Dans le cadre de la Semaine québécoise du trouble du développement du langage, l’Association Edteq a organisé une conférence intitulée « Le numérique en soutien aux élèves ayant des troubles d’apprentissage ». La conférence a été animée par Catherine Bazinet, co-fondatrice et directrice de création chez Aléo VR, un outil pédagogique destiné aux enfants présentant des troubles d’apprentissage, et par Marie-Philippe Goyer, orthopédagogue, conseillère pédagogique et fondatrice de Scol’aide.
Les deux conférencières ont commencé leur présentation par une mise en contexte de leurs travaux et des motifs qui les ont poussées à s’intéresser et à œuvrer pour la mise en place de techniques d’enseignement permettant aux élèves ayant des troubles d’apprentissage de réussir à l’école.
La réponse à l’intervention (RAI)
Marie-Philippe Goyer, riche de son expérience à l’Institut des troubles de l’apprentissage (ITA), a présenté le modèle de réponse à l’intervention (RAI) qui se dresse comme une pyramide à trois niveaux. L’objectif de la RAI est de prévenir les frustrations scolaires et les comportements difficiles, de sorte que tous les élèves puissent réussir. Il se décline comme suit :
- Palier 1 : Il est question des interventions universelles efficaces, communément appelées l’enseignement de base. Prenons pour exemple une classe de 25 élèves, l’enseignante pourra répondre aux besoins d’apprentissage de 80 % des élèves, à savoir 20 élèves sur 25.
- Palier 2 : Il est question d’ajouter une intervention supplémentaire exercée auprès des élèves qui « résistent » à cet apprentissage universel de base. L’intervention supplémentaire peut être réalisée soit par l’enseignante, soit par l’orthopédagogue, par exemple.
- Palier 3 : Ici, il n’est plus question d’intervention supplémentaire, mais plutôt d’une intervention intensive. À ce palier, les principaux concernés sont parfois les élèves présentant des troubles d’apprentissage ayant besoin d’une intervention individualisée.
Marie-Philippe Goyer souligne très justement que le numérique ne révolutionne pas l’apprentissage. C’est plutôt l’approche pédagogique que l’enseignant peut mettre en place en classe et qui a le potentiel de faire la différence. Le numérique devient un soutien à l’apprentissage.
La conception universelle de l’apprentissage (CUA)
Comme approche pédagogique permettant aux élèves présentant des troubles de l’apprentissage de réussir à l’école, les deux conférencières ont aussi présenté le modèle de conception universelle de l’apprentissage (CUA).
Celui-ci permet d’offrir à tous les individus, qu’ils aient des difficultés ou non, l’opportunité d’avoir accès à l’apprentissage. Les élèves apprennent différemment et bénéficient d’une variété d’activités d’enseignement-apprentissage, d’évaluations souples et d’outils pour les aider à organiser les nouvelles connaissances et habiletés. La CUA aide les élèves à devenir des apprenants indépendants et confiants (Ednet).
Pourquoi choisir la CUA? Ils pourraient être facile de croire que l’adaptation des activités pédagogiques peut représenter davantage de travail pour les enseignants. Or, avec la CUA, au lieu d’ajouter des adaptations et des accommodements pour chaque élève, il est question, en amont, de planifier et de prévoir une activité en considérant les besoins de tous les élèves. La CUA offre plusieurs moyens d’accéder à une même tâche et de démontrer sa compréhension. Pour Marie-Philippe Goyer, il s’agit de rendre les apprentissages visibles, mais de différentes façons et en offrant différents choix.
Voici quelques exemples de l’application de la CUA.
- Accéder à l’information de diverses manières : enregistrement audio des consignes de travail, enregistrement de la dictée qui peut ensuite faite au rythme de l’élève, utilisation de dictionnaires numériques pour éviter à l’apprenant de chercher un mot par ordre alphabétique.
- Permettre d’activer les connaissances antérieures : croquis-note numérique ou sur papier.
- Réduire la surcharge cognitive : utilisation d’outils d’accessibilité tels qu’une police d’écriture différente, l’agrandissement des espacements, la suppression des différents niveaux de bruits sur les vidéos, etc.
- Réduire le nombre d’informations à traiter en simultané : utilisation d’outils tels que Lexibar et WordQ.
Autres techniques
Catherine Bazinet a parlé de la multimodalité comme moyen de toucher tous les apprenants. Celle-ci consiste à amener différentes informations (audio, texte, vidéo, etc.) sur le même sujet en activant différentes zones du cerveau. Toutes ces activations de sens vont faciliter l’apprentissage.
Elle a également présenté le modèle de Viau. Celui-ci stipule que l’engagement de l’élève est influencé par les perceptions qu’il a de lui-même, de l’activité proposée et de son environnement. Il prend en compte la perception de compétence, de valeur et de contrôlabilité de l’apprenant. Il s’agit donc de faire en sorte que sa perception reste stable et ne diminue pas.
Il existe plusieurs moyens de motiver les jeunes et soutenir leur persévérance :
- Par la collaboration : la réussite à plusieurs aboutit à un sentiment de compétence qui augmente.
- Par la rétroaction : pour soutenir le sentiment de compétence de l’élève.
Même avec tous ces outils, certains élèves renoncent encore à l’intervention. Aléo VR vient apporter du soutien à travers ses jeux en réalité virtuelle basés sur les exercices utilisés en clinique orthopédagogique. L’entreprise propose un accroissement de l’implication et de la motivation du jeune par le biais d’exercices interactifs et immersifs pour stimuler un apprentissage ludique et motivant, un suivi en temps réel avec les intervenants concernés, des rapports détaillés pour suivre l’évolution des jeunes et faciliter la communication et un environnement personnalisé et adapté pour favoriser le développement scolaire. Bref, tout est mis en place pour permettre aux jeunes de réussir.