Le fait de mieux comprendre le cerveau aide-t-il à mieux éduquer? C’est la question à laquelle tentent de répondre certains chercheurs, dont Steve Masson, professeur en neuroéducation à l’Université du Québec à Montréal.
La neuroéducation est une nouvelle science qui se veut une approche complémentaire aux recherches déjà existantes en éducation. Ce qui distingue les travaux de M. Masson est qu’il utilise l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) pour étudier les différentes parties du cerveau de l’apprenant.
Les recherches sur le cerveau permettent de mieux comprendre le lien entre celui-ci et l’apprentissage. Voici trois découvertes qui viennent ébranler plusieurs choses.
– Premièrement, apprendre modifie les connexions dans le cerveau.
– Deuxièmement, la structure et la configuration du cerveau influencent notre façon d’apprendre. Ceci veut dire que la façon dont le cerveau est configuré influence la capacité à faire de nouveaux apprentissages.
– Troisièmement, la façon d’enseigner influence les changements cérébraux qui découlent de l’apprentissage. Ceci veut donc dire que différentes méthodes d’enseignement peuvent créer des modifications différentes dans la structure même de l’organe. L’enseignant a donc beaucoup de pouvoir, puisqu’il peut influencer directement le développement du cerveau et, par le fait même, les futurs apprentissages.
Pour influencer positivement le développement du cerveau, il est important d’en comprendre le fonctionnement. Plusieurs idées reçues sur le fonctionnement du cerveau influencent en effet, et pas toujours positivement, notre façon d’enseigner. Voici 3 neuromythes, tous faux, qui ont influencé des courants importants en éducation. Ces 3 mythes proviennent de l’article Méfiez-vous des neuromythes! de la revue Vivre le primaire, publiée par l’Association québécoise des enseignantes et des enseignants du primaire.
1) On n’exploite que 10 % de notre cerveau.
Il semblerait que ce mythe soit très répandu chez les enseignants. Pourtant, des milliers de recherches ont démontré que toutes les parties du cerveau sont utilisées quotidiennement. Il est donc impossible de stimuler le cerveau dans l’espoir d’en augmenter le pourcentage d’utilisation.
2) Certains élèves utilisent plus le côté gauche ou le côté droit du cerveau.
Plusieurs personnes pensent que les élèves meilleurs en arts ont un hémisphère droit du cerveau plus dominant, ou l’inverse dans le cas des élèves ayant un esprit plus cartésien. Ceci est faux puisque les deux hémisphères du cerveau sont interconnectés et travaillent ensemble la grande majorité du temps.
3) Tout se joue avant 3 ans.
Le cerveau est plastique et flexible pendant toute la vie d’un être humain. Il est donc possible d’apprendre de nouvelles choses tout au long de sa vie, et ceci n’a rien à voir avec la forte croissance de connexions et de développement du cerveau pendant les 3 premières années de vie. Il est donc faux de penser que c’est à ce moment que l’enfant apprend de façon optimale et que ceci influence le reste de sa vie.
Ces 3 neuromythes ne sont que la pointe de l’iceberg puisqu’une panoplie de croyances ou de légendes pédagogiques influencent notre façon d’enseigner et, par le fait même, le développement de nos élèves.
La neuroéducation pourra-t-elle révéler les réponses à tous les problèmes d’apprentissage? Il est probablement encore trop tôt pour se prononcer sur le sujet. Par contre, cette nouvelle approche ouvre la porte à de belles possibilités.
Pour ceux qui veulent en savoir plus, voici quelques liens sur le sujet :
– Association pour la recherche en neuroéducation
– Les neuromythes constituent un obstacle au changement dans le domaine de l’éducation.
– Apprendre, un processus neuronal
– Comprendre le fonctionnement du cerveau pour mieux enseigner (vidéo)
– La neuroéducation au secours des enseignants (Émission Le code Chastenay)
– Normand Baillargeon s’attaque aux neuromythes de l’éducation (Le Devoir)
– Critique du livre Les légendes pédagogiques de Normand Baillargeon (par Mario Asselin)