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Yves Reuter, didacticien réputé et professeur à l’Université de Lille 3, présente sa vision des nouvelles approches pédagogiques en contexte scolaire.
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Le dimanche 26 novembre 2017 à la Villa Arson de l’Université de Nice Sophia Antipolis, Yves Reuter, didacticien réputé et professeur à l’Université de Lille 3, a présenté sa vision des nouvelles approches pédagogiques en contexte scolaire.

Pourquoi changer d’approche pédagogique?

Pour Reuter, l’école doit « construire des passerelles et non des fossés ». Il dénonce les
cloisons qui existent entre les matières, entre les enseignants, avec les parents, etc. Il parle de l’école comme étant un milieu inclusif dans tous les sens du terme.

Également, il dénonce le fait que l’école passe son temps à répondre aux questions que les
élèves ne se posent pas, tout en négligeant de répondre à celles qu’ils se posent!

Enfin, la vie à l’école doit être une vraie vie et non une succession d’activités décontextualisées au quotidien. En effet, il faut cesser d’être en mode « simulation » dans les problématiques qui sont abordées. Les jeunes d’aujourd’hui doivent souvent s’extraire du réel pour se placer dans une posture académique qui détonne de leur monde réel.

Se questionnant sur ce qu’il appelle « les nouvelles pédagogies », Reuter soutient qu’il y
a essentiellement trois raisons pour lesquelles les enseignants choisissent de tourner le
dos aux approches classiques ou traditionnelles de l’enseignement :

    1. Des raisons personnelles pour lesquelles les principes des enseignants changent. À la suite d’une pratique réflexive et d’une remise en question, ces derniers réalisent fréquemment qu’avec les mêmes approches, ils se retrouvent confrontés aux mêmes problèmes, bien souvent au même moment, et ce année après année.
    2. L’enseignement traditionnel s’adapte mal aux nouvelles réalités de la classe d’aujourd’hui. Cette dernière n’est plus homogène et les rapports scolaires ont grandement changé. D’ailleurs, les effets positifs de l’enseignement traditionnel semblent s’amenuiser pour laisser place à l’ennui, au décrochage scolaire, aux pertes de temps et au simple présentéisme de l’élève.
    3. L’intérêt des pratiques alternatives plus centrées sur les besoins de l’élève semblent être mieux vécues par les principaux intéressés, en l’occurrence les apprenants.

Pourquoi les nouvelles approches pourraient fonctionner ?

Sceptique dans l’âme et se refusant à toute promotion ou fanatisme en soutien à une
approche ou une autre, Reuter pose néanmoins des jalons explicatifs exprimant les raisons pour lesquelles les nouvelles pédagogies, qu’il appelle aussi « pédagogies actives » ou
« pédagogies alternatives » pourraient potentiellement fonctionner dans les classes des
enseignants qui les adoptent :

  • Tout élève est fondamentalement capable d’apprendre, en autant que le milieu pédagogique offre des conditions favorables à cet apprentissage;
  • On diminue le nombre de règles de vie restrictives imposées aux élèves (ce qu’il dénonce au passage) comme l’interdiction de boire, d’aller aux toilettes, d’échanger entre eux, etc.;
  • Des enseignants exigeants envers les élèves encouragerait les élèves à être exigeants envers eux-mêmes aussi;
  • On y retrouve souvent l’implantation de stratégies de réflexivité et métacognitives;
  • Le rôle des parents est souvent reconnu et valorisé;
  • Il y a place à l’erreur. La classe devient un milieu sécuritaire pour l’apprentissage, exempt d’humiliation et d’intimidation en lien avec les difficultés rencontrées en cours d’apprentissage. On y respecte les rythmes d’apprentissage.

Pourquoi les nouvelles approches pourraient ne pas fonctionner ?

Reuter cite une série d’éléments qui pourraient faire en sorte que les nouvelles approches pédagogiques ne fonctionnent pas :

  • La dimension politique est prédominante en éducation, et nos gouvernements ont le pouvoir d’imposer des politiques ou des réformes qui pourraient miner les initiatives;
  • Elles font souvent l’objet d’un traitement médiatique décontextualisé et incohérent par rapport aux pratiques qui ont réellement cours sur le terrain;
  • Elles peuvent faire l’objet de résistances syndicales, car elles vont parfois à l’encontre des droits acquis;
  • Contenus disciplinaires sont parfois bradés au profit des compétences transversales;
  • La culture organisationnelle peut agir en tant que frein à leur implantation;
  • Les parents sont parfois mal informés et peuvent être intrusifs s’ils ne comprennent pas bien ce qui se passe en classe. Reuter souligne l’importance de bien informer les parents de la démarche scolaire.

En conclusion, Reuter met l’accent sur sa posture de chercheur dans son analyse qu’il tente de rendre objective. Il énonce donc des éléments en soutien à ces nouvelles approches pédagogiques tout en demeurant lucide et capable d’identifier ce qui risque d’achopper.

 

Cet article fait partie d’une série publiée par notre auteur et collaborateur Marc-André Girard, dans le cadre de sa participation au Laboratoire d’innovation et du numérique en éducation (LINE) à l’Université de Nice Sophia Antipolis.

Vous pouvez lire l’ensemble des articles de cette série ici.

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