La conception universelle de l’apprentissage (CUA) est une philosophie de l’enseignement qui présuppose l’inclusion de tous les élèves et vise à répondre aux besoins de chacun, en réