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Non, les aides technologiques ne sont pas de la triche

Notre collaborateur propose une réflexion sur le rôle essentiel du numérique afin de répondre aux besoins des élèves en difficulté. Plutôt qu’une béquille ou un moyen de tricher, il est important selon moi de les voir pour ce qu’ils sont réellement : des outils qui permettent de réduire les obstacles à l’apprentissage.

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Par Louis-Philippe Lachance Demers, doctorant en éducation à l’Université du Québec à Montréal et auteur de la page Instagram Demande de service

Je propose ici une réflexion sur le rôle essentiel du numérique afin de répondre aux besoins des élèves en difficulté. Plutôt qu’une béquille ou un moyen de tricher, il est important selon moi de les voir pour ce qu’ils sont réellement : des outils qui permettent de réduire les obstacles à l’apprentissage.

Ayant été orthopédagogue dans une autre vie, j’ai malheureusement souvent entendu des enseignants émettre des réserves envers les aides technologiques pour les élèves ayant un trouble d’apprentissage. Pour ces personnes, il semblait difficile de réconcilier le fait que leur élève auparavant en échec était maintenant bien plus en mesure de répondre aux attentes. Leur conclusion était que des logiciels comme WordQ effectuaient le travail à la place de l’élève. Les aides technologiques étaient donc « de la triche » et injustes pour les autres élèves. Si vous le voulez bien, nous allons déconstruire ce mythe ensemble.

La difficulté scolaire, c’est aussi une question d’environnement

On présente souvent la difficulté scolaire comme étant une caractéristique de l’élève. Celui-ci se voit attribuer une étiquette, souvent à la suite d’un diagnostic, qui résume l’essentiel de sa situation. Par exemple, l’élève dyslexique est un élève qui éprouve des difficultés significatives à effectuer des tâches liées à la lecture. Cette vision a comme effet de minimiser le rôle des facteurs de l’environnement de l’élève qui pourraient contribuer à ses difficultés (Lavoie et al., 2013). Parmi ces facteurs, on retrouve par exemple la structure et le climat de la classe, le lien avec l’enseignant et le type de tâches proposées. Les travaux récents sur le handicap nous informent qu’il est le résultat de l’interaction entre les caractéristiques personnelles de l’individu et les caractéristiques de son environnement (Fougeyrollas, 2010 ; RIPPH, 2022). Dans le cas où les facteurs environnementaux seraient suffisants pour compenser aux difficultés de l’individu, la personne ne serait donc pas en situation de handicap.

Réduire les obstacles à l’apprentissage

Reprenons notre exemple d’un élève dyslexique. Ses caractéristiques personnelles limitent généralement sa capacité à lire un texte sur le plan mécanique (décodage ou reconnaissance globale). Cependant, plusieurs de ces élèves ont aussi d’excellentes habiletés de compréhension de lecture qu’ils ne peuvent pas démontrer puisque leur accès au sens du texte est limité en raison de leur dyslexie. Dans ce contexte, l’emploi des aides technologiques vient agir comme facilitateur dans l’environnement de l’élève et lui permet de compenser à ses difficultés. Un logiciel comme WordQ ne répond pas aux questions pour l’élève, il ne fait que lire les extraits sélectionnés. L’élève doit quand même mobiliser les mêmes stratégies de repérage et de traitement de l’information que ses pairs. Dans le cas où un élève obtient des résultats significativement plus élevés après le début des aides technologiques, c’est donc que l’obstacle à la réalisation de son plein potentiel vient d’être levé et non pas « de la triche ».

Le numérique occupe sans contredit une place de plus en plus grande dans le contexte éducatif. S’il est vrai qu’il permet de faciliter plusieurs tâches autrefois complexes, cela ne signifie pas pour autant que son emploi représente un nivellement vers le bas. Les aides technologiques représentent une avancée significative dans notre réponse à la difficulté scolaire. Rien ne nous empêche cependant d’en limiter l’usage aux élèves en difficulté : en dehors des contextes d’évaluation, pourquoi ne pas explorer les bénéfices du numérique avec l’ensemble de nos élèves ?

Pour en savoir plus sur les facteurs environnementaux et le handicap : Site du RIPPH

Références :

Fougeyrollas, P. (2010). La funambule, le fil et la toile : Transformations réciproques du sens du handicap. Les Presses de l’Université Laval.

Lavoie, G., Thomazet, S., Feuilladieu, S., Pelgrims, G. et Ebersold, S. (2013). Construction sociale de la désignation des élèves à « besoins éducatifs particuliers » : incidences sur leur scolarisation et sur la formation des enseignants. Alter, 7(2), p. 93-101. https://doi.org/10.1016/j.alter.2013.01.001

Réseau international sur le processus de production du handicap. (2022). Le modèle. https://ripph.qc.ca/modele-mdh-pph/le-modele/

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