Découvrez quelques approches éducatives « alternatives », dont les centres d’apprentissage en soutien à l’école à la maison et l’école « auto-suffisante ».
Le Réseau des écoles démocratiques au Québec (REDAQ) tenait son colloque 2017 les 20 et 21 janvier. La première journée a permis de visiter différents centres d’apprentissage. La deuxième journée proposait des conférences à l’Université du Québec à Montréal (UQÀM).
Qu’est-ce qu’une école démocratique?
L’école démocratique appartient à un mouvement éducatif où sont particulièrement valorisés la justice, le respect et la confiance en l’autre, où la voix de l’élève, qui décide lui-même quand et ce qu’il veut étudier, égale celle de l’adulte responsable.
La plus ancienne école démocratique encore active est Summerhill. Il faut probablement avoir beaucoup d’expérience comme moi (!) pour se souvenir de ce livre qui a séduit la jeune éducatrice et mère que j’étais, Libres enfants de Summerhill.
Les écoles du mouvement démocratique ne sont pas permises au Québec, où la scolarité obligatoire exige que les enfants de 6 à 16 ans soient instruits selon les programmes d’enseignement du ministère de l’Éducation. Un des objectifs du REDAQ est d’influencer le gouvernement pour permettre la création d’écoles démocratiques. Sur le site du Réseau, on peut lire cette prémisse : « Nous reconnaissons que plusieurs jeunes parviennent à s’accomplir au sein des écoles du système d’éducation québécois actuel. Par contre, nous demeurons préoccupés par le nombre de jeunes qui ne réussissent pas à s’acclimater aux demandes de ces écoles et qui se sentent souvent incompris dans ce système d’éducation. Ce faisant, nous souhaitons promouvoir la création d’écoles démocratiques afin d’augmenter la diversité des options en éducation, pour pouvoir rejoindre les besoins d’un plus grand nombre d’élèves québécois. »
En attendant, voici quelques autres approches éducatives « alternatives », présentées lors du dernier colloque du REDAQ.
Les écoles autosuffisantes
Karine Sévigny et Gilles Desaulniers sont au coeur d’un projet d’école qui a pour objectif d’unir la technologie et la nature. Le concept est bien développé et on peut le découvrir (voire l’encourager!) sur le site de financement participatif La Ruche. En attendant, Mme Sévigny offre des conférences et des formations pour développer certains volets « autosuffisants » dans votre école.
« La technologie éveille les jeunes, ils sont moins naïfs que les générations précédentes. Il entendent parler des problèmes écologiques et désirent trouver un sens à leurs apprentissages », explique-t-elle.
Les principales valeurs de ce mouvement « autosuffisant » sont l’autonomie, l’importance de la communauté et la coopération en lien avec la nature.
Lors de sa présentation au dernier colloque du REDAQ, Mme Sévigny a montré plusieurs exemples d’application dans diverses écoles à travers le monde. Des exemples :
– La recherche de l’autonomie alimentaire, avec des potagers quatre saisons possibles par un aménagement créatif de l’espace : des plantes qui poussent le long des murs et même au plafond comme dans certaines écoles japonaises, ou des serres adjacentes aux murs de l’école.
– L’autonomie énergétique offrirait aux écoles de bienvenus excédents budgétaires. Le but visé est une complète autonomie de l’établissement, comme à l’école de Jaureguiberry, en Uruguay.
École à la maison et centres d’apprentissage
Le unschooling, ou non scolarisation volontaire, est illégal au Québec car la scolarité est obligatoire. Par contre, il est permis de faire l’école à la maison et un certain nombre de parents décident d’enseigner eux-mêmes à leurs enfants. Ils ne sont pas isolés dans leur démarche. Toute une communauté en ville ou dans les régions participe à cette façon différente de scolariser les enfants.
Par exemple, les centres d’apprentissage (ce ne sont pas des écoles) cherchent à offrir à ces parents un lieu de mise en commun des ressources et aux enfants, le plaisir de rencontrer des pairs. En voici deux.
Mont-Libre : Centre éducatif agile de Montréal
Tout nouveau, il a ouvert ses portes le 9 janvier 2017. Ce centre d’apprentissage bilingue s’adresse à une clientèle d’adolescents de 11 à 18 ans.
