Rino Lévesque était directeur d’une école primaire où l’indice de pauvreté était à 8 sur 10, une école où les enseignants ne voulaient pas enseigner, où les suppléants ne voulaient pas suppléer. Imaginons l’état d’esprit des élèves! Comment la sauver? Il l’explique dans une conférence TEDx présentée à Québec en octobre dernier.
L’École des Cœurs-Vaillants, à Québec, est aujourd’hui un modèle pour bien d’autres. Pourtant, sa situation n’a pas toujours été aussi enviable. Décrochage, délinquance, tabagisme et drogues (oui oui, au primaire) étaient des problèmes quotidiens auxquels le personnel était confronté.
Pour sauver l’école, le directeur Rino Lévesque a invité les enseignants à oublier les conventions et à dessiner leur école de rêve, une école répondant à leurs besoins, à ceux de leurs élèves. « Il s’agissait de faire rêver les enseignants, toute la communauté en fait. Il fallait travailler ensemble pour y arriver », explique-t-il dans la conférence qu’il a prononcée à l’occasion de la soirée TEDx Québec 2014, dont on peut voir l’enregistrement vidéo sur cette page.
En collaboration avec les enseignants, ils ont donc développé le programme d’apprentissage « SAC-Entrepreneuriat ». SAC pour Sport et santé, Arts et Culture. Avec l’entrepreneuriat, ce sont les 4 piliers qui ont sauvé l’école. Petit à petit, des projets ont commencé à naître dans l’école, mettant en lumière les forces et les intérêts de chacun. Les enfants sont devenus souriants, les enseignants aussi. On leur a fait confiance, on les a laissés s’exprimer, ils ont appris à s’entreprendre.
On venait maintenant de partout pour visiter cette école autrefois évitée.
Que voyait-on concrètement dans cette école? Rino Lévesque donne des exemples : une classe de 1ère-2e année comprenait une maison d’édition, dans laquelle les élèves écrivaient eux-mêmes des histoires, les illustraient et en faisaient l’édition (incluant la 4e couverture avec photo et bio de l’auteur!); une enseignante a utilisé son talent de maître de chorale pour découvrir de petits talents. Dans une autre classe, devant la disparition des gommes à effacer et de bon nombre de crayons, une enseignante a plongé les jeunes dans une simulation de boutique de matériel scolaire, allant même jusqu’à faire réaliser une étude de marché à des élèves de 7 ans! Le but était de connaître les besoins, les ressources disponibles et de planifier les achats en conséquence. Ils ont ainsi travaillé les mathématiques de façon très poussée, sans même avoir l’impression « d’étudier ». Les jeunes ont finalement nommé leur activité « Bureau en petit »!
Un autre bel exemple raconté par M. Lévesque est cette journée récompense où les élèves avaient le droit d’apporter un jouet à l’école. Certains jeunes plus défavorisés n’en avaient pas. Tous ont donc décidé ensemble de « s’entreprendre » et ont créé de toutes pièces une joujouthèque. Ils ont appelé leur entreprise Le Coffre à jouets inc. et remporté un prix au Concours québécois en entrepreneuriat en 2006 (volet entrepreneuriat étudiant, catégorie primaire, 3e et 4e année, Capitale Nationale). Rien de moins!
Aujourd’hui, M. Lévesque s’emploie à faire connaître l’approche des Écoles communautaires entrepreneuriales consciences (ECEC) partout dans le monde par le biais de l’OIECEC (Organisation internationale des écoles communautaires entrepreneuriales conscientes), qui est soutenue par la Commission scolaire Marguerite-Bourgeoys. Plusieurs écoles de cette commission scolaire ont d’ailleurs adopté l’approche. L’OIECEC accompagne d’autres établissements qui souhaitent la mettre en branle dans leur milieu.
À noter : M. Rino Lévesque sera présent au Rendez-vous des écoles francophones en réseau (REFER), les 19 et 20 mars prochain.