Apprendre la nage synchronisée ou la résolution de problème nécessite plusieurs centaines d’heures de pratique. Pour maximiser l’efficacité de l’apprentissage, faire des exercices, c’est bien, mais prendre des pauses, c’est essentiel. Cet article d’Edutopia (en anglais) cite trois recherches scientifiques qui démontrent pourquoi des interruptions sont non seulement souhaitables, mais nécessaires dans le processus d’apprentissage.
Une découverte qui change notre compréhension du processus d’apprentissage
Publiés en 2021, les résultats de Leonardo Cohen et de son équipe de neurologues du National Institute of Health en ont surpris plusieurs dans la communauté éducative. En effet, il est communément accepté que pour apprendre un geste ou un savoir, il faut s’exercer. En neuroéducation, la répétition permet de consolider les circuits neuronaux, ce qui facilite la rétention de l’information. Les périodes de pause entre deux activités sont souvent perçues comme un arrêt dans le processus d’apprentissage, un moment où le cerveau se repose, s’énergise pour revenir à son état initial, prêt à reprendre son travail. Or, les travaux du professeur Cohen montrent qu’il n’en est rien.
Dans son étude, de jeunes adultes reliés à des appareils captant l’activité neurologique, devaient apprendre à écrire avec leur main non dominante. Les sessions de travail étaient entrecoupées de courtes pauses. Or, durant ces périodes, l’activité cérébrale était 20 fois plus rapide. L’influx nerveux circulait du néocortex, lieu du traitement de l’information motrice et sensorielle, à l’l’hippocampe, le centre de la mémoire, plus de 12 fois à la seconde! Le cerveau semble utiliser ce temps pour se repasser, en boucle et à toute allure, ses nouveaux apprentissages.
Ces résultats font dire au chercheur que notre compréhension des mécanismes de mémorisation vient de franchir un grand pas. Jusqu’à maintenant, nous sous-estimions le rôle des pauses dans le processus de la rétention de l’information. En fait, les pauses occupent une fonction aussi importante que les exercices eux-mêmes!
Pour l’instauration des pauses en classe
Une autre chercheure et enseignante, Judy Willis, indique que, pour favoriser un meilleur apprentissage, des pauses doivent être permises sur une base fréquente, avant que ne surviennent la fatigue ou l’ennui. Dans sa pratique, elle suggère un temps de détente de 3 à 5 minutes après 10 à 15 minutes d’activité d’apprentissage au primaire, et après 20 à 30 minutes au secondaire. Et que faire durant ces pauses? Rien de vraiment spécial. Chanter, marcher ou discuter avec des confrères ne nuira pas au processus de mémorisation auquel le cerveau s’adonne, au contraire.
Combattre la fatigue cognitive
Une autre recherche réalisée cette fois en 2016 a démontré les impacts de la fatigue cognitive qui s’installe durant la journée à l’école. Pour chaque heure qui passe, l’étude a démontré une baisse à des tests de performance, de l’ordre de 1 % d’écart type. Concrètement, cela équivaut à une perte de plus de 10 jours de classe par année! Cependant, en permettant plus de périodes de repos au fil de la journée, les résultats aux mêmes tests augmentent plus rapidement que la diminution causée par la fatigue cognitive. Autrement dit, les pauses répétées font plus que compenser les pertes de performance, elles les améliorent.
Alors, n’est-ce pas justement l’heure de prendre une pause?