Notre collaborateur Marc-André Girard effectue une expédition pédagogique en Finlande et la documente ici!
Lors de mon escale à Joensuu, j’ai pu rencontrer la chercheuse postdoctorale Sini Kontkanen de l’Université de Finlande orientale (UEF). Cette dernière travaille sur divers projets qui ont pour but de développer la compétence pédagonumérique des enseignants finlandais. Elle fait partie d’un groupe surnommé « TOTY », qui existe depuis trois décennies, soit bien avant l’avènement d’Internet dans nos foyers! Voilà une approche particulièrement précurseure : étudier le numérique et ses usages dans la classe depuis le début des années 1990! À l’époque, ces chercheurs étudiaient notamment le degré d’agentivité des enseignants dans leur appropriation des outils numériques. Trente ans plus tard, ce sujet est toujours d’actualité, alors que divers programmes, mesures et règlements rivalisent de stratégie pour accompagner les enseignants dans leur virage numérique, et ce, au Québec comme ailleurs.
« OpenDigiTaito »
Depuis ce temps, bien des mégabits ont passé dans nos câbles et la situation a bien évolué pour devenir le portait actuel, en 2021. Le programme « OpenDigiTaito » (« Open » veut dire « enseignant », « Digi » veut dire numérique et « Taito » veut dire « compétence ») est né des résultats d’une autre recherche préalable : Prep21. Cette recherche est venue à terme en 2018 et elle était une initiative collaborative impliquant trois universités finlandaises, dont le but était de développer les compétences professionnelles des futurs enseignants, aussi connues sous le vocable de « compétences du 21e siècle » en enseignement.
« OpenDigiTaito » vise le développement de la compétence numérique selon trois volets, chacun développés par l’expertise de trois universités finlandaises. L’UEF développe le volet des jeux d’évasion, celle de Laponie se concentre sur l’enseignement à distance et, enfin, l’Université d’Oulu, elle, développe les populaires volets STEM/STEAM (Science, Technologie, Ingénierie (« Engineering ») et Mathématique. Le « A » réfère à l’intégration des arts dans certains programmes). Le programme s’est vu attribuer un important financement de la part de l’Académie de la Finlande, soit 420 000 euros.
Il a essentiellement trois objectifs incontournables.
- Premièrement, il est question de développer des agents multiplicateurs qui pourront retourner dans leur milieu pour, ensuite, influencer et soutenir leurs collègues dans leurs milieux respectifs et dans leur réseau dans les changements de pratiques pédagonumériques.
- Deuxièmement, il cherche à faciliter la collaboration entre les enseignants grâce à l’utilisation des outils numériques mis à leur disposition.
- Enfin, des mesures sont mises en place pour que cette collaboration puisse se transformer en réseau d’aide spontané par les pairs, mené par des enseignants compétents et confiants à l’usage des outils pédagonumériques.
« DigiErko »
Un autre programme a pris racine ces dernières années, dans la lignée de ceux dont il a été question au préalable est celui des études de spécialisation en apprentissage et en enseignement dans des environnements numériques (DigiErko). De l’aveu même de la chercheuse Kotkanen, le programme a une vocation transformatrice sur le plan de la vision pédagogique et sur celui de la perception parfois négative de l’utilisation des outils numériques que l’enseignant peut entretenir, consciemment ou non.
Le programme, d’une durée de deux années, octroie 60 crédits universitaires et utilise une variété d’approches pédagogiques permettant le réseautage, les partages de pratique, les cercles réflexifs et diverses présentations. Destiné aux enseignants qui ont plus de trois années d’expérience, il permet une transition sur le plan des pratiques. L’enseignant-étudiant développera ses capacités d’ingénierie pédagogique, lesquelles ont le potentiel de propulser sa carrière.
À ce sujet, des directions se seraient plaintes que des enseignants avaient été recrutés par le secteur industriel pour voir à la formation continue des employés de grandes entreprises… Ça peut jouer dur en Finlande!
Au total, ce sont environ 200 enseignants qui ont été formés par les trois universités partenaires : Turku, Helsinki et UEF. Selon les données recueillies par les universités précédentes, quatre principales raisons motivent les enseignants à s’inscrire à « DigiErko » :
- Par souci de développement professionnel, pour améliorer sa pratique et obtenir de nouvelles qualifications;
- Pour pousser plus loin son expertise et alimenter sa motivation personnelle et professionnelle;
- Pour modéliser les pratiques d’intégration pédagogique du numérique;
- Pour ne pas « manquer le bateau ». Ces enseignants sentent le tapis glisser sous leurs pieds sur le plan du développement de leurs compétences pédagonumériques : quand l’ampleur du changement extérieur supplante celui de l’intérieur, il est effectivement le temps de prendre les mesures pour évoluer au rythme des attentes sociales.
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(NDLR : L’École branchée est heureuse d’être partenaire média de cette expédition! Notez que nous ne sommes toutefois pas associés à la campagne de financement.)