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Leadership pédagogique en temps de pandémie : Transformer l’inconfort en opportunité

Pour les gestionnaires du monde scolaire, l’occasion est unique de placer l’Humain au cœur des processus et de revoir certaines pratiques.

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Avec la mise en place rapide et généralisée de l’enseignement à distance au cours de la dernière année, le monde scolaire a été complètement bouleversé. Oui, les technologies étaient déjà présentes dans les salles de classe, mais déployer l’apprentissage en ligne comporte son lot de défis. Pour les gestionnaires, l’occasion est unique de placer l’Humain au cœur des processus et de revoir certaines pratiques.

« Plusieurs d’entre nous ont perdu pied en mars dernier. Au fil des mois, nous retrouvons une certaine stabilité, nous nous créons de nouveaux repères. En éducation, on se réfère souvent à la taxonomie de Bloom. En ce moment, c’est la pyramide de Maslow qui doit primer », soutient Marius Bourgeoys, cofondateur d’escouadeÉDU et animateur du balado Tout le monde est un leader.

Benoît Petit, responsable du service national du RÉCIT pour les gestionnaires scolaires, qui accompagnait déjà ceux-ci dans l’appropriation du numérique avant la pandémie, abonde dans le même sens. « Même si on se sent dans l’urgence du quotidien, il faut prendre un temps d’arrêt, reconnaître qu’on ne peut pas tout contrôler en ce moment et choisir de placer notre énergie dans les éléments à notre portée. Il n’y a pas de recette magique, mais généralement, ça commence par le fait d’accueillir les émotions que nous vivons ».

La résilience avant tout

La bienveillance et la résilience sont des termes maintes fois entendus au cours des derniers mois. Ils se retrouvent aussi abondamment dans le discours des deux hommes. Dans les milieux de travail, alors que l’on était plutôt centré sur la performance, l’efficacité et l’atteinte d’objectifs prédéfinis, il faut désormais apprendre à faire place à la dimension socio-affective.

« Comme gestionnaire, il faut apprendre à reconnaître les sentiments, à les nommer afin de pouvoir les rationaliser. Selon moi, il s’agit de la première étape. Après, on pourra penser se doter d’une stratégie pour aborder la suite », dit Benoît Petit.

En fait, il propose une démarche en trois temps aux gestionnaires scolaires qu’il accompagne en ce moment :

1- La résilience avant tout : Favoriser le bien-être émotionnel de vos équipes

2- La posture de l’apprenant : Sortir du mythe qu’il faut être un expert en tout (surtout en technologie) et se donner le droit de faire des erreurs

3- La vision commune : Développer une vision pour regarder vers l’avenir (transformer vos pratiques de façon durable)

« Le fait de basculer en enseignement à distance peut représenter à la fois une opportunité et une source d’anxiété. En se donnant une vision, il sera plus facile de voir les possibilités offertes par la crise. On peut se demander : Comment mobiliser notre équipe pour que ce virage numérique ne soit pas que technologique, mais bien pédagogique? Comment outiller nos enseignants pour qu’ils accompagnent nos jeunes à devenir des citoyens éthiques à l’ère du numérique? Bref, faisons en sorte de tirer profit de la situation pour transformer nos pratiques au bénéfice des jeunes », fait valoir M. Petit.

Être CAPAB

Pour sa part, Marius Bourgeoys propose aux gestionnaires un modèle en cinq étapes, qui fait également beaucoup de place à l’Humain et qui rejoint les trois étapes de M. Petit sur plusieurs aspects.

Clarté : Plus on réussit à être clair sur ce qui est attendu de tous, plus le sentiment d’être capable d’agir sur sa réalité augmente. 

« N’hésitez pas à créer de la constance. Les gens ont besoin de prévisibilité, surtout en ce moment. Communiquez toujours de la même façon, aux mêmes moments. Misez sur les éléments sur lesquels vous avez le contrôle et faites preuve de transparence. »

Accueil : Ici, on accueille l’autre (le collègue, le parent, l’élève) et on prend conscience de ses émotions.

« Il ne sert à rien de résister à la réalité. Il faut la vivre. Cela permet ensuite d’utiliser les bons mots pour décrire la situation et de se projeter vers l’avenir ».

Posture : La posture d’apprenant est requise présentement. Personne n’a à tout connaître, comprendre, maîtriser.

« On doit demander l’engagement de tous, parce qu’on a besoin que chacun fasse sa part et apporte sa contribution. On peut parler de l’école d’avant ensemble, mais attardons-nous plutôt à créer ensemble l’école de maintenant. »

Action : L’important, c’est de passer à l’action, de se donner un plan de match. Il ne sera pas parfait, on le voit, tout peut changer presque tous les jours. Alors, on jette les bases sur la façon dont on abordera chaque situation.

« Encore une fois, acceptons l’imperfection, mais essayons au moins quelque chose. Soyons constant, sécurisant, facilitant. Il s’agit d’un bel exemple à montrer à nos jeunes. »

Bienveillance : On souhaite créer un climat scolaire positif. Ça veut aussi dire un climat de partage qui permet de se sentir libre de nommer les ajustements qui seraient nécessaires et d’être constructif dans la façon de les mettre en place.

« Soyez présent, accessible, encouragez. Parfois, ça veut simplement dire de demander Comment ça va? ou As-tu besoin de quelque chose? à un collègue. »

Au-delà de l’inconfort dans lequel nous place la pandémie, l’occasion est bel et bien réelle de donner un nouveau sens au « virage numérique » en éducation. On voit qu’il ne s’agit pas de simplement déployer des technologies, d’acquérir de nouveaux logiciels ou d’équiper les élèves en ordinateurs ou tablettes. Il s’agit en fait de repenser certaines pratiques, de les adapter et de les modeler pour qu’elles offrent aux jeunes l’occasion de prendre leur envol un notre monde changeant, aujourd’hui et demain.

Comme leader pédagogique, n’hésitez pas à être visible sur le Web, sur les réseaux sociaux. Partagez vos bons coups publiquement. Vos témoignages pourraient contribuer à la résilience de certains collègues.

En complément :

*Ce texte a d’abord été publié dans le magazine Le Point en santé, services sociaux, éducation, volume 16, no 1, paru en février 2021. 

À propos de l'auteur

Martine Rioux
Martine Rioux
Après des études en communication publique, Martine a été journaliste pour différentes publications, avant de poursuivre sa carrière comme conseillère en communications interactives chez La Capitale, groupe financier, puis chez Québec numérique, organisme dont elle a pris la direction générale avant de faire le saut comme conseillère politique au cabinet du ministre délégué à la Transformation numérique gouvernementale. Elle est aujourd'hui rédactrice en chef adjointe et chargée de projets spéciaux à l'École branchée. Son rêve : que chacun ait accès à la technologie et puisse l'utiliser comme outil d’apprentissage et d’ouverture sur le monde.

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