Le ministre de l’Éducation nationale Vincent Peillon a présenté, à la fin janvier, un projet de loi cher au président François Hollande sur la refondation de l’école. Il veut en effet réduire le taux de décrochage et adapter l’école française à la société du 21e siècle. La maternelle, le primaire et la formation des enseignants sont principalement visés. En quoi consiste ce grand chantier?
Chaque année, 140 000 élèves quittent le réseau scolaire français sans avoir obtenu de diplôme. Le taux de décrochage, qui a augmenté depuis les quinze dernières années, inquiète les intervenants en France, mais aussi dans l’Union européenne. Or, déjà, pendant la campagne présidentielle, le candidat socialiste François Hollande s’était engagé à intervenir pour le réduire. Cette mesure s’est concrétisée au début de l’année 2013 par l’adoption du projet de loi sur la refondation de l’école de la République.
Le projet propose, d’une part, l’embauche de 54 000 enseignants au cours des cinq prochaines années. De ce nombre, 7 000 nouveaux postes seront affectés pour soutenir les enseignants dans des écoles plus défavorisées. On propose de réduire le nombre d’élèves dans les classes et d’y ajouter un enseignant dans certaines écoles ayant plus de difficultés.
Une place importante est accordée à la formation des enseignants. En effet, de ces 54 000 nouveaux postes, 27 000 seront affectés pour la création d’écoles supérieures du professorat et de l’éducation. On veut ainsi mieux former les futurs enseignants en leur procurant des bases académiques et pédagogiques, notamment par des stages en milieu professionnel.
D’autres mesures, implantées dès la rentrée 2013, s’adressent aux élèves. On favorisera notamment l’accès à la maternelle à trois ans dans des zones plus défavorisées. De plus, on implantera dans tout le réseau l’enseignement d’une langue étrangère dès la maternelle, l’enseignement d’un cours d’éducation morale et civique ainsi que des mesures pour réduire le redoublement. Les programmes seront aussi révisés. Il faut noter que lors de la dernière réforme importante en France, en 2008-2009, les programmes définissaient un socle commun de compétences et de connaissances. Le projet de refondation de l’école ne remet pas en question les approches pédagogiques, mais vise à faire évoluer les contenus d’enseignement.
Enfin, l’école française concrétise son entrée dans l’ère numérique afin que les technologies soient utilisées, selon les termes des promoteurs du projet, « comme un levier de changement et d’ouverture ». Le gouvernement prendra des mesures pour équiper les écoles du matériel et des ressources nécessaires et mettra en place un enseignement numérique.
Il sera intéressant d’observer les effets de la refondation de l’école français, notamment en ce qui a trait au virage numérique, au cours des prochaines années.
Par Patrick Poirier