La technologie permet d’aider les enfants aux prises avec des troubles d’apprentissage à condition qu’ils soient bien adaptés à leurs besoins. L’Infobourg a discuté de cette question avec Jean Chouinard, conseiller pédagogique à la Commission scolaire de Montréal et personne ressource au Service national du RÉCIT en adaptation scolaire.
Y a-t-il encore des préjugés concernant l’utilisation d’une aide technologique par les enfants ayant des troubles d’apprentissage?
Certains enseignants estiment que ce n’est pas juste pour les autres élèves. Mais il ne faut pas confondre la justice avec l’égalité. Il faut penser davantage en terme d’équité; tout le monde n’est pas pareil. Je compare souvent l’aide technologique avec les lunettes : tout le monde n’a pas besoin de lunettes, mais elles sont indispensables pour ceux qui les portent. D’un autre côté, toutes les lunettes n’ont pas la même force et s’ajustent avec le temps. C’est la même chose pour l’aide technologique, elle doit être adaptée pour ceux qui en ont besoin, dans une logique d’équité.
À quel moment recommande-t-on une aide technologique?
L’aide technologique est la dernière étape d’un long processus. Quand un enseignant remarque un problème chez un élève, il fait appel à un spécialiste qui élabore des stratégies avec l’enfant. Si le problème persiste et que l’élève n’arrive pas à atteindre les exigences de la tâche, l’orthopédagogue émet l’hypothèse que l’aide technologique pourrait amener une valeur ajoutée. Par exemple, si un enfant a de la difficulté à décoder en lecture, donc à comprendre le texte, il peut utiliser la synthèse vocale pour contourner le problème et accéder au sens du texte.
Je fais souvent la distinction entre des outils intéressants, utiles ou indispensables pour l’élève. Par exemple, le logiciel d’aide à la rédaction Antidote est intéressant pour un élève fort en français qui y trouve des informations complémentaires, utile pour corriger les erreurs d’orthographe d’un élève moyen et indispensable pour un élève qui n’atteint pas les exigences de la tâche.
Quels sont les critères à considérer pour choisir une bonne aide technologique?
Il faut faire une triangulation entre le besoin de l’élève, la fonction d’aide et la valeur ajoutée. On ne recommande jamais des produits (correcteurs d’orthographe, logiciels de synthèse ou de reconnaissance vocale), mais plutôt des fonctions d’aide (aide en orthographe, à lire, à écrire). L’aide technologique est un moyen, pas une fin. Uniformiser les formes d’aide serait inefficace parce qu’il faut s’adapter aux besoins de chaque enfant.
Quels sont les rôles de la direction d’école et de l’enseignant?
La direction de l’école doit sensibiliser le personnel au principe de l’équité et s’assurer que l’enseignant applique le plan d’intervention de l’élève. L’enseignant doit autoriser l’élève à utiliser l’aide en classe et intervenir de façon pédagogique avec lui. L’enseignant n’a pas à maîtriser l’aide, mais doit la faire accepter dans sa classe.
Quel est le rôle des parents et de l’élève?
L’enfant et ses parents doivent reconnaître et accepter la problématique. L’enfant doit se responsabiliser. L’aide technologique n’est pas une solution miracle et les parents doivent travailler en partenariat avec l’école. Quand c’est possible, il est aussi intéressant de former les parents à l’utilisation de l’aide en même temps que l’élève.
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