En juin dernier, nous étions nombreux à proclamer qu’une année scolaire interminable s’était finalement terminée. Plusieurs de mes collègues enseignants ou à la direction prétendaient quitter pour les vacances estivales avec le sentiment du devoir accompli. En toute honnêteté, à ce moment, je ne partageais pas leur enthousiasme. Je trouvais que des possibles étaient demeurés sur la table au profit de l’urgence et de tâches connexes qui étaient devenues trop importantes.
J’aurais aimé amener mon équipe ailleurs, mettre en valeur ce que je sais faire de mieux, mais les besoins étaient alors tout autres. Bref, en juin, j’étais plutôt animé du sentiment du devoir inaccompli. Je voulais écrire ce texte et ainsi faire l’éloge… de l’inachevé.
Or, j’ai longuement hésité avant d’écrire ce texte et, avec un peu de recul, j’en viens à la conclusion que, contrairement à mes premières réactions, nous avons accompli de grandes choses dans nos écoles au cours de la dernière année scolaire.
Dans les faits, nous avons travaillé sur ce qui compte vraiment : l’éducation. Oui, je distingue l’éducation de ce sur quoi nous mettons trop souvent l’accent : l’instruction. Dans nos écoles, tout est mis de l’avant pour faire en sorte que nos élèves retiennent des savoirs et qu’ils développent des compétences disciplinaires. Dans cette perspective, l’instruction, c’est apprendre quelque chose de quelqu’un.
L’éducation, quant à elle, est beaucoup plus large : elle comprend le développement de l’enfant dans sa globalité, en mettant l’accent sur ce qui n’est pas nécessairement au programme et qui contribue à le faire grandir aussi.
Les compétences humaines et celles du 21e siècle
Ainsi, les compétences humaines et celles du 21e siècle ont été mises en valeur. Par exemple, les jeunes ont appris à collaborer encore plus étroitement qu’avant, et ce, dans des contextes différents. Parfois, il y avait la collaboration en classe, mais il fallait aussi tenir compte du fait qu’un camarade pouvait être absent ou que la classe pouvait être fermée.
Nous avons aussi développé la tolérance à l’ambiguïté chez les élèves (et chez chacun de nous, avouons-le!) en les aidant à accepter les situations qui nous sont imposées et ainsi accepter à vivre dans un monde en changement. Ces changements menacent certainement la fameuse routine, mais en même temps, ils sont porteurs d’opportunités.
D’ailleurs, ces opportunités ont propulsé le potentiel créatif de chacun de nous. Nous avons été nombreux à user de créativité pour mener divers projets à bien, à mobiliser élèves, parents et autres collègues pour qu’ils utilisent les ressources pédagonumériques comme levier d’innovation.
Les fameuses ressources pédagonumériques
À cet égard, il est difficile de passer sous silence à quel point les ressources pédagonumériques se sont imposées d’elles-mêmes comme outils incontournables dans la poursuite du parcours scolaire des élèves en temps de pandémie.
Le numérique aura, entre autres, servi d’outil de communication, d’enseignement, de rétroaction, d’évaluation, de collaboration. Il a servi à soutenir les élèves dans leur progression vers la réussite. Il a aussi fait naître de nouvelles collaborations entre les enseignants. Ces gestes d’entraide spontanés auront fait toute la différence pour donner confiance aux enseignants plus hésitants envers le numérique, pour leur permettre de transformer, à leur tour, leurs pratiques pédagogiques.
L’année qui a tout changé
L’année scolaire 2020-2021 passera à l’histoire comme ayant été l’année de la pandémie, l’année de la discontinuité, de la fracture entre qui nous étions en tant qu’éducateurs, ce qu’étaient nos établissements scolaires et ce que nous sommes appelés à devenir. Cela aura surtout été l’année de l’éducation humanisée, humanisante, celle plaçant durablement nos élèves au centre de nos préoccupations.
Ainsi, est-ce une année à oublier? Non. Nous avons appris beaucoup plus sur ce qui compte vraiment : les humains, leur vulnérabilité, leur résilience, leur flexibilité, leur capacité à s’adapter et leur solidarité. Je souhaite maintenant que l’on continue d’être une préoccupation constante dans nos milieux.