Ce dossier vise à contextualiser, dans le cadre de la collection de guides SCOOP! de l’École branchée, différents leviers de l’engagement des élèves généralement identifiés par la recherche. Il permettra aux établissements abonnés de mieux tirer parti des idées d’activités proposées pour développer l’engagement, un puissant facteur de persévérance scolaire.
L’engagement scolaire d’un élève – c’est-à-dire sa participation active et son investissement dans les activités d’apprentissage – est un facteur déterminant de sa réussite. Plusieurs recherches (dont celle-ci, celle-ci et celle-ci) montrent en effet que dès le début du parcours scolaire, le niveau d’engagement d’un enfant est l’un des principaux indicateurs du risque éventuel de décrochage. Un élève motivé aura plus tendance à s’engager activement, à fournir des efforts soutenus et à persévérer, ce qui mène à des apprentissages plus durables et à de meilleurs résultats, tel que rapporté par le Réseau Réussite Montréal. En d’autres termes, motivation → engagement → persévérance → réussite. À l’inverse, un manque d’engagement peut se traduire par du désintérêt, de la passivité en classe, voire des absences ou un abandon scolaire. Il est donc essentiel pour les écoles de chercher à mettre en place des conditions qui favorisent un haut niveau d’engagement chez tous les élèves.
Les chercheurs Fredricks, Blumenfeld et Paris (2004) définissent et articulent ces trois dimensions de l’engagement :
- affective (l’attachement à l’école, le plaisir et l’intérêt éprouvés),
- comportementale (la participation concrète aux activités, la conduite en classe)
- cognitive (l’investissement mental dans les apprentissages)
Un élève véritablement engagé éprouve un intérêt sincère pour ce qu’il fait, persévère face aux défis et cherche activement à approfondir ses connaissances. Comme le souligne le chercheur John Hattie, « ce n’est pas parce qu’on fait quelque chose qu’on y est vraiment engagé ». La définition de l’engagement inclut une dimension volontaire et participative – poser des questions pour aller plus loin, se fixer des objectifs, rechercher de la rétroaction – bref, une implication de l’élève en tant qu’acteur de son propre apprentissage.
Différents leviers d’engagement ont été identifiés par la recherche en éducation. En voici quelques-uns :
- L’approche de pédagogie active
- Le sentiment d’appartenance
- Le développement de l’autonomie
- La rétroaction
- L’intégration du numérique
Allons voir de plus près.
1. Pédagogie active : placer l’élève au cœur des apprentissages
Les méthodes actives consistent à faire apprendre les élèves en les rendant acteurs et actrices de leurs apprentissages, par opposition à une posture passive. Concrètement, cela signifie les impliquer dans des situations de résolution de problèmes, des projets, des discussions ou débats, du travail d’équipe collaboratif, de l’enseignement par les pairs, des jeux de rôles ou des mises en situation authentiques. Toutes ces approches ont en commun de placer l’élève au centre du processus. La pédagogie active s’appuie sur des contextes réels et signifiants pour les jeunes, ce qui augmente leur motivation et leur engagement face à la tâche. L’objectif est de favoriser des apprentissages durables à long terme plutôt que de solliciter simplement la mémoire à court terme. Des études confirment que les élèves apprennent mieux et s’investissent davantage lorsqu’ils deviennent acteurs de leur propre apprentissage, plutôt que simples récepteurs d’un cours magistral. Par exemple, une méta-analyse célèbre de J. Hattie a montré que l’usage de stratégies d’enseignement explicite dans un processus commençant par construire les fondations solides dans les compétences de base en littératie et numératie et qui laissent du temps aux élèves pour « s’engager dans le processus d’apprentissage, poser des questions et bénéficier d’une rétroaction claire », entraînent des gains d’apprentissage plus importants que l’enseignement purement transmissif.
Les avantages de la pédagogie active sur l’engagement sont multiples. D’une part, un environnement d’apprentissage interactif, qui motive et stimule les élèves à participer, améliore la dynamique de classe. D’autre part, l’engagement actif favorise le développement personnel de l’élève, l’aide à prendre confiance en lui, à vaincre sa timidité, et renforce son sentiment d’efficacité personnelle. Ainsi, faire « travailler » les élèves plus que l’enseignant en classe – comme le recommandent plusieurs pédagogues, dont Ron Canuel et Pierre Poulin – conduit généralement à un engagement plus profond et à des apprentissages plus solides.
