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Dans sa réflexion, notre collaborateur Marius Bourgeoys explore l’impact de l’intelligence artificielle (IA) sur l’éducation et la nécessité d’une transformation profonde du système scolaire. S’appuyant sur des leçons tirées de l’histoire d’entreprises comme Kodak et Blockbuster, il met en garde contre la résistance au changement et plaide pour une approche axée sur la collaboration entre élèves, éducateurs et IA, créant un « cerveau collectif ».
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Table des matières

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Par Marius Bourgeoys, coach en éducation

Le monde bouge. Depuis l’arrivée de CHAT-GPT en novembre 2022, notre curiosité est piquée et l’éducation, tout comme notre humanité, est bousculée. L’IA ouvre grand les portes du possible et nous force à réévaluer notre rôle dans cette transformation. Alors, qu’est-ce qu’on fait avec ça ?

L’inévitable transformation de l’éducation

En éducation, on ne peut pas faire semblant que l’IA n’existe pas. Ça ne servirait personne de résister au changement. Depuis 2010, les postes que j’ai occupés m’ont toujours placé au centre de l’intégration du numérique en éducation. Un constat que j’ai fait est que le numérique nous ramène toujours à l’humain. Plusieurs experts, dont Ethan Mollick, nous disent qu’il est temps de voir l’éducation comme un processus de co-intelligence. Autrement dit, élèves, éducateurs et IA apprennent ensemble, activant une forme de « cerveau collectif » pour naviguer dans le monde d’aujourd’hui. Le but ? Moins de résistance et plus de collaboration, pour une éducation qui reflète le mieux possible le monde dans lequel on vit.

Les compétences de demain : Agilité et Proactivité

Le psychologue Adam Grant affirme que jusqu’à maintenant, les gens sont embauchés pour leurs habiletés, mais que très bientôt, la caractéristique première de l’employabilité sera l’agilité. La capacité de changer rapidement. On parle ici de la capacité d’anticiper et de s’adapter et même de piloter le changement. Ça implique de revoir notre approche en leadership afin d’être en mesure de dispenser les méthodes d’enseignement les mieux choisies pour préparer les jeunes à cette société en constante évolution où l’innovation et la résilience ne sont pas des options mais des nécessités.

Leçon de deux entreprises : Être prêt à laisser aller ce qui a fonctionné

L’histoire de Kodak

En 1975, Stephen Sasson, un ingénieur chez Kodak, a inventé la caméra numérique. Quand il a présenté cette invention aux dirigeants, ils l’ont rejetée, de peur que ça nuise aux ventes de pellicules, qui étaient une grosse source de revenus pour eux. Les dirigeants chez Sony ont choisi de l’adopter. Dix-huit ans plus tard, Kodak a fini par adopter la caméra numérique, mais il était trop tard. En 2012, l’entreprise a fait faillite. Elle est devenue un symbole de ce qui arrive quand on refuse de voir plus loin. Quand on refuse de laisser aller ce qui a été bon… jusqu’à maintenant…

L’histoire de Blockbuster

Blockbuster, autre exemple frappant, aurait eu l’opportunité d’acheter Netflix dans les débuts de la plateforme, mais les dirigeants ont refusé. Ils craignaient que le modèle d’abonnement de Netflix impacte leurs revenus, surtout ceux provenant des frais de retard. En restant figée dans son modèle, Blockbuster a fini par disparaître. En passant, ce n’est pas l’entreprise qui est restée figée, ce sont les dirigeants qui ont refusé de voir la trajectoire que prenait leur industrie.

L’histoire se répète

L’histoire nous donne plusieurs exemples d’entreprises qui ont échoué parce qu’elles n’ont pas voulu évoluer. En éducation, c’est différent, nous ne sommes pas une entreprise. Or on constate quand même une certainement stabilité qu’on pourrait nommer inertie, malgré l’évolution dans la trajectoire que prend la société. En janvier 2024, Isabelle Sénécal a visé juste lors de sa conférence TEDx en montrant des photos comparant une salle de classe d’hier et d’aujourd’hui. Son constat? Pas grand-chose n’a changé en éducation depuis 50 ans et plus. Elle nous a même confié qu’elle avait écrit ce texte/segment en 2014 et qu’il était toujours d’actualité en 2024. 

