Rimouski – « L’informatique pour un enfant ayant un trouble d’apprentissage, c’est comme une paire de lunettes. » C’est ainsi que Brigitte Sirois, orthopédagogue à la Commission scolaire des Phares, explique aux jeunes, à leurs parents et à leurs enseignants, l’apport des aides technologiques aux élèves en trouble d’apprentissage.
Tout comme les personnes ayant une déficience visuelle ont besoin de lunettes, les personnes avec un trouble d’apprentissage ont besoin d’aides technologiques afin de compenser pour leurs difficultés. « C’est un outil permanent dont ils ont besoin pour répondre aux exigences de l’apprentissage, particulièrement en écriture », spécifie Mme Sirois. Ils peuvent aussi en avoir besoin en lecture et en compréhension de texte.
Mais, attention, prévient Mme Sirois, il ne faut pas confondre les troubles d’apprentissages avec les difficultés d’apprentissage. Une difficulté d’apprentissage est récupérable. Peu à peu, « l’élève va retrouver le contrôle complet de son apprentissage », explique-t-elle. Cette difficulté passagère peut être due à une maladie, un problème affectif, etc.
En revanche, un trouble d’apprentissage est permanent. « Le trouble neurologique va demeurer à vie, mais l’enfant va pouvoir améliorer son sort. Il a le même potentiel intellectuel que les autres. »
Grâce aux aides technologiques, l’élève aura plus de contrôle sur ses apprentissages. « L’élève voit sa progression lorsqu’il utilise les logiciels en continu », relate Mme Sirois. Ceci a un impact positif sur son estime personnelle et sur sa motivation. « J’ai vu des élèves passer d’une démotivation absolument apathique à une motivation vraiment plus importante », affirme l’orthopédagogue.
Sensibiliser l’élève, l’enseignant et le parent
Dans le cadre d’une intervention efficace, l’élève doit acquérir une conscience approfondie de son trouble d’apprentissage et des difficultés reliées. Pour ce faire, Brigitte Sirois invite l’élève dyslexique à écrire une lettre expliquant sa situation à son enseignant et à ses parents.
Les plus jeunes font une présentation PowerPoint devant leur classe. « Cela leur enlève toute la culpabilité de ne pas être comme les autres », constate-t-elle.
Les troubles d’apprentissage étant héréditaires, l’objectif est aussi de « déculpabiliser les parents ». « Les enfants et les parents sont familiers avec l’informatique, il reste à les éduquer pour qu’ils l’utilisent en fonction de leur problématique », propose Mme Sirois.
Par ailleurs, une meilleure compréhension des troubles d’apprentissage et des aides technologiques par les enseignants améliore l’encadrement pédagogique de l’élève. Cependant, Mme Sirois observe que certains enseignants acceptent difficilement l’utilisation d’aides technologiques lors des examens, malgré l’autorisation ministérielle, car ils perçoivent cela comme injuste pour les autres élèves.
À cet égard, elle répète sa comparaison avec un élève qui aurait un problème de la vue. « Est-ce qu’on va lui enlever sa paire de lunettes pendant une évaluation? », lance-t-elle.
Des outils spécifiques
Brigitte Sirois travaille auprès d’élèves du primaire et du préscolaire qui sont handicapés ou qui présentent des troubles d’apprentissage. Ces élèves sont intégrés dans les classes régulières de la Commission scolaire des Phares.
Mme Sirois utilise beaucoup le logiciel d’aide à la rédaction WordQ avec les élèves dyspraxiques, dyslexiques ou dysorthographiques. Ses deux fonctions principales sont la prédiction de mots et la synthèse vocale.
Le logiciel Inspiration permet aux élèves dyslexiques ou dysphasiques d’organiser visuellement leurs idées. Par exemple, l’élève va mettre un roman ou un texte en images afin d’en extraire l’information pertinente ou de se constituer un résumé.
Le correcteur Antidote est utile pour les élèves ayant une difficulté à s’orienter dans l’espace. Par exemple, un élève ayant de la difficulté à s’orienter dans un dictionnaire habituel effectue une recherche plus rapide et fonctionnelle avec le dictionnaire virtuel.
Le logiciel Audacity est une aide à la lecture pour élèves dyslexiques ou dysphasiques. L’élève enregistre sa voix lors d’une première lecture, puis se réécoute en augmentant la vitesse de lecture. Cette deuxième écoute lui permet de se concentrer sur la compréhension du texte au lieu de porter toute son attention au décodage des syllabes.
Par ailleurs, « la majorité des enfants avec un trouble d’apprentissage ont aussi un problème de motricité fine », rapporte Mme Sirois. Ainsi, taper au clavier devient « beaucoup moins énergivore » qu’écrire avec un crayon.
Par Elsa Iskander