
  • Lorsque l’on partage un local avec des collègues, privilégier la collaboration et s’assurer que les règles d’utilisation soient claires pour les élèves. 

En complément : 

Un épisode du balado #MonDPcontinu

Maxime Pelchat discute avec France Legault des différentes dimensions de la pédagogie au cœur d’une classe en aménagement flexible.

https://open.spotify.com/episode/2ST1mp6WMWhKIRRuSoS47j?si=zn6h0Xh1TkmQrsbtItgq9Q

À propos de l'auteur

Martine Rioux
Martine Rioux
Martine Rioux est rédactrice et gestionnaire de projets d’éditions numériques. Au fil de ses expériences, elle a développé une solide expertise en lien avec la transformation numérique dans divers secteurs d’activités (éducation, culture, administration publique, etc.). Elle maîtrise les subtilités de l’univers numérique, ses enjeux, ses possibilités et sait les vulgariser en deux clics de souris. Elle est notamment rédactrice en chef des médias de l’École branchée. Son rêve : que chacun ait accès à la technologie et puisse l'utiliser comme outil d’apprentissage et d’ouverture sur le monde.

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