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Écrans et jeunes : trouver l’équilibre plutôt qu’interdire

Des experts en éducation et en santé publique ont récemment partagé leurs perspectives sur la question de la gestion du temps d’écran chez les jeunes. Entre interdiction et responsabilisation, un consensus se dégage : il faut accompagner les jeunes dans une utilisation équilibrée et intentionnelle des technologies.
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Table des matières

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Revoyez les échanges de cette première table ronde.

L’impact des écrans sur les jeunes est une question qui suscite de nombreuses préoccupations, tant chez les parents que dans le milieu de l’éducation. Faut-il limiter strictement leur usage ou apprendre à mieux les intégrer au quotidien? Cette question était au cœur de la table ronde virtuelle Temps d’écran : interdire ou mieux choisir?, animée par Stéphanie Dionne de l’École branchée. 

Trouver un équilibre entre connexion numérique et connexion humaine

Dre Mélissa Généreux, médecin spécialiste en santé publique et professeure à l’Université de Sherbrooke, a souligné que 31 % des jeunes de 6e année passent déjà plus de quatre heures par jour de fin de semaine sur les écrans. Au secondaire, ce sont aussi les jours de semaine où les jeunes passent plus de quatre heures. Cette omniprésence du numérique inquiète, mais l’interdiction n’est pas la solution, selon elle. « Notre société doit être à la recherche d’un meilleur équilibre entre la connexion numérique d’une part et la connexion aux vivants d’autre part. Tout ça dans le but de cultiver le bien-être de nos jeunes, qui en ont bien besoin », affirme-t-elle.

Charles Bourgeois, docteur en éducation, représentant de l’organisme Le CIEL, abonde dans ce sens : « L’interdiction seule n’a pas d’impact durable. Il faut adopter une approche éducative qui repose sur des droits et des responsabilités, coconstruite avec les jeunes. » Pour lui, l’objectif est de favoriser un usage intentionnel des écrans au service du bien-être individuel et collectif.

Éduquer à la citoyenneté numérique plutôt que bannir

L’interdiction pure et simple des écrans en milieu scolaire a été largement remise en question au cours de la discussion. Les efforts, selon les experts, devraient plutôt être mis à accompagner les jeunes dans une utilisation éclairée des outils numériques. Frédéric Lavoie, coordonnateur au service de la transformation numérique dans un Centre de services scolaire des Premières-Seigneuries, a mis en avant la nécessité de créer des ponts entre les différents acteurs de l’éducation : « S’aider à mieux choisir en rapprochant les solitudes. Celle entre l’école et la maison et celle entre le jeune et le moins jeune. »

Les intervenants ont insisté sur l’importance de l’apprentissage par les pairs et du rôle des élèves plus âgés comme mentors pour les plus jeunes. Un système de parrainage, impliquant des élèves de 5e secondaire qui accompagnent les plus jeunes dans leur relation au numérique, a été évoqué comme une approche prometteuse. Pour tous les intervenants, il était clair que l’école doit être un lieu d’apprentissage, y compris pour comprendre et maîtriser les outils numériques.

Éduquer avec le numérique et au numérique

Les intervenants ont tenu à distinguer deux aspects complémentaires : éduquer avec le numérique (intégration des technologies dans l’apprentissage) et éduquer au numérique (développer une citoyenneté numérique responsable).

Julien François, professeur de sciences et responsable technico-pédagogique en Belgique, a mentionné l’importance d’apprivoiser l’écran plutôt que de le diaboliser : « L’écran est un outil, pas un maître. L’important, c’est d’apprendre à en faire un allié du savoir, et non un voleur de temps. »

L’impact du numérique sur le bien-être des jeunes

L’un des enjeux majeurs soulevés est le remplacement progressif d’activités essentielles au développement équilibré des jeunes par le temps passé sur les écrans. Certains participants ont mentionné l’effet néfaste de l’usage excessif des écrans sur la concentration, le sommeil et la santé mentale.

L’approche dans certains milieux scolaires (ou même à la maison) qui consiste à utiliser le numérique comme une récompense après avoir effectué un travail ou accompli une tâche a été critiquée. Selon les experts, cela risque de dévaloriser l’apprentissage lui-même : l’intérêt et la curiosité d’apprendre devraient être au cœur de l’apprentissage, et non pas l’écran en tant que récompense au bout du compte. « L’utilisation récompense ne sous-entend pas seulement “Jouer avec le numérique”, mais surtout : “Fais le travail, et ensuite, tu auras droit au numérique”, ce qui n’est évidemment pas souhaitable », a fait remarquer Alain Bordeleau dans le clavardage.

Rôle des parents et des enseignants

Les parents et le personnel enseignant ont un rôle clé à jouer dans l’accompagnement des jeunes, mais ils doivent eux aussi être sensibilisés et formés. « On ne doit rien prendre pour acquis. Si on part sur des bases solides, cela nous permettra de mieux collaborer, encadrer et accompagner tout le monde dans le milieu de l’éducation », a affirmé France Legault, enseignante et conseillère pédagogique. Elle a rappelé que le Cadre de référence de la compétence numérique au Québec place la citoyenneté éthique au cœur des apprentissages et que les pédagogues ne peuvent plus se soustraire à son enseignement.

Les experts ont également insisté sur la nécessité de modéliser les comportements que l’on souhaite voir chez les jeunes. Or, cela représente un défi, car adultes et adolescents ne sont pas toujours exposés aux mêmes réalités numériques.

Par ailleurs, il ne faut pas négliger la pression sociale ressentie par les parents pour offrir un téléphone à leurs enfants dès le primaire a aussi été abordée. « Beaucoup de parents donnent un appareil à leur enfant sans avoir réfléchi aux règles d’utilisation », note Dre Généreux.

Défis et pistes de solutions

Plusieurs défis ont été identifiés, notamment la nécessité de convaincre les directions d’établissement de consacrer du temps à ces discussions autour de la gestion des écrans et de former en continu tous les intervenants scolaires. La mise en place de ressources pédagogiques adaptées a été évoquée comme une solution pour structurer l’apprentissage. Donnons en exemple Pause ton écran et la nouvelle trousse Anti-troll.

Les mots clés qui ont émergé de cette table ronde sont évocateurs : collaboration, dialogue, coéducation et mélange de perspectives. Il ne s’agit pas d’interdire les écrans, mais de mieux accompagner les jeunes dans leur utilisation. Plutôt que d’opposer écrans et bien-être, il s’agit d’apprendre à les utiliser de manière réfléchie et constructive. 

Comme l’a souligné Charles Bourgeois, « Le numérique n’est pas le problème. C’est notre rapport au numérique qui doit être questionné. »

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