Du 29 au 31 janvier dernier se tenait la 6e édition de l’événement Clair, voir l’éducation autrement. Voici quelques faits saillants de ce rendez-vous qui entretient, année après année, la flamme d’enseignants et autres acteurs du milieu scolaire francophone, particulièrement du Nouveau-Brunswick, du Québec, de l’Ontario et d’ailleurs.
Difficile de résumer la participation à un événement tel que Clair 2015. Difficile aussi de s’en tenir aux faits, tel que le commande la rédaction de nouvelles. C’est pourquoi je me permets de passer au « je ».
Je ne crois pas qu’il soit possible pour un participant de ne pas se sentir soulevé par la vague d’inspiration et d’engagement qui déferle tout au long de ces trois jours qui passent en un instant.
Ce n’est pas un rassemblement « d’extra-terrestres » aveuglés par les technologies et dépourvus de sens critique. C’est un rassemblement de passionnés qui permet de croire que tout est possible. Les gens qui témoignent là-bas ne sont pas que des théoriciens, ce sont des gens qui ont vu, qui ont vécu, et qui ont réussi, des gens qui prouvent que quand on veut, on peut. Des gens qui se sont débrouillés, qui se sont engagés. L’engagement ainsi que le développement professionnel étaient d’ailleurs des fils conducteurs de plusieurs des activités de l’édition 2015.
Le C@HM (Centre d’apprentissage du Haut-Madawaska), où se déroule l’événement, se situe en milieu défavorisé, minoritaire francophone qui plus est, au Nouveau-Brunswick. Pourtant, c’est l’une des écoles les plus « technos » qui soit. Les locaux débordent d’équipement – pas seulement informatique – à faire rêver. Le directeur, Roberto Gauvin, explique candidement qu’en arriver là ne s’est pas fait du jour au lendemain, et qu’il n’a pas attendu de sommes du gouvernement. La culture entrepreneuriale de l’établissement, à laquelle adhère tout le personnel, et la force de la communauté locale sont des facteurs de succès. « Pour en arriver là, on a fait d’innombrables demandes à différents programmes et organismes. On y croyait. » Dans les corridors, on confirmait : « Et on ne dit pas non à M. Gauvin! ».
L’équipe école a choisi de faire confiance aux élèves et ils peuvent apporter leurs appareils à l’école, le réseau est ouvert, et pourtant, on n’y voit personne en train de perdre son temps. Dans un coin, un casque de réalité virtuelle permet de se déplacer virtuellement dans un paysage. « Et quelle est l’intention pédagogique? » demande un visiteur, l’air de douter. Une autre enseignante voit immédiatement un prétexte pour un projet d’écriture, l’autre parle de Minecraft, etc.
Au centre de l’école se trouvait pour l’occasion la console de la radio des jeunes Acadiepedia. Très souvent dans la journée, les élèves empoignaient le micro et annonçaient la météo, le titre de la prochaine chanson, ou encore interviewaient un visiteur. Jeudi soir, le ministre de l’Education du Nouveau-Brunswick, M. Serge Rousselle, a fait une visite à l’école. En entrevue avec les jeunes, il a vulgarisé les tâches d’un ministre de l’éducation, a confié que c’était un rôle nouveau pour lui et qu’il aimerait bien en reparler avec eux dans 4 ans, puis a conclu que c’était son entretien le plus intéressant de la journée. À la question « quel message aimeriez-vous donner aux jeunes? », il a répondu de toujours donner le meilleur d’eux-mêmes et qu’ainsi, ils réussiront.
Au C@HM, tout semble pensé pour que les jeunes aient le goût de la réussite et de donner leur meilleur d’eux-mêmes : studio de musique, radio, atelier de fabrication de bijoux, appareils mobiles, studio de tournage, salle de théâtre… Le local dans lequel on trouve les livres, ce qu’on appelle la « bibliothèque » dans une école normale, s’appelle le Centre de recherche, d’innovation et de création (le CRIC). On y trouve, à côté des livres et des ordinateurs, des équipements de robotique, un coin TEDx, un établi bien garni, une imprimante 3D… Une enseignante nous confie : « Moi, je ne sais pas comment tout ça fonctionne. Ce sont mes élèves qui s’en servent! »
On apprend au fil de notre visite que le directeur et son personnel d’entretien ont construit de leurs mains plusieurs supports, bureaux, étagères, bref, qu’ils ont mis la main à la pâte dans l’intérêt des élèves. À côté, un enseignant d’une autre région se désole : « Chez nous, les profs commencent à 8h et finissent à 16h. Pas moyen de les impliquer dans rien. » Tout porte à croire qu’une participation à Clair leur ferait du bien!