- Lisez aussi : De l’équité à l’agentivité : autres nouveautés et trouvailles au congrès d’ISTE 2023
- Version anglaise du texte : #ISTELive: AI on Everyone’s Lips + Noteworthy Discoveries
La technologie transforme notre monde à un rythme effréné. Dans ce paysage en mutation, la conférence annuelle de l’ISTE (International Society for Technology in Education) aux États-Unis est un incontournable pour s’inspirer, réseauter et se ressourcer. En 2023, plus de 17 500 personnes se sont rassemblées, en présence à Philadelphie ou en virtuel, pour explorer les dernières innovations technologiques, échanger des idées novatrices et établir des connexions précieuses. Plusieurs centaines d’exposants ont dynamisé le salon d’exposition en rivalisant de créativité pour attirer l’attention à travers plus de 1000 ateliers et activités variées au programme! De quoi combler les visiteurs, quel que soit leur objectif ou leur profil!
Voici quelques trouvailles en vrac cette année. D’autres articles suivront aussi dans les prochaines semaines.
L’apprentissage mixte, avec Holly Clark
La célèbre enseignante, auteure et conférencière Holly Clark emploie le terme « blended learning » depuis de nombreuses années pour définir l’usage d’outils variés pour soutenir l’enseignement, notamment les outils numériques. Pour elle, une activité d’apprentissage mixte inclut une partie avec la technologie et une partie sans. Par exemple, elle propose de partir des stratégies de Project Zero’s Thinking Routine Toolbox, de Harvard Graduate School of Education, et d’y ajouter des outils numériques tels que Padlet, Canva, FigJam et Flip, qui sont parmi ses préférés du moment.
L’intelligence artificielle sur toutes les lèvres
L’intelligence artificielle était vraiment sur toutes les lèvres à ISTE cette année, autant dans les ateliers que dans le salon des exposants, ainsi que dans les mini-présentations. Holly Clark a rappelé un peu pourquoi c’est si important en rappelant que les jeunes qui débuteront la maternelle en 2024 gradueront en 2036 et prendront vraisemblablement leur retraite autour de 2085.
Aussi, elle cite le professeur Shelly Palmer sur la question :
L’IA va-t-elle me voler mon emploi un jour?
Oui et non.
L’IA ne volera peut-être pas votre emploi, mais quelqu’un qui sait comment l’utiliser le fera.
Ça, c’est garanti.
Pour sa part, Matt Miller, de DitchThatTextbook, nous rappelle qu’un outil comme ChatGPT a atteint le million d’utilisateurs en 5 jours et les 100 millions en 2 mois seulement. Il y a de quoi se demander de quoi aura l’air notre monde à ce moment en 2036…
Il exhorte d’ailleurs le monde de l’éducation à ne pas oublier qu’aujourd’hui, c’est le passé pour nos enfants. Il faut donc savoir enseigner avec nos « lunettes de demain ».
D’ailleurs, dans son livre AI for Educators, Matt Miller cite Kai-Fu Lee, expert en IA, qui dit qu’on a tendance à surestimer ce que la technologie permettra de faire dans 5 ans, mais à sous-estimer ce qu’elle pourra accomplir dans 20 ans. Il invite le milieu scolaire à tirer parti de ce qu’elle permet aujourd’hui pour accomplir les tâches qui ne sont plus primordiales, car elle contribue à libérer quelque chose qui nous est tous si précieux : du temps.
5 compétences à enseigner sur l’IA 🔥, selon Richard Culatta de l’ISTE
Dans l’allocution d’ouverture de l’événement, Richard Culatta, directeur général de l’ISTE a appelé la communauté éducative à considérer très sérieusement, et dès maintenant, à enseigner :
- Comment l’IA fonctionne réellement
- Comment elle peut soutenir la génération d’idées (brainstorming)
- Comment travailler en équipes hybrides
- La curation de contenu, pas seulement la création
- À devenir meilleur en tant qu’être humain ❤️
Google, Bard et l’IA
Bien qu’il ne soit pas encore disponible au Canada, Bard, le « chatbot » de Google qui veut concurrencer ChatGPT, est bien accessible à partir des États-Unis, en mode bêta. Nous avons donc pu le découvrir et le tester en compagnie d’Eric Curts, enseignant blogueur sur ControlAltAchieve. En plus de générer des réponses à diverses questions, il est capable de créer des images et de formater des tableaux, entre autres. Comme c’est le cas avec ChatGPT, nous avons pu constater qu’il est d’une aide précieuse pour certains types de tâches, tels que la synthèse et la reformulation, mais que l’usage de l’esprit critique pour évaluer ses réponses est plus qu’essentiel pour en faire un allié efficace.
