Enseigner au primaire à des élèves avec des troubles d’apprentissage comporte son lot de défis. Pour Marie-Josée Blanchette, enseignante en adaptation scolaire à l’école Coursol et répondante aux applications pédagogiques des ordinateurs (REAPO) dans son milieu, ces défis prennent plutôt l’allure d’opportunités.
Pour celle qui enseigne dans une classe de soutien à l’apprentissage auprès d’élèves de 9 à 12 ans, la pédagogie n’a pas d’autres limites que celles de la créativité. Pour stimuler ses élèves et leur faire vivre des réussites, elle travaille par projets et utilise une formule d’ateliers, ce qui lui permet de différencier son enseignement et d’intégrer le numérique.
L’École branchée a eu l’opportunité de s’entretenir avec cette enseignante audacieuse afin d’en savoir davantage sur les projets qu’elle mène et sur les stratégies qu’elle privilégie afin de tirer profit du numérique :
De quelle manière et depuis quand intégrez-vous les technologies numériques dans votre pratique pédagogique?
Marie-Josée : Je me rappelle de la première fois! Il y avait dans mon école un laboratoire informatique qui était trop peu utilisé. J’ai voulu renverser cette tendance et j’ai commencé un projet d’album de finissants avec mes les élèves. J’ai vite été témoin de l’impact positif sur la motivation et l’engagement de mes élèves. C’était gratifiant pour eux de vivre des réussites à travers l’usage du numérique. C’est à ce moment que j’ai eu une prise de conscience sur le besoin et la demande des élèves de vivre des projets de ce type. C’était en 2004, et je n’ai jamais arrêté depuis.
Pouvez-vous nous parler de quelques projets que vous avez réalisés avec vos élèves?
Marie-Josée : Il y a 2 ou 3 ans, j’ai reçu une subvention du MELS qui m’a permis de mettre en place le projet intitulé Les détectives tactiles dans le cyberespace. L’objectif du projet était d’enseigner des stratégies de compréhension en lecture dans Internet chez les élèves en classe de soutien à l’apprentissage. Lire dans un livre ou sur un écran, ce n’est pas la même chose. Avec les deux iPads que j’avais en classe, les élèves se mettait dans la peau d’un détective et réalisait des activités pédagogiques leur permettant de vivre des expériences authentiques et motivantes en littératie. Ils devait acquérir les indices nécessaires soit les stratégies de compréhension de lecture pour résoudre les différentes missions. Aujourd’hui, le projet Les détectives tactiles dans le cyberespace est disponible dans un format clé-en-main pour les enseignants sur le site internet de notre école.
Cette année, j’ai également réalisé un projet d’initiation à la robotique avec mes élèves, ce qui leur a permis de faire des apprentissages en français et en mathématiques.
Est-il nécessaire d’avoir beaucoup de matériel afin de tirer profit du numérique avec ses élèves?
Marie-Josée : Je pense qu’il est possible de faire vivre des projets numériques à ses élèves avec un minimum de matériel. Dans ma classe, nous avons seulement 3 ordinateurs et 2 iPads. Le fait de fonctionner par atelier permet d’avoir une rotation des tâches et des défis à réaliser, et donc d’accomplir beaucoup avec peu d’équipement. C’est la variété plutôt que la quantité de matériel qui importe.
Aujourd’hui, je travaille en partie avec des ressources qui m’ont été fournies (j’ai emprunté un robot Dash & Dot à ma commission scolaire et ma direction a soutenu l’achat d’un kit Wedo 2.0 que j’essaie actuellement avec ma classe) mais également avec des ressources que j’ai trouvées par moi-même. Lorsque j’ai commencé à m’intéresser au numérique, je me suis mise à en parler autour de moi. J’ai compris qu’en échangeant avec des membres de ma famille, des amis et à des collègues, il était possible de dénicher certaines ressources. On peut aller très loin avec un peu de débrouillardise et de créativité!
Quels sont les avantages à votre avis de l’enseignement par projet et de la formule atelier? Comment cela est-il avantageux avec des élèves ayant des troubles d’apprentissage?
Marie-Josée : Au quotidien, je travaille par atelier et cela me permet de différencier mon enseignement. Ça favorise beaucoup le développement de l’autonomie et de la résolution de problème, en plus de favoriser l’entraide et l’estime de soi chez les élèves. En effet, en classe de soutien à l’apprentissage, les élèves manquent parfois de motivation et ont une faible estime de soi du fait qu’ils étaient souvent derniers de classe. Le travail en atelier vient favoriser l’entraide et renforcer l’estime de soi chez mes élèves. J’ai découvert au fil des ans beaucoup d’experts. Ils prennent confiance en eux car ils développent une aisance avec l’un ou l’autre des ateliers et ils peuvent ensuite aider les autres. Finalement, la formule d’ateliers est également un moyen de varier les activités est d’éviter de tomber dans la routine.
Quels conseils aimeriez-vous donner à des enseignants qui aimeraient intégrer davantage des projets numériques mais qui ne savent pas par où commencer?
Marie-Josée : Souvent on a l’impression que le numérique en éducation représente un défi. Mon conseil serait d’aborder la situation comme une expérience pédagogique à vivre avec vos élèves. Je trouve que ça aide beaucoup d’impliquer les élèves dès le départ et dans les prises de décision. De leur faire comprendre qu’on va expérimenter et apprendre AVEC eux. Il est impossible de tout connaître et de tout contrôler lorsqu’on se lance dans un nouveau projet donc je conseille de tourner les difficultés en défis et d’engager les élèves dans la résolution de problème. Surtout, d’accepter que nous allons apprendre nous aussi!
Finalement, je ne soulignerai jamais assez l’importance de travailler en équipe avec les collègues de votre école. La formule d’ateliers favorise cette collaboration puisque vous pouvez réunir vos élèves avec ceux d’un collègue dans un même local. Cela favorise encore davantage le contact privilégié et différencié avec les élèves.
Pour contacter Marie-Josée et obtenir la version IBooks du projet Les détectives tactiles dans le cyberespace, vous pouvez écrire à mjblanchette@cslaval.qc.ca.