Par Rino Levesque, Idée éducation entrepreneuriale
Des Éducateurs de tous les continents ont souvent songé à une école de rêve où il est permis de s’épanouir professionnellement et de jouir intellectuellement du succès de leurs élèves. Pour les parents, c’est une école de leur quartier ou de leur village rendant leurs enfants heureux de venir y apprendre chaque jour. Une école où vivre du bonheur est chose acquise et attendue.
Un milieu de vie donnant l’impression d’être une véritable maison d’éducation [1]. Animée par une culture de collaboration « école-communauté », où « scolarisation » et « éducation globale » créent un équilibre favorable au plein épanouissement des jeunes. Apprendre davantage devient possible, car chaque rêve d’enfant est partagé avec l’ensemble de la classe. Il est important, car perçu et vécu comme étant l’affaire de toutes et de tous. Un nouveau profil de sortie, avec les véritables besoins de la présente époque, se développe en chaque jeune pour qu’il soit un citoyen conscient, épanoui et engagé.
Parmi d’autres caractéristiques de cette école, il y a l’expérimentation d’un milieu de vie sécuritaire. Celle aussi d’un environnement d’apprentissage humaniste et en harmonie porteur d’une culture de bienveillance, de générosité, d’empathie et d’engagement pour la réussite globale[2] de chaque jeune et à tous les âges. Inclusive, cette école perçoit toutes les différences humaines comme un avantage, une force, une richesse. Pour réussir son projet éducatif d’ensemble, et sachant qu’agir seule N’est PLUS la solution, son équipe-école œuvre en écosystème avec les parents et les partenaires de l’environnement scolaire. Ensemble, ils forgent une communauté éducative engagée pour que puisse s’y vivre, au bénéfice de toutes et tous, une expérience prolongée de bien-être et donc de bonheur.
Un premier regard
Le vrai défi au sein de nombreux milieux éducatifs serait-il, désormais, celui de parvenir à plus de « Bonheur à l’école »? La situation contraire peut être un frein important à l’apprentissage chez les jeunes et, même, faire dévier l’établissement d’enseignement de sa mission la plus fondamentale : accompagner chaque jeune vers sa réussite scolaire, éducative et globale[3]. Une idée loin d’être nouvelle en éducation. Nombreux sont les penseurs qui depuis le XVIe siècle jusqu’à nos jours, par exemple Érasme, Coménius, Pestalozzi, Bosco, Korczak, Neill et d’autres[4], évoquèrent les avantages d’une dimension affective voire d’un amour de l’enseignant, tel un père ou une mère, envers ses élèves. De l’enfance à l’âge adulte, les jeunes qui fréquentent nos écoles ont besoin de se sentir aimés, appréciés pour ce qu’ils sont et d’être valorisés sur une base régulière. Nous en sommes témoins sur une base régulière ici et dans le monde. Un plus grand engagement des jeunes envers leurs apprentissages est indissociable, du moins en partie, de l’affection (amour) éprouvée pour leur enseignant. C’est d’ailleurs cela qui fait dire à plusieurs d’entre eux « moi, j’aime mon prof » ou encore « moi, j’aime mon école [aller à l’école] ».
Réflexions, expérimentations, recherches
Les écrits, déjà vastes sur le sujet, issus d’universitaires, de chercheurs, de philosophes, de spiritualistes, de sociologues, de psychologues, d’enseignants et de l’univers journalistique exposent plusieurs types de bonheur[5][6]. Au-delà de ce constat, il demeure une préoccupation bien réelle et de plus en plus généralisée plaidant, en éducation, pour une vie scolaire plus harmonieuse humainement. L’équilibre peut être lié, entre autres, à un niveau suffisant de bienveillance dans un milieu-école. Or, parvenir à un plus grand bonheur collectif ressenti, sur une longue durée et à l’intérieur d’un tel environnement humain, n’est pas sans complexité. Se limiter à la manifestation seule de la « bienveillance » à l’école est insuffisant. Citons, pour fin d’exemples, d’autres pistes prometteuses déjà en expérimentation dont celles portant sur le climat scolaire, la méditation, la pleine conscience ou encore l’enseignement de l’empathie. On pourrait aussi souligner l’École communautaire entrepreneuriale consciente (ECEC) qui, au moyen de l’approche pédagogique en entrepreneuriat conscient et de son « facteur E3 »[7], de même que grâces à diverses stratégies de collaboration « école-famille-communauté », contribue à une éducation à la solidarité, à l’entraide et à la santé globale[8]. En soi, l’ECEC constitue un exemple écosystémique générant bienveillance et bien-être. D’autres approches ont vu le jour au cours des dernières années, c’est le cas notamment de la mise en pratique des neurosciences[9] en éducation. Un ensemble d’idées éducatives porteuses contribuant au bien-être des dimensions humaines (en l’occurrence celui des jeunes et divers adultes) constituant les organisations scolaires. Ce sont là plusieurs innovations expérimentées qui font l’objet d’études pour lesquelles les premiers résultats observés, déjà impressionnants et de plus en plus concluants, démontrent leurs impacts sur des réussites variées à diverses étapes du parcours scolaire du jeune.
De quoi parle-t-on plus précisément?
Nous pourrions résumer notre conception de « bonheur à l’école » à la notion d’un niveau satisfaisant de bien-être propre à l’environnement humain d’un établissement d’enseignement. Nécessairement, au bien-être qu’expérimente l’ensemble des éducateurs investis à l’épanouissement de leur milieu scolaire et, bien entendu, celui des jeunes. Indéniablement, l’idée du « bonheur à l’école » concerne la santé psychologique de tous ses participants pour un collectif humain développant une « équipe bien soudée » engagée envers sa mission éducative et envers les jeunes. Un engagement marqué par la générosité[10] du groupe, elle-même alimentée par de profondes convictions faisant agir, souvent avec forte détermination et courage, pour le mieux-être des uns et des autres : jeunes, collègues de travail, parents et partenaires. La générosité serait l’une des sources indispensables à la base d’un bonheur durable au cœur d’un milieu de vie. Beaucoup d’éducateurs en sont déjà porteurs. D’ailleurs, plusieurs d’entre eux ne perçoivent-ils pas leur profession d’enseignant comme leur mission de vie?
Pour lire la suite de cette chronique, c’est par ici.
[1] Levesque, R. (2013). L’École communautaire entrepreneuriale consciente : apprendre autrement et plus globalement. Dans G. Samson (dir.) Les retombées de l’entrepreneuriat éducatif. Du primaire à l’université Québec : Les Presses de l’Université du Québec, chapitre 6, 135-166.
[2] La réussite globale réfère pour nous à l’idée d’apprentissages réalisés à l’école, combinant ceux d’ordre scolaire, éducatif et en profondeur « deep learning » (voir travaux de Michael Fullan), lesquels permettront que soient plus facilement développés de nouveaux apprentissages tout au cours de sa vie. Une réussite globale participera plus efficacement à un épanouissement continuel et optimal de la personne.
[3] Magazine Savoir (juin 2016). Quelques définitions sur la réussite scolaire et la réussite éducative. Fédération des commissions scolaires du Québec. [En ligne].
[4] Vira, M. (2016). Dimension affective de la relation enseignant-élève avec les adolescents : revue des études longitudinales et perspective de l’attachement. Érudit 20, Revue de psychoéducation, 45(2), 405-430.
[6] Voir https://www.passeportsante.net/fr/psychologie/Fiche.aspx?doc=bonheur
[7] Levesque, R. (décembre 2019) Le Facteur E3 : où quand l’innovation pédagogique crée un plus grand bonheur à l’école. À paraître dans la revue Éducation Canada en décembre 2019.
[8] Levesque, R. (2016). Une culture de l’entrepreneuriat conscient pour tous? Revue Organisations & Territoires, 25(2), 56-58.
[9] Voir Knowledge One. L’éducation à travers le prisme des neurosciences.
[10] Jacq, F. (mars 2019). Le bonheur et la psychologie positive. [En ligne].