Les onze adolescents qui fréquentent présentement cette « non-école » peuvent y aller d’une à quatre fois par semaine et participent à des activités davantage du type parascolaire que d’apprentissage formel. Les jeunes déterminent eux-mêmes leurs objectifs d’apprentissage et évaluent leur cheminement selon des critères qu’ils ont eux-mêmes établis. Ils peuvent avoir accès à un mentor, si tel est leur désir. Ils sont encouragés à utiliser les ressources éducatives de la communauté, c’est-à-dire aller chercher hors du centre les personnes ou groupes qui répondent à leur recherche de connaissances ou de savoir-faire. Le centre est organisé démocratiquement par des comités et exige des communications pacifiques.
Les jeunes mettent eux-mêmes en ligne leur portfolio électronique, miroir de leurs apprentissages, qui sera utilisé pour postuler un emploi ou poursuivre des études supérieures.
Le centre collabore avec les membres du réseau Agile Learning Centres.
Le Centre Communidée
C’est un centre communautaire géré par des bénévoles pour les familles de la région de Montréal qui font l’école à domicile à leurs enfants. Il s’adresse à une clientèle d’enfants de 5 à 12 ans.
Au centre, les parents sont responsables de leurs enfants. Ils doivent non seulement participer activement à l’organisation des activités, mais aussi à l’entretien du local. Les activités offertes au centre n’ont pas d’objectifs éducatifs particuliers. Par contre, le site de Communidée offre aux parents un ensemble de ressources, les programmes scolaires primaire et secondaire non seulement du Québec, mais aussi de plusieurs autres provinces canadiennes, ainsi qu’une liste de programmes d’éducation à distance (malheureusement tous en anglais).
Divers ateliers sont aussi offerts sur place à partir de16 h pendant la semaine, ainsi qu’un camp de jour pendant les vacances d’été.
Regardez cette vidéo pour voir tous ces enfants occupés :
(https://vimeo.com/100064723)
École Waldorf ou l’apprentissage de la « douceur de vivre »
Les écoles Rudolf Steiner sont aussi nommées écoles Waldorf. La première école Rudolf Steiner de Montréal (ERSM), fondée en 1980, est une école privée. Elle a été la première école Waldorf francophone au Québec. Il y plus de 1000 écoles Waldorf dans le monde qui suivent la pensée pédagogique de Rudolf Steiner.
Les enfants y sont accueillis au jardin d’enfant dès l’âge de trois ans. On offre le primaire ainsi que le premier cycle du secondaire selon la pédagogie particulière Steiner-Waldorf. L’école cherche à créer un contexte favorable au projet de vie de chaque enfant. Le même enseignant suit son groupe tout au long de la scolarité.
Bureaux, chaises, et jouets sont faits de bois. Les murs sont peints en lasure et leur couleur change selon le niveau scolaire de l’élève. Les élèves fabriquent eux-mêmes leurs livres et leurs cahiers. Ils utilisent de vraies plumes pour écrire. Les élèves font des dessins de formes de plus en plus complexes pour s’initier à la calligraphie. Toute l’éducation est centrée sur l’aspect pratique de la vie.
La pédagogie demande la participation active des élèves à leurs apprentissages, qui visent le développement global de la personne en intégrant activités intellectuelles, artistiques et manuelles et se déclinent autour de trois grands thèmes : la nature, la communication et la transformation de la matière.
Ce sont par des expériences concrètes, sorties et randonnées, sports et jardinage, que les écoles Waldorf désirent développer chez les élèves un lien profond avec la nature et le respect de l’environnement.
Une des grandes particularités des écoles Waldorf demeure le travail de la matière. Il y a évidemment toutes ces activités de modelage, dessin et peinture, mais à ces activités classiques s’ajoutent le tricot, la couture, la broderie et le travail du bois.
Le numérique n’est pas utilisé dans les écoles Waldorf. Le concept pédagogique des écoles Waldorf semble sorti d’une conception humaniste de l’éducation en ère préindustrielle. Peut-être répond-t-il maintenant à certains besoins des écoliers de notre ère post-industrielle!