En 2007, la Nouvelle-Zélande a complètement transformé son système éducatif. On y fait entièrement confiance aux écoles et aux enseignants. Cependant, si confiance rime avec flexibilité, elle rime aussi avec rigueur! (Dernière de 3 parties)
Un enseignant du nom de Richard Wells est venu présenter le système éducatif de son pays au iPad Summit de Boston, qui se déroulait du 13 au 15 novembre derniers. Selon lui, ce nouveau système est un rêve pour tous les enseignants qui ont le goût de préparer leurs élèves à la réalité du siècle actuel. Allons voir de plus près!
En Nouvelle-Zélande, on fait entièrement confiance aux écoles et aux enseignants. Cependant, si confiance rime avec flexibilité, elle rime aussi avec rigueur!
Chacune des plus de 2500 écoles du pays construit en toute autonomie son curriculum scolaire, en fonction de sa réalité et des 8 principes établis par le gouvernement (attentes élevées, les bases du traité de Waitangi, diversité culturelle, inclusion, apprendre à apprendre, engagement communautaire, cohérence et orientations futures). De ce fait, le curriculum spécifique d’une école en milieu rural est donc différent de celui d’une école en milieu urbain. De plus, la communauté (enseignants, parents, élèves) est généralement fortement impliquée.
Les enseignants : modèles actifs du changement
Les plus de 53 000 enseignants néo-zélandais forment leurs élèves avec une vision du 21e siècle, mais ils doivent d’abord et avant tout se positionner eux-mêmes comme des modèles actifs de ce changement.
En premier lieu, ils font tous partie du Teacher Council, un organisme gouvernemental professionnel et réglementaire. Cet organisme est notamment chargé d’évaluer les enseignants à tous les 3 ans.
Leur évaluation se fait sur leurs capacités à collaborer, à partager et à réfléchir, et non sur leurs performances, comme c’est le cas aux États-Unis. Ils doivent, dans ce cadre, présenter un plan de développement professionnel et un portfolio (blogue, vidéo, etc.). Le développement professionnel est hautement encouragé et les enseignants bénéficient même de congés pour organiser leurs idées au retour d’un colloque ou d’une formation. De plus, pour perpétuer le partage, les écoles se dirigent vers un accord national Creative Commons.
Pour l’intégration technologique, les enseignants ne sont pas laissés à eux-mêmes. Ils utilisent le modèle théorique SAMR et ont un coach pour chaque palier du modèle. Au départ, l’enseignant qui débute l’intégration des TIC travaille la substitution (stade 1) avec son coach de stade 1. Quand il se sent prêt à passer au deuxième niveau, celui de l’augmentation, il fait appel à un coach différent, et ainsi de suite.
L’évaluation des apprentissages : simple et concrète
L’évaluation des apprentissages des élèves en Nouvelle-Zélande se veut simple, concrète et clairement expliquée. Elle est centrée sur des objectifs de rendement échelonnés sur 8 niveaux, étalés sur les 13 années de scolarité, et ce pour chacun des 8 champs d’apprentissage.
Source : ministère de l’Éducation de la Nouvelle-Zélande
L’évaluation est basée sur des niveaux de réflexion, et non sur les contenus. Par exemple, en science niveau 3, l’élève doit, entre autres, être capable de faire une enquête pour comprendre comment la chaleur du Soleil, de la Terre et des activités humaines est distribuée sur la planète par la géosphère, l’hydrosphère et l’atmosphère. Pour être capable de réaliser cette tâche, l’élève doit avoir acquis les normes nationales et être capable d’organiser sa pensée pour mener cette enquête. Les élèves ne sont pas nécessairement classés par groupe d’âge, mais par niveau d’apprentissage. Par exemple, un enfant doué pourrait travailler avec des élèves plus vieux s’il a atteint plus rapidement un niveau plus élevé en mathématiques.
L’appropriation et l’évaluation d’un niveau peuvent s’étaler sur plusieurs années. D’ailleurs, il n’y a aucun examen ministériel. Ce sont les enseignants qui conçoivent les évaluations pour chaque niveau de réflexion, pour chaque champ d’apprentissage. Elles sont donc des plus variées et individualisées! Un projet d’une durée d’un mois peut servir d’évaluation finale et la production de l’élève pourrait être l’écriture d’un texte, la réalisation d’un court métrage ou même l’animation d’une conférence devant les parents. En fait, tous les élèves ne sont pas évalués en même temps, ni de la même façon. Ils participent même à établir la forme que prendra leur évaluation. Il n’y a aucune note chiffrée. Pour un niveau en particulier, un élève peut se voir attribuer la mention non atteint, atteint, mérite ou excellence.
Qu’en est-il de la qualité et de la rigueur dans tout ça? Toutes les évaluations de niveau créées par les enseignants sont soumises à un regroupement d’éducateurs dont le mandat est d’en valider la qualité. Les enseignants ne sont donc pas laissés à eux-mêmes : ce regroupement sert de guide et de modérateur.
En conclusion, le système éducatif de la Nouvelle-Zélande a confiance en ses enseignants et leur donne énormément de pouvoir et de flexibilité. En contrepartie, ceux-ci sont évalués et doivent démontrer qu’ils sont réflexifs, collaboratifs et qu’ils partagent leurs réalisations. Les évaluations qu’ils produisent sont soumises à une modération, puis font office de sanction des études, étant donné que le gouvernement ne fait aucun test standardisé.
Cette rigueur demandée aux enseignants est-elle en équilibre avec la liberté créative dont ils bénéficient? Richard Wells est d’avis que oui. Il sera intéressant de voir les résultats du pays lors du dépôt 2013 du rapport PISA de l’OCDE.
Un mini dossier en 3 parties :
1. Mardi : La Nouvelle-Zélande révolutionne son système d’éducation
2. Mercredi : Nouvelle-Zélande : un curriculum simple, qui permet l’autonomie de chaque école
3. Jeudi : Nouvelle-Zélande : un système éducatif dont les piliers sont les enseignants