Les jeunes manquent souvent de recul et d’espaces de parole pour exprimer leurs difficultés face aux cyberviolences. De leur côté, parents et enseignants, souvent démunis, manquent de temps et d’outils pour les accompagner efficacement. Ce sont les constats faits par Daniel Jasmin et un collectif d’associations réunis derrière le programme STOP Cyberviolences.
Celui-ci a été conçu de façon à engager à la fois les jeunes, leurs parents et le personnel enseignant dans une démarche connexe, toujours avec l’objectif de prévenir et réduire l’impact de la cyberintimidation. Ainsi, les trois publics ont accès à des activités développées spécifiquement pour eux et suivent donc le même programme en parallèle. « C’est une approche globale permettant de créer un cadre de référence commun, d’avoir un baromètre précis, d’augmenter les signalements et d’améliorer l’accompagnement des jeunes ciblés par les cyberviolences », explique Daniel Jasmin.
Il s’articule autour de quatre axes majeurs :
- Les problématiques en ligne : arnaques, contenus choquants, abus
- Mon comportement en ligne : temps d’écran, réputation en ligne, aider les autres
- Ma place dans le monde : groupes en ligne, cyberviolences, amitiés en ligne
- Les relations à l’autre : relations en ligne, stéréotypes, critères de beauté
Les diverses activités se déroulent en ligne de façon synchrone et asynchrone :
- Des modules de vidéos interactives de prévention, d’une durée de 30 à 45 minutes chacun, accessibles aux élèves du primaire et du secondaire via leur courriel.
- Des webinaires et des ateliers d’approfondissement pour les enseignants et les parents.
- Un espace de dialogue anonyme en dehors du temps scolaire, permettant aux jeunes de partager leurs expériences et d’être accompagnés (offert par des partenaires externes).
- Un service de signalement rapide, facilitant l’alerte des établissements scolaires et des services de soutien.
- Des groupes d’échange hebdomadaires encadrés par des psychologues, pour les jeunes victimes de cyberharcèlement.
- Un agent conversationnel pour accompagner les jeunes en ligne et soutenir le dialogue des parents et des enseignants. Cet outil d’intelligence artificielle aidera les jeunes à prendre du recul et à trouver des solutions face aux situations de cyberviolence. Il est en développement avec l’appui du collectif Data for Good et de l’Innovation Lab de l’Université Concordia.
Selon son concepteur, le programme STOP Cyberviolences répond aux attentes du Plan de prévention de la violence et de l’intimidation dans les écoles 2023-2028 du ministère de l’Éducation du Québec.
Un premier baromètre des cyberviolences
La particularité de ce programme repose sur sa dimension scientifique. En effet, trois laboratoires de recherche, en France et au Québec, sont impliqués dans l’analyse des données recueillies de façon anonyme à travers les activités réalisées par les jeunes au cours des ateliers. Il s’agit du Département de psychopédagogie et d’andragogie de la Faculté des sciences de l’éducation de l’université de Montréal, du Laboratoire EMA (Ecole, Mutation et Apprentissage) de CY Cergy Paris Université (France) et de l’unité Éducation, Cultures, Politiques de l’Université Lumière-Lyon-II (France).
La collecte de données permettra à terme de publier un premier baromètre des cyberviolences et pourrait aider à mieux comprendre le phénomène afin d’affiner les stratégies de prévention.
Concrètement, le baromètre permettra de :
- Fournir des indicateurs précis pour comprendre et mesurer les cyberviolences.
- Identifier les zones géographiques, les groupes et les situations les plus vulnérables.
- Aider les acteurs éducatifs et sociaux à mieux intervenir grâce à des outils accessibles et des connaissances actionnables.
Le projet est en cours de déploiement en France. Le programme a été diffusé à tous les établissements scolaires secondaires du pays et les pilotes démarreront sous peu. Plusieurs associations (École des Réseaux Sociaux, Génération Numérique, Le 30.18, Centres Relier) ont déjà apporté leur soutien au déploiement.
Au Québec, le programme est mené par l’organisme à but non lucratif STOP Cyberviolences en collaboration avec l’Institut Pacifique, les chercheurs de la faculté des sciences de l’éducation de l’Université de Montréal et suivi par le ministère de l’Éducation du Québec. Des étudiants de l’Innovation Lab de l’Université Concordia travaillent à l’adaptation des contenus et à l’élaboration de l’agent conversationnel, aussi avec la participation du collectif Data for Good.
Le projet recherche des centres de services scolaires, des établissements secondaires et primaires et des enseignants souhaitant participer à un projet pilote pour tester la version québécoise qui sera prête pour septembre 2025. Si vous souhaitez contribuer au programme, veuillez contacter daniel@stopcyberviolences.org.
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