Complément pour les abonnés à la collection de guides SCOOP!
Les guides d’activités SCOOP! de l’École branchée sont conçus pour encourager ce type d’apprentissage actif. Par exemple, Carole Lamontagne, enseignante de français au secondaire, explique que ces guides l’aident à « toucher aux centres d’intérêts de [ses] élèves et de stimuler leur engagement ». En intégrant un guide sur un sujet d’actualité qui passionne les jeunes – dans son cas, un guide sur le phénomène du sport électronique (e-sport) – elle a amené ses élèves à réfléchir de façon critique à un sujet qui les interpelle directement. Cette approche par thèmes actuels et culturels favorise un apprentissage actif, où les élèves débattent, analysent des enjeux réels et développent leur culture générale. De plus, les guides SCOOP! proposent souvent des activités ludiques et interactives (jeux, défis, enquêtes, etc.) qui visent à maintenir un haut niveau d’implication des élèves. En somme, la pédagogie active – qu’elle prenne la forme d’un projet sur un jardin hydroponique en science, d’une simulation historique ou d’un débat éthique – est un levier puissant pour engager les élèves, et des ressources pédagogiques comme SCOOP! en facilitent grandement la mise en œuvre en classe.
2. Sentiment d’appartenance et climat de classe positif
Un élève qui se sent bien dans sa classe et dans son école aura naturellement plus envie de s’y investir. Le sentiment d’appartenance – c’est-à-dire le fait, pour un jeune, de se sentir accepté, valorisé et pleinement membre du groupe classe ou de la communauté scolaire – est reconnu comme un ingrédient clé de l’engagement scolaire selon le Réseau Réussite Montréal. Selon la théorie de l’autodétermination, le besoin d’appartenance (besoin de relations sociales positives) est l’un des trois besoins psychologiques fondamentaux des élèves, avec le besoin de compétence et d’autonomie. Lorsque ces besoins sont satisfaits, la motivation intrinsèque de l’élève s’accroît, ce qui mènerait à un engagement plus intense et durable dans ses études. À l’inverse, un élève qui a le sentiment de ne pas avoir sa place ou de ne pas être apprécié au sein du groupe aura tendance à se désengager progressivement.
Les recherches confirment l’importance du climat relationnel en classe. Ainsi, « la relation maître-élève est l’un des facteurs les plus influents sur la motivation et l’engagement » des jeunes. En effet, il semble que la qualité du lien entre un enseignant et son groupe d’élèves peut prédire le niveau d’engagement des enfants plusieurs années plus tard. En pratique, cela signifie qu’un enseignant bienveillant, positif, qui valorise chaque élève et instaure un climat de confiance aura un impact majeur sur l’envie d’apprendre de sa classe. Ainsi, « l’élève qui sent que l’enseignant a confiance en lui développera son sentiment de compétence et sera plus engagé, plus déterminé à apprendre ». De même, les relations entre pairs jouent un rôle de protection ou de risque : « L’interaction et les relations positives avec les pairs sont primordiales pour favoriser le sentiment d’appartenance de l’élève. En effet, les élèves rapportent un engagement plus élevé lorsqu’ils sentent qu’ils font partie d’un groupe et qu’ils ont des relations de qualité avec des pairs engagés ». Un élève attaché à son groupe-classe aura plaisir à venir à l’école, à participer et à collaborer, alors qu’à l’inverse un élève isolé socialement risque de se désintéresser et de s’absenter davantage.
Complément pour les abonnés à la collection de guides SCOOP!