Eric Curts a aussi présenté un résumé des fonctionnalités appuyées par l’intelligence artificielle qui feront prochainement leur arrivée dans la suite Google, en plus de glisser un mot sur le Project Tailwind, un cahier numérique qui permettra de partir d’un document de son choix et de générer automatiquement, grâce à l’IA, du contenu de révision, tel des quiz, des résumés, etc.
Progresser en lecture grâce à Microsoft Teams
Connaissez-vous l’outil Progrès en lecture (Reading Progress) de Microsoft Teams? Relativement nouveau, il permet de favoriser le développement des habiletés en lecture et en prononciation chez les apprenants de tous âges. En effet, un tableau de bord permet à l’enseignant d’obtenir une foule de statistiques sur la vitesse, l’exactitude, les mots les plus difficiles, etc. En plus, l’outil génère des activités personnalisées pour que chaque utilisateur puisse pratiquer ses mots les plus difficiles et s’améliorer. Vraiment pertinent pour l’apprentissage de la lecture, d’une langue seconde, et plus!
Chromebook, accessibilité et nouveautés chez Google Education
Du côté de Google Education, une expérience mains sur les touches permettait aux visiteurs de découvrir les fonctionnalités d’accessibilités intégrées aux appareils Chromebook, dont les contrastes, le mode lecture avec la possibilité de changer la taille des caractères, la police, l’interligne et plus, le clavier à l’écran pour le mode tactile, et plusieurs autres qui complètent les autres options déjà offertes dans les différents outils de la suite bien connue.
Il était aussi possible de découvrir et d’essayer la nouvelle option de « practice sets », qui permet aux enseignants de créer des questionnaires pour les élèves, dont la rétroaction est appuyée par de l’IA. Aussi, on a pu essayer une fonctionnalité qui sera bientôt offerte et qui permettra d’ajouter des questions dans une vidéo hébergée sur YouTube (à la Edupuzzle). Ces deux dernières nouveautés font partie de la suite Google Education Plus. Enfin, il était possible d’expérimenter le « screencast », qui permet d’enregistrer ce qui se passe à l’écran en vidéo directement dans le Google Drive de l’utilisateur, et pouvant ensuite être partagée très rapidement. Il était d’ailleurs très intéressant d’essayer le tout sur des appareils Chromebook Pro, qui rivalisent avantageusement avec les autres appareils portables en termes de performance, considérant que la plupart des usages se déroulent en ligne, dans le fameux « nuage »!
Un peu de Québec au cœur de Philadelphie
Une belle délégation a représenté le Québec à cette édition, dont bien sûr les représentantes de l’École branchée, mais aussi une équipe de l’AQUOPS venue s’inspirer pour son propre événement, ça promet! On peut d’ailleurs réécouter les deux « live » qu’ils ont faits sur Facebook pour faire un retour sur leurs trouvailles. Au salon des exposants, on pouvait discuter avec la sympathique équipe de Lü et même essayer le système qui transforme les murs du gymnase en expérience d’apprentissage immersive et active! On pouvait aussi aller à la rencontre des représentants de Druide, qui y faisaient connaître le logiciel d’aide à la rédaction Antidote et le logiciel d’apprentissage du doigté au clavier, Tap’Touche.
Une petite pensée pour terminer…
La nouvelle fracture numérique : celle entre ceux qui savent évaluer les réponses générées par l’IA de façon critique et l’utiliser pour communiquer et collaborer plus efficacement versus ceux qui ne savent pas.