La twittérature, dans la classe d’Annie Côté, c’est l’histoire d’une enseignante qui voyait sans cesse ses élèves défier l’interdiction d’avoir un téléphone cellulaire à l’école et qui a accidentellement créé un projet pédagogique terriblement enthousiasmant.
« Puisqu’ils aimaient tant leur cellulaire, j’ai décidé que nous allions jouer avec ça. Je leur ai donc donné des devoirs à faire sur Twitter, à raison d’un par semaine pendant huit semaines. Le thème changeait chaque fois » a-t-elle expliqué dans le cadre du Colloque scientifique international sur les technologies de l’information et des communications en éducation, la semaine dernière. Et surprise! Ses élèves de cinquième secondaire étaient à ce point emballés qu’ils ont commencé à se donner des défis comme d’avoir une même lettre dans chaque mot ou, au contraire, d’éviter à tout prix une lettre ou encore s’imposer un mot à inclure dans leur devoir.
Chaque devoir devait faire 140 caractères, ni plus ni moins. Les adolescents ont été emballés par le défi. « Pour des jeunes qui ont de la difficulté, une plus petite tâche leur donnait l’impression que c’était plus facile. Ils se sont rendu compte qu’ils étaient capables, que c’était amusant et qu’ils s’amélioraient », mentionne Mme Côté. Elle a notamment remarqué des améliorations notables quant au vocabulaire, à la synonymie et à la syntaxe. Les jeunes ont aussi été motivés par les commentaires qu’ils recevaient à la suite de leurs « tweets ». Les internautes ont aussi été emballés par l’expérience si bien que l’enseignante a ensuite donné un devoir au public. Elle en a reçu pas moins de 200! La recette du succès? « L’aspect ludique du thème proposé est très important, il faut trouver quelque chose d’amusant qui déclenche le plaisir et la créativité », indique-t-elle.
Twittexte
L’enseignante, qui travaille de pair avec Jean-Yves Fréchette, de l’Institut de twittérature comparée, a néanmoins noté quelques irritants quant à l’utilisation de Twitter, notamment la rétroaction difficile et l’aspect public de l’outil. En effet, deux de ses élèves, un peu frileux quant à l’utilisation des médias sociaux, ont préféré lui envoyer leur devoir par courriel.
M. Fréchette et Mme Côté ont donc développé un logiciel « open source », Twittexte, qui permet de modifier la grosseur des boîtes de saisie, d’indiquer les commentaires de l’enseignant, de demander à l’élève de retravailler son texte et, lorsque tout est terminé, d’envoyer sur Twitter. On peut également mettre plusieurs boîtes de textes (pour l’introduction, les paragraphes du développement et la conclusion d’un texte par exemple) et le tout s’imprime sous forme de texte suivi malgré tout. L’enseignant peut aussi noter directement ou non.
Jusqu’à maintenant, les élèves semblent aimer la nouvelle plateforme. Mme Côté et M. Fréchette ont toutefois plusieurs idées d’amélioration en tête comme une version anglaise, la possibilité de publier sur un blogue, développer une application pour iPad ou Androïd, permettre les interactions entre les classes et les écoles ainsi que les productions collectives simultanées.
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