Alors que le livre numérique gagne en popularité chez les adultes, nous avons profité du Salon du livre jeunesse de Longueuil, qui se tenait du 5 au 9 février dernier, pour vérifier ce qu’il en est auprès des clientèles scolaires et éditeurs jeunesse.
Lorsque nous sommes passés, le jeudi après-midi, plusieurs autobus jaunes étaient stationnés près du site du Salon, signe évident de la présence des jeunes. À l’intérieur, les élèves étaient visiblement très heureux de retrouver leurs auteurs favoris.
Pas vraiment de valeur ajoutée
Un rapide sondage a permis de constater que très peu d’entre eux utilisent le livre numérique. Selon Sonia Martin, enseignante en deuxième année à l’école Samuel-De-Champlain, située à Brossard, le livre numérique ne présente pas vraiment de valeur ajoutée par rapport à la version papier. « Contrairement aux adultes, on ne peut se contenter de proposer aux élèves une version statique sur tablette d’un livre papier. Nous avons bien en classe quelques livres interactifs qu’ils utilisent sur l’ordinateur, mais il s’agit d’une version dans laquelle l’histoire est racontée par une voix hors champ en même temps que le livre est lu par le jeune. C’est un peu l’équivalent des livres-disques de notre enfance, avec une petite animation en bonus. »
Un succès relatif
Du côté des éditeurs, on nous explique que l’on commence à offrir les titres jeunesse en version numérique, mais avec un succès relatif. « Nous avons plus de 700 titres jeunesse numérisés, mais pour l’instant, ils ne sont pas très populaires, explique Stéphanie Durand, éditrice jeunesse chez Québec Amérique. De fait, notre seul titre vraiment interactif est La fabuleuse histoire de Jérémie le loup, écrit par Gilles Tibo », explique-t-elle.
Même son de cloche chez les Éditions de Mortagne, où la vice-présidente édition et promotion, Sandy Pellerin, nous confirme qu’il y a pour l’instant peu de demande pour les produits numériques. « Le livre-jeunesse connaît un bel essor, mais le livre numérique n’offre pas assez de valeur ajoutée pour constituer actuellement un marché intéressant pour nous. Même si nous offrons plusieurs titres en format numérique, pour le moment, les jeunes utilisent davantage le iPod que la tablette. Nous pouvons toutefois prévoir que les habitudes vont changer dans l’avenir, et nous avons bien l’intention d’être prêts quand cela se produira. »
Stéphanie Durand conclut que « pour le moment, les adultes apprécient particulièrement le côté pratique du livre numérique. En bonifiant le concept, nous estimons que les jeunes de la génération technologique finiront bien par l’adopter eux-aussi. »