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Opinion : Les grands-parents du 21e siècle: un actif sous-utilisé en éducation ou Les grands-parents : une perspective unique en éducation

Luc Gendron est un grand-père engagé. Il rêve que les grands-parents trouvent leur place dans les écoles afin de contribuer de différentes façons, notamment en lien avec l'usage du numérique. Dans ce texte, il propose la création du Réseau des grands-parents curieux et branchés en éducation du Québec.

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Par Luc Gendron, grand-père engagé 

Aujourd’hui, un grand-parent n’est pas uniquement utile pour compenser les agendas chargés de leurs enfants parents ou pour faire du bénévolat dans une école.  Un grand-parent n’est pas juste « cute » et sympathique.  

Les grands-parents de ma génération et dans mes contacts évoluent aujourd’hui en réseaux liés numériquement et mondialement par l’internet grâce à leur auto-apprentissage en continue. 

Un grand-parent est parent deux fois.  Après avoir vu grandir ses enfants, il a développé une certaine distance critique face à leurs parcours académiques et l’usage de la technologie en éducation.  Il est bien placé pour se concentrer sur l’essentiel et ne pas se laisser distraire par la « mécanique ».  Il fait une nette distinction entre réussite éducative et réussite scolaire. 

Des curieux; pas des gérants d’estrade

Les curieux/ses sont constamment à la recherche d’opportunités, de données, d’informations et d’expériences pour évoluer peu importe leur âge.  Ils/elles sont en mode de veille permanente sur des sources multiples et disposent  généralement d’une écoute à l’esprit ouvert. 

Une étude révèle même que la passion de l’explorateur est plus importante pour les 65 ans et plus. Dans une population vieillissante, instruite et en santé, l’écosystème d’éducation a tout intérêt à attirer et à intégrer ceux/celles qui sont restés(es) curieux(ses).

La curiosité est aussi une habileté que chaque enfant dispose naturellement à sa naissance et que le système d’éducation étouffe trop souvent (voir segment 8:43 à 10:20 de Ken Robinson: Changing education paradigms).  

Nous devons stimuler nos petits-enfants à se poser des questions engageantes pour développer leur capacité d’auto-apprentissage et de collaboration à trouver les réponses à des problèmes de plus en plus complexes.  Cette capacité leur sera précieuse bien après leur passage dans les écoles. 

Une gouvernance qui stimule l’intelligence collective; pas qui muselle.

Ceux et celles qui détiennent la vérité ont trop souvent le regard centré sur eux-mêmes, sur leurs carrières; non sur les autres.  Ils/elles ne disposent pas de l’écoute active essentielle à faire partie et à faire évoluer un réseau.

Il nous faut des représentants capables de poser des questions divergentes pour stimuler l’intelligence collective des leaders curieux au service des apprenants. Il est important de faire évoluer cette culture «où poser une question témoignait d’un manque de confiance envers les autorités bureaucratiques.» (Oui, il faut revoir les structures scolaires

Depuis 2018, je m’implique activement avec les parents leaders du comité de parents du Centre de services scolaires des Chênes. Je suis un observateur curieux de l’impact du changement de gouvernance en éducation.  Inspiré par la réflexion de Michel Clair, je souhaite «sur le plan de la gouvernance une approche qui fait davantage confiance à plus de personnes impliquées dans la gouvernance qu’à moins de personnes.» 

Par exemple, la démission de cinq membres du conseil d’administration en mars dernier est un symptôme d’un problème plus important qui mérite une analyse avec d’autres perspectives que seulement celles de l’intérieur de la «boîte».

Un réseau pour compléter le «village»

Imaginez 33 grands-parents curieux et branchés au service des écoles de chaque centre de services scolaires : 2 400 à l’échelle provinciale.  Imaginez-en un sur chaque conseil d’administration. 

Imaginez les stimuler et nourrir l’intelligence collective de l’écosystème d’éducation au Québec? Imaginez les contribuer à ce que tout le village pense et agisse en réseau; non en silos comme actuellement?

Inspiré par plus de 60 événements réalisés avec d’autres complices curieux au Québec autour de ces trois axes ÉCOUTER – COMPRENDRE – AGIR , je souhaite détecter, animer et catalyser des grands-parents curieux actuellement « invisibles » ayant une expertise, un talent ou un intérêt à exploiter le numérique au-delà des écrans.

Comme les grands-parents sont aussi souvent ceux qui assurent les liens dans une famille, l’intention est de commencer par les grands-parents curieux et branchés pour ensuite inviter tous/tes les curieux/ses souhaitant écouter, comprendre et agir en réseau: parents, dirigeants, enseignants, professionnels et apprenants.

Le projet a été demandé en 2019 par M. Jean-François Roberge. À ce jour, il n’a pas reçu de réponse favorable pour appuyer son démarrage. Le projet ne « fit » pas dans la « boîte ». Cela demande une grande curiosité que d’explorer au-delà des frontières d’habitudes et de structures actuelles.

Néanmoins, je continue de croire que des groupes de grands-parents pourraient émerger dans différents milieux pour, éventuellement, créer les fondations d’un tel réseau. « L’expertise de ces personnes doit pouvoir être mise en valeur dans le milieu scolaire. »

Témoignages de grands-parents curieux et branchés

Des grands-parents consultés voient une grande valeur à un tel réseau et souhaitent y contribuer.

« Je trouve ce projet fort stimulant et j’aimerais y participer car j’estime que de nos jours, avec la vie trépidante que vivent les parents et leurs enfants, les grands-parents ont un rôle accru auprès des petits-enfants et se trouvent en excellente position pour apporter leur contribution à leur éducation dans un sens large car ils ont plus de disponibilité et peuvent efficacement transmettre leur expérience et leurs valeurs de plusieurs façons. »

(pdg retraité d’une grande société)

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« L’ouverture à la connaissance est de plus en plus importante dans un environnement volatile, incertain, complexe et ambigu. Nous devons je crois passer de ce système éducatif un peu paternaliste à un nouveau mode d’apprentissage collectif distribué.  Nous devons préparer nos jeunes à apprendre des autres et aussi avec les autres. » 

(dg retraité d’un CIUSSS)

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« Je crois fermement que le savoir-être est plus important que les savoirs académiques pour réussir sa vie, réussir dans la vie. Les grands parents sont des témoins privilégiés que les connaissances acquises sont la plupart du temps sans valeur si nous ne savons pas les utiliser, les partager avec passion et l’intelligence du coeur pour le bien commun.

Je vous partage mon expérience personnelle au primaire qui a marqué ma vie entière.

Mon enseignante, Françoise, a placé ses 32 élèves deux par deux dans la classe. Elle les a placés d’une manière à ce que le plus faible soit assis à côté du plus fort. Lorsqu’elle enseignait une matière à tous, elle arrêtait après quelques minutes en demandant au plus fort d’aider l’autre à comprendre le bout de connaissance qu’elle venait de transmettre.

De plus, lors des tests de connaissances elle annonçait seulement la moyenne des 2 élèves. Alors, imaginez l’impact sur les 2 enfants. Ils apprenaient à travailler en équipe, à développer leurs relations, à prendre en compte des forces de l’autre, à accepter la différence, à être fier de réussir ensemble. 

Je crois que les grands parents peuvent enrichir l’éducation par leur savoir-être et leur savoir-faire en collaboration avec les enseignants et les éducateurs.

Ce projet permettra d’aider à construire une société plus équitable et inclusive par un travail collectif intergénérationnel et de permettre aux cheveux gris, d’être une source d’inspiration active dans le quotidien de nos enfants, notre futur. » 

(coach et conseils en gestion)

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« Je crois foncièrement que je peux être une ressource pour les plus jeunes avec toutes les expériences de vie en famille, au travail comme dans l’enseignement et le coaching d’équipe de sport. Donner au suivant et fournir une écoute aurait été une des choses que j’aurais vraiment aimé recevoir plus jeune.

Je crois que c’est devenu essentiel de partager les connaissances et ce sens de la curiosité, ce qui ne peut pas être fait électroniquement, ça prend des émotions. Ma plus grande satisfaction c’est de voir comment les jeunes s’abreuvent et s’inspirent des gens passionnés et curieux. Il n’y a pas d’âge pour l’apprentissage si les communications sont claires. Toutes les parties peuvent apprendre davantage et devenir des meilleures personnes aux plans moral, social et personnel. » 

(expert en logistique internationale)

Suis-je le seul?

En connaissez-vous des grands-parents curieux et branchés en mode écoute active dans votre famille, votre école ou votre communauté intéressés/es à explorer pourquoi, si et comment contribuer à la culture et à l’intelligence collective de leur école et du Québec? Connaissez-vous des directions de centres de services scolaires et d’écoles curieuses de développer un écosystème d’éducation adapté au 21e siècle avec tous les gens du « village »?

Si oui, partagez-leur ce court sondage. Je pourrai intercepter ces curieux/ses et évaluer l’intérêt d’organiser une rencontre régionale ou provinciale pour déterminer ensemble la pertinence de démarrer un tel réseau de co apprentissage stimulant.

« J’ai pu trouver ce que je cherchais, parce que je suis monté sur les épaules de la génération qui m’avait précédé ». Isaac Newton

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