Alors, qu’est-ce qu’on attend pour renoncer à ce qui nous retient dans le passé?

Comprendre l’humain : Les saisons du changement

John C. Maxwell identifie quatre saisons / raisons pour lesquelles les gens changent. Ces raisons font écho à ce qu’on observe en éducation. Les gens changent…

  1. Souffrance : Lorsqu’ils souffrent assez qu’ils doivent changer. 
  2. Vision : Lorsqu’ils voient assez qu’ils sont inspirés à changer. 
  3. Apprentissage : Lorsqu’ils apprennent assez qu’ils veulent changer. 
  4. Soutien : Et lorsqu’ils reçoivent assez qu’ils sont capables de changer.

Si ce n’est pas une carte routière pour un leadership transformationnel… Le point de départ pour la transformation, c’est le mécontentement. Avons-nous assez souffert avec le modèle actuel pour finalement décider de le transformer? Imaginez un monde de l’éducation où les adultes font la file pour y oeuvrer parce que c’est tellement stimulant… Ça donne le goût de co-apprendre, ça!

Humaniser : Vers un leadership de cœur

Dans une entrevue récente, Brené Brown, chercheuse et travailleuse sociale, disait qu’autrefois, le leadership était une question d’autorité. Aujourd’hui, c’est une question d’intelligence, mais bientôt, selon elle, ce sera une question de cœur. L’humain. Le système, c’est du monde.

Les « grands oubliés »

Au mois de mai, j’ai eu la chance d’entendre Michael Fullan à Toronto. Michael Fullan parlait des grands perdants ou des grands oubliés. Je ne me souviens pas si j’ai les bons mots. Si vous étiez là, vous me corrigerez. Mais il disait quelque chose comme : «… parmi les élèves qui réussissent présentement, avec les indicateurs de réussite actuels, il y a des élèves qu’on considère comme des réussites et qui pourtant ne se sentent pas prêts à faire leur place dans la société d’aujourd’hui. »

Ça soulève des questions intrigantes comme : Est-il possible d’atteindre toutes nos cibles en éducation et que nos élèves ne soient pas prêts pour la vraie vie? Avons-nous les «bonnes» cibles pour préparer les jeunes au monde d’aujourd’hui?

À cet effet, je partage la vision de George Couros (traduction libre) au sujet de la raison d’être de l’éducation : « Aider les apprenants à trouver un itinéraire vers la réussite qui a du sens pour eux. »

Pas assez de « Pourquoi »!?

Dans le monde du développement personnel comme dans le monde des entrepreneurs, on se dit, bien, si t’as pas encore réalisé ou actualisé ta vision, c’est parce que tu n’as pas assez de « pourquoi ». T’as pas assez de raisons pourquoi le faire. Est-ce qu’on a assez de pourquoi ou de raisons de vouloir changer les choses en éducation? Les pourquoi sont partout autour de nous. Nos listes de classe, nos listes du personnel, nos collègues, les parents de nos communautés, qui nous envoient leurs meilleurs enfants… Plus fort est le pourquoi, plus facile est le comment.

Se laisser émouvoir

Peut-être qu’il y a un cinquième ingrédient, si j’ose ajouter aux quatre saisons de John Maxwell… Et si on se laissait émouvoir par l’histoire, la réalité, des personnes qui nous entourent, peut-être que ça, ça pourrait nous aider à dire «Ok. C’est assez. On le fait.». S’il y a quelque chose qui mobilise l’être humain, c’est bien l’émotion.

Conclusion

Le changement, on le désire. Le changement n’est pas facile. Il y a des raisons pour lesquelles les gens ont le goût de changer ou non. Le point de départ de l’innovation, c’est l’empathie. Je vous invite à vous laisser émouvoir et à vous préparer à piloter ce changement-là. 

Voici trois questions pour soutenir votre réflexion :

  1. Comment êtes-vous en train de vous préparer pour être en mesure d’agir dans la transformation de l’éducation? 
  2. Qu’est-ce que ça prendrait pour qu’on décide de faire de réels changements? 
  3. Qu’est-ce qui vous émeut? 

Cette chronique a d’abord été publiée sur le blogue de l’auteur. Elle est reproduite ici avec sa permission.

Découvrez d’autres chroniques de Marius Bourgeoys sur son blogue Tout le monde est un leader.

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