Les écoles et les enseignants peuvent poser de nombreux gestes concrets pour renforcer le sentiment d’appartenance. Par exemple, valoriser la diversité des élèves (culturelle, linguistique, sexuelle, etc.) dans les contenus abordés permet à chacun de se sentir inclus et respectés. Les guides SCOOP! contribuent à cette inclusion en couvrant une grande variété de thèmes de société, de culture et d’actualité, dans lesquels chaque élève peut se reconnaître d’une façon ou d’une autre. Dans le témoignage de Mme Carole, enseignante abonnée à SCOOP!, on voit qu’elle utilise un guide sur une tradition québécoise (l’acériculture, c’est-à-dire la fabrication du sirop d’érable) pour faire découvrir ce patrimoine local à ses élèves et enrichir leur culture commune en classe. Ce faisant, elle crée des ponts entre l’école et la communauté, renforce la fierté des élèves envers leur culture et favorise leur sentiment d’appartenance à leur identité collective.
Par ailleurs, les méthodes coopératives encouragées par la pédagogie active renforcent aussi le lien social. Proposer des travaux d’équipe, du tutorat entre élèves, ou encore des projets de classe incite les jeunes à s’entraider et à tisser des relations positives. John Hattie souligne que la collaboration est d’autant plus bénéfique pour l’engagement si chaque élève a quelque chose à apporter au groupe et est convaincu que « le résultat du groupe sera meilleur que s’il avait tout fait lui-même ». Les guides SCOOP!, avec leurs activités interactives et souvent collaboratives, offrent de belles opportunités en ce sens. Mme Carole mentionne par exemple qu’elle mise sur l’entraide dans sa classe : lorsque ses élèves explorent un nouvel outil numérique via SCOOP!, ils travaillent en pairs ou en petites équipes, de sorte que les plus avancés aident les autres à progresser. Cette atmosphère d’apprentissage collaboratif – résumée par l’enseignante dans la formule « On apprend ensemble » – contribue à souder le groupe et à ce que chaque élève se sente soutenu par ses camarades, ce qui favorise l’engagement collectif. En créant un climat de classe positif, chaleureux et sécurisant (où l’erreur est normalisée et vue comme un outil d’apprentissage, par exemple), on agit donc sur un puissant levier de l’engagement scolaire.
3. Autonomie de l’élève et pouvoir d’agir
Les élèves sont bien plus engagés lorsqu’ils ont le sentiment d’exercer un certain contrôle sur leur apprentissage, plutôt que de tout subir passivement. L’autonomie – entendue comme la capacité à faire des choix, à initier ses actions et à se fixer des objectifs personnels – est un autre besoin psychologique fondamental pour la motivation. Favoriser l’autonomie en classe peut prendre plusieurs formes : offrir des choix aux élèves (choix du sujet d’un exposé, de la façon de présenter un travail, du livre à lire, etc.), les impliquer dans certaines décisions (établir les règles de vie de la classe, choisir un projet collectif), ou encore encourager l’initiative (par exemple, laisser des élèves plus avancés organiser un atelier pour leurs pairs). Toutes ces pratiques donnent aux jeunes un pouvoir d’agir et renforcent leur conviction que leur réussite dépend en partie de leurs propres efforts et décisions, ce qui est essentiel. En effet, « l’élève doit percevoir qu’il a une certaine responsabilité dans le déroulement et le résultat de l’activité » : s’il pense que tout est hors de son contrôle, sa motivation en souffrira. Au contraire, lorsqu’on lui donne une marge de manœuvre, il se sent davantage impliqué et responsable de son succès.
La littérature scientifique abonde en preuves du lien entre autonomie et engagement. Par exemple, la théorie de l’autodétermination postule que plus la motivation d’un élève est auto-déterminée (c’est-à-dire guidée par ses choix et ses valeurs propres, plutôt que par des contraintes externes), plus il en résultera des effets positifs sur sa persévérance et ses performances scolaires. Des études ont démontré que dans les classes où les enseignants encouragent l’autonomie – par des approches moins « contrôlantes » et plus participatives – les élèves manifestent une motivation plus intrinsèque, un meilleur bien-être et un engagement accru, comparativement à des classes très directives. Concrètement, offrir des choix aux élèves est une stratégie simple, mais efficace : « lorsque les élèves participent activement à la prise de décision, ils se sentent valorisés et motivés… En leur donnant la possibilité de choisir entre plusieurs activités, on peut s’attendre à une participation plus élevée », selon ce texte de Vireo Education. De même, donner des rôles et responsabilités (par exemple : responsable de matériel, tuteur d’un nouvel élève, chef d’équipe sur un projet) peut accroître leur engagement en les impliquant davantage dans la vie de la classe.
Complément pour les abonnés à la collection de guides SCOOP!
Les guides SCOOP! ont été pensés pour encourager l’initiative aussi bien du côté de l’enseignant que de l’élève. Du point de vue de l’enseignant, ils offrent une grande flexibilité d’utilisation : « Je n’ai pas besoin de tout faire… je consulte un guide, je choisis les éléments qui correspondent à mes objectifs pédagogiques et je les ajuste au besoin », explique Mme Carole. Cette modularité permet d’adapter les activités aux intérêts du groupe, mais ouvre aussi la porte à plus de choix pour les élèves. Par exemple, un même guide SCOOP! propose souvent plusieurs pistes d’activités (lecture, vidéo, discussion, création, etc.) autour d’un thème. L’enseignant peut décider de laisser ses élèves choisir le format d’activité qui les inspire le plus : certains pourraient préférer réaliser une infographie numérique pendant que d’autres optent pour rédiger un court article, à partir des ressources du guide. Ce genre de différenciation donne aux élèves un sentiment de contrôle sur leur apprentissage.
En outre, les guides SCOOP! encouragent le développement de l’autonomie intellectuelle des élèves. Ils comportent par exemple des sections de lecture et d’analyse critique à faire en autonomie, suivies d’activités où l’élève doit appliquer ce qu’il a compris. Dans sa classe équipée en ordinateurs/iPad, Mme Carole n’hésite pas à introduire un nouvel outil numérique (application, logiciel…) en laissant d’abord les élèves l’explorer de manière autonome pendant 30 minutes, plutôt que de tout leur montrer dès le départ. Les élèves découvrent ainsi par eux-mêmes les fonctionnalités, se les expliquent entre pairs si nécessaire, et deviennent plus à l’aise pour utiliser l’outil ensuite. Cette approche « sans filet » peut sembler audacieuse, mais elle a l’avantage de responsabiliser les jeunes et de leur prouver qu’on a confiance en leur capacité à apprendre par eux-mêmes. Bien sûr, l’enseignante reste présente en soutien en cas de besoin, mais elle témoigne qu’il « n’est pas nécessaire de [tout] maîtriser à l’avance » en tant qu’enseignant, car « on apprend ensemble », avec les élèves. Cette philosophie d’apprentissage collaboratif, où l’enseignant n’est plus le seul détenteur du savoir, contribue fortement à l’engagement : l’élève se sent encouragé à prendre des initiatives, et voit que son avis compte dans le processus d’apprentissage. En somme, en donnant une voix aux élèves et en encourageant leur autonomie, on actionne un levier décisif de leur engagement en classe.
4. Rétroaction constructive et valorisation des progrès
La rétroaction désigne toutes les informations données à un élève sur son travail, ses stratégies ou sa progression, dans le but de l’aider à s’améliorer. C’est l’un des outils pédagogiques les plus puissants pour soutenir l’engagement et les apprentissages. D’après les synthèses de John Hattie, fournir une rétroaction régulière obtient une taille d’effet d’environ 0,70 sur la réussite des élèves – ce qui en fait l’une des interventions pédagogiques les plus efficaces, toutes disciplines confondues. Concrètement, une bonne rétroaction répond à trois questions essentielles du point de vue de l’élève : « Vers quel objectif est-ce que je me dirige? », « Comment est-ce que je m’y prends jusqu’à maintenant? » et « Quelle est la prochaine étape pour progresser? ». Or, Hattie fait remarquer que si les deux premières questions trouvent souvent une réponse (les enseignants indiquent le but et corrigent les erreurs), la troisième – les fameuses « prochaines étapes » – est trop souvent négligée. L’élève reçoit une note ou une appréciation générale, mais ne sait pas précisément comment s’améliorer. Une rétroaction vraiment engageante doit donc être constructive et orientée vers le progrès : elle souligne ce qui a bien été fait et offre des pistes concrètes pour faire mieux. C’est ce qui transforme l’évaluation en outil d’apprentissage plutôt qu’en simple constat.
Plusieurs études confirment que la valorisation des efforts et des progrès est un moteur essentiel de la motivation intrinsèque. Par exemple, les recherches indiquent que le recours aux récompenses matérielles (points, prix, etc.) n’a qu’un effet de courte durée, voire peut diminuer la motivation de l’élève sur le long terme. En revanche, les félicitations sincères et les rétroactions positives sur la progression et les façons de s’améliorer ont, elles, un effet bénéfique sur le développement de la motivation intrinsèque de l’élève. En d’autres mots, un élève qui entend régulièrement « Tu as fait des progrès depuis la dernière fois, voici ce que tu pourrais essayer pour aller encore plus loin » aura envie de relever de nouveaux défis, là où un élève qui ne reçoit qu’une note ou des commentaires négatifs risque de se démobiliser. La rétroaction agit aussi sur le sentiment de compétence : elle permet à l’élève de prendre conscience de ce qu’il a appris et des succès obtenus (même petits), renforçant ainsi sa confiance en ses capacités. À terme, un élève qui intègre bien les retours pourra même s’auto-réguler – c’est-à-dire identifier lui-même ses erreurs et les corriger – ce qui est l’un des objectifs ultimes d’un apprentissage en profondeur.
Complément pour les abonnés à la collection de guides SCOOP!
Dans la pratique quotidienne de la classe, comment s’assurer que la rétroaction garde les élèves engagés plutôt que découragés? Plusieurs pistes existent. Il s’agit d’abord d’installer un climat de confiance où l’erreur est dédramatisée : les élèves doivent comprendre qu’une erreur est une occasion d’apprendre, non un échec définitif. « C’est correct de se tromper », a répété John Hattie lors d’une conférence, pour rappeler que la classe devrait être un lieu où l’on a le droit à l’erreur. Les guides SCOOP! peuvent appuyer cette culture de classe positive en proposant, par exemple, des activités d’évaluation formative ludiques (quiz en ligne, défis, questions de réflexion) intégrées aux séquences. On peut citer le cas d’outils numériques interactifs recommandés dans certains guides, comme Kahoot ou Quizizz, qui permettent aux élèves de recevoir immédiatement une rétroaction sur leurs réponses dans un contexte de jeu. Les élèves du secondaire interrogés à ce sujet disent trouver ces quiz « amusants » et apprécient le retour instantané qui les aide à corriger leurs incompréhensions en temps réel. L’enseignant, de son côté, peut utiliser ces activités pour ajuster son enseignement sur le moment (revenir sur une notion mal comprise, féliciter un élève pour une amélioration notable, etc.), maintenant ainsi un haut niveau d’attention et d’engagement de tous.
Les guides SCOOP! fournissent également aux enseignants de multiples suggestions pour aller plus loin sur chaque thème (idées d’approfondissement, liens supplémentaires, prolongements interdisciplinaires). Ces ressources offrent autant d’occasions de donner une rétroaction différenciée : par exemple, un élève très à l’aise pourra être orienté vers une activité d’enrichissement proposée en extension du guide, tandis qu’un élève en difficulté bénéficiera d’un exercice de renforcement ciblé. Dans le témoignage d’un conseiller pédagogique au sujet de SCOOP!, on note que « les guides sont complets et variés… on a des vidéos, des liens, des applications suggérées et tout a été pensé avec les objectifs pédagogiques spécifiques à chaque niveau ». Cette clarté dans les objectifs aide l’enseignant à formuler des retours précis en lien avec les compétences visées par chaque activité. Par exemple, si le guide vise à développer la pensée critique via l’analyse d’un article de presse, l’enseignant saura donner une rétroaction spécifique sur la qualité de l’analyse de l’élève (sa capacité à détecter un biais, à distinguer un fait d’une opinion, etc.), plutôt que de se contenter d’une note globale. Ainsi, grâce à une évaluation formative continue, rendue possible en partie par des ressources structurées comme SCOOP!, les élèves voient concrètement leurs progrès, comprennent sur quoi ils doivent travailler, et restent motivés à s’améliorer en continu.
5. Intégration judicieuse du numérique pour engager les élèves
Les élèves d’aujourd’hui sont immergés dans le numérique en dehors de l’école – il est donc logique que l’utilisation pédagogique des technologies en classe puisse constituer un levier d’engagement important, à condition que ce soit fait de manière réfléchie et intentionnelle. Intégrer le numérique, ce n’est pas simplement utiliser des tablettes ou des ordinateurs pour faire la même chose qu’avant : c’est exploiter les plus-values qu’offrent les outils pour enrichir l’expérience d’apprentissage. Par exemple, le numérique permet de diversifier les activités (simulation interactive, vidéo, quiz en ligne, réalité augmentée, création multimédia…), de personnaliser davantage (logiciels adaptatifs, parcours individualisés), d’apporter des retours immédiats (exercices autocorrigés, rétroaction automatisée) et de collaborer à distance en temps réel (documents partagés, projets en ligne). Autant d’éléments susceptibles de capter l’attention des élèves et de les motiver. D’ailleurs, cet article du RIRE rappelle que pour les élèves du secondaire, les activités pédagogiques priment sur les outils eux-mêmes, mais que ces outils numériques servent de « prétexte » et facilitent souvent la participation en classe. En clair, les adolescents perçoivent les technologies comme « utiles » surtout parce qu’elles rendent les cours plus variés et interactifs, et non pour la technologie en soi. Le message pour les enseignants est le suivant : ce n’est pas le nombre de gadgets dans la classe qui importe, mais la manière dont on s’en sert pour soutenir les apprentissages et l’engagement.
La recherche souligne l’importance d’une intégration du numérique « à valeur ajoutée ». Utiliser un outil numérique n’a d’intérêt pédagogique que s’il apporte quelque chose de plus qu’un support traditionnel. Par exemple, projeter un diaporama fixe pour faire un cours magistral n’implique pas les élèves davantage qu’un tableau – c’est un usage numérique passif. À l’inverse, proposer aux élèves un défi sur Kahoot en fin de leçon va créer un engouement particulier (les élèves mentionnent que ces quiz ludiques « permettent de contrer la lassitude en fin de période » tout en renforçant leur concentration). De même, au lieu d’un questionnaire papier, utiliser un formulaire en ligne interactif où les élèves doivent rechercher des informations sur Internet s’avère « plus engageant » pour eux, grâce à la rapidité de la recherche et à la diversité des sources disponibles. Un autre exemple d’apport : demander une production écrite sous format numérique plutôt que manuscrite peut motiver certains élèves, qui trouvent cela « plus adapté à leur génération et plus engageant… grâce à la facilité de correction du texte » et la possibilité d’écrire plus rapidement au clavier. Enfin, le numérique démultiplie les occasions de collaboration : des élèves peuvent préparer ensemble une présentation en ligne, tous éditant le même document simultanément, ce qu’ils jugent très motivant « par l’aspect collaboratif » et la simplicité d’organisation que cela apporte. En résumé, l’usage du numérique devient un levier d’engagement lorsqu’il est interactif, collaboratif et ancré dans des activités signifiantes. Un cadre proposé pour une activité avec technologie qui cherche à engager les élèves est celui des 3 E :
- Enhance (améliorer) l’apprentissage
- Extend (étendre) l’expérience au-delà de la classe
- Empower (donner du pouvoir) aux apprenants
Si ce n’est pas le cas, le numérique risque de n’être qu’un gadget de plus, voire de distraire l’attention au lieu de la soutenir. À cet effet, on peut se référer au Cadre de référence de la compétence numérique du Ministère de l’Éducation du Québec.
Complément pour les abonnés à la collection de guides SCOOP!
La collection SCOOP! de l’École branchée est, de par sa nature, un outil numérique au service de l’engagement. Les guides sont accessibles en ligne et exploitent abondamment les ressources multimédias : chaque guide peut contenir des vidéos, des liens Web, des suggestions d’applications interactives, etc., soigneusement sélectionnés pour appuyer le contenu pédagogique. Cette intégration clé en main permet aux enseignants, même les moins technophiles, d’amener du numérique éducatif en classe, sans avoir à y consacrer un temps de préparation énorme. Par exemple, un guide SCOOP! sur l’éducation aux médias propose aux élèves d’analyser une vidéo d’actualité tirée du Web, puis d’utiliser un outil de vérification des faits (fact checking) en ligne pour vérifier une information – deux activités impossibles à réaliser avec de simples manuels papier, et qui pourtant développent chez les élèves des compétences importantes (pensée critique, jugement critique de l’information) en les captivant par un support moderne.
Le témoignage de Mme Carole, enseignante depuis 27 ans, illustre bien comment le numérique peut redynamiser une pratique pédagogique. Elle explique qu’il est essentiel pour elle de « se renouveler et d’inclure le numérique dans sa pédagogie » afin de maintenir l’intérêt des élèves au fil du temps. Les guides SCOOP! l’y aident en lui faisant découvrir régulièrement de nouvelles idées d’activités numériques. Récemment, sa curiosité l’a même menée à tester des applications d’intelligence artificielle en classe, après avoir suivi un webinaire de formation via École branchée. Bien qu’elle fût initialement réticente, cette expérience l’a enthousiasmée : désormais, elle utilise l’IA pour générer des idées d’activités adaptées à ses objectifs pédagogiques, ce qui lui fait gagner du temps et apporte une touche d’innovation supplémentaire dans sa classe. Son conseil aux autres enseignants est parlant : « Il faut oser essayer de nouvelles choses… sortir de sa zone de confort, ça peut être très enrichissant ». Cela résume bien l’attitude à avoir vis-à-vis du numérique en éducation.
Les guides SCOOP!, en proposant des scénarios qui intègrent directement des outils numériques variés, offrent un cadre rassurant pour expérimenter ces nouveautés. Par exemple, un guide sur la citoyenneté numérique pourra suggérer l’usage d’un réseau social scolaire sécurisé pour un échange interculturel – l’enseignant n’a plus qu’à suivre les indications pas à pas. L’aspect ludique est aussi souvent présent : utiliser un quiz en ligne, créer un court montage vidéo, participer à un jeu d’évasion numérique… autant d’activités proposées dans les SCOOP! qui stimulent l’engagement cognitif et émotionnel des élèves. Bien entendu, le numérique n’est pas une solution magique à lui seul : son efficacité dépend de la pertinence pédagogique de son utilisation. C’est pourquoi la démarche de SCOOP! est particulièrement intéressante, car elle s’appuie sur les principes des pédagogies actives (contexte réel, collaboration, créativité, etc.) en y greffant les outils numériques adéquats pour soutenir ces principes. Le résultat, comme en témoigne l’expérience de nombreux enseignants, est une classe plus interactive et motivée, où les élèves apprennent avec plaisir dans un univers qui reflète davantage le monde dans lequel ils grandissent.
L’engagement : une action simultanée sur plusieurs leviers complémentaires
En bref, engager les élèves en classe requiert une action simultanée sur plusieurs leviers complémentaires. Tel que souligné dans ce dossier, la recherche invite à privilégier des approches actives et centrées sur l’élève, à veiller à la qualité des relations humaines et du climat d’appartenance, à responsabiliser les élèves en développant leur autonomie, à fournir une rétroaction régulière et encourageante, et à intégrer le numérique de façon pertinente pour enrichir les apprentissages. Chacun de ces éléments contribue à créer un environnement où l’élève a envie d’apprendre et de participer. Pour les conseillers pédagogiques et les directions d’école, soutenir ces pratiques signifie notamment encourager la formation continue des enseignants (par exemple sur les pédagogies actives ou les outils numériques), valoriser les initiatives innovantes et mettre à disposition des ressources adaptées.
La collection de guides pédagogiques SCOOP! s’inscrit pleinement dans cette vision moderne de l’engagement en classe. En offrant des contenus ancrés dans la réalité des élèves et en lien avec les compétences du 21e siècle, elle rend les apprentissages plus signifiants (ce qui touche à la valeur perçue de l’activité par l’élève). En proposant des activités clés en main qui facilitent la participation active, la collaboration et l’usage du numérique éducatif, elle aide les enseignants à mettre en place les conditions de l’engagement sans tout bâtir eux-mêmes à partir de zéro. Enfin, en intégrant des pistes de rétroaction formative et de différenciation, ces guides permettent de garder chaque élève dans sa zone proximale de développement, ni découragé par la difficulté ni ennuyé par la facilité – un équilibre à atteindre pour maintenir l’engagement. Il ressort du témoignage de Mme Carole et d’autres utilisateurs que SCOOP! est pour eux une « source d’inspiration » qui renouvelle leur enseignement et stimule l’engagement des élèves.
En somme, qu’il s’agisse d’organiser un débat passionné, de monter un projet de robotique, de donner une rétroaction personnalisée ou d’introduire un outil numérique motivant, chaque levier d’engagement activé rapproche l’élève du plaisir d’apprendre. En conjuguant l’éclairage de la recherche et des outils pédagogiques concrets comme SCOOP!, les équipes éducatives disposent de solides atouts pour relever le défi de classes toujours plus engagées, inclusives et réussies.
Références
Appleton, J. J., Christenson, S. L., & Furlong, M. J. (2008). Student engagement with school: Critical conceptual and methodological issues of the construct. Psychology in the Schools, 45(5), 369–386. https://doi.org/10.1002/pits.20303
Archambault, I., Janosz, M., Morizot, J., & Pagani, L. (2009). Adolescent behavioral, affective, and cognitive engagement in school: Relationship to dropout. Journal of School Health, 79(9), 408–415. https://doi.org/10.1111/j.1746-1561.2009.00428.x
Canuel, R. (2020). Ce que j’ai appris sur l’éducation… [Conférence].
Centre de transfert pour la réussite éducative du Québec (CTREQ). (2022). Le numérique au secondaire pour soutenir l’engagement. RIRE. https://rire.ctreq.qc.ca
Deci, E. L., & Ryan, R. M. (2000). The “what” and “why” of goal pursuits: Human needs and the self-determination of behavior. Psychological Inquiry, 11(4), 227–268. https://doi.org/10.1207/S15327965PLI1104_01
Doran, M. (2014). The Four Es of Effective Technology Integration. TeachThought. https://www.teachthought.com/technology/four-es-effective-tech-integration/
École branchée. (2024). Guides pédagogiques SCOOP!. https://ecolebranchee.com/guides-pedagogiques/
Finn, J. D. (1989). Withdrawing from school. Review of Educational Research, 59(2), 117–142. https://doi.org/10.3102/00346543059002117
Fredricks, J. A., Blumenfeld, P. C., & Paris, A. H. (2004). School engagement: Potential of the concept, state of the evidence. Review of Educational Research, 74(1), 59–109. https://doi.org/10.3102/00346543074001059
Hattie, J. (2009). Visible Learning: A Synthesis of Over 800 Meta-Analyses Relating to Achievement. Routledge.
Hattie, J. (2012). Visible Learning for Teachers: Maximizing Impact on Learning. Routledge.
Johnson, M. K., & Reschly, A. L. (2022). Student engagement and school dropout: A predictive model. Educational Psychologist, 57(1), 1–17. https://doi.org/10.1080/00461520.2021.1992260
Ministère de l’Éducation du Québec. (2019). Cadre de référence de la compétence numérique. https://www.quebec.ca/education/pedagogie/competence-numerique
Osterman, K. F. (2000). Students’ need for belonging in the school community. Review of Educational Research, 70(3), 323–367. https://doi.org/10.3102/00346543070003323
Réseau Réussite Montréal. (s.d.). La motivation et l’engagement des élèves : des alliés de la persévérance scolaire. https://www.reseaureussitemontreal.ca
Tinto, V. (1975). Dropout from higher education: A theoretical synthesis of recent research. Review of Educational Research, 45(1), 89–125. https://doi.org/10.2307/1170024
Vireo Éducation. (2023). Qu’est-ce qui engage vraiment les élèves? https://vireo.education/blogue/engagement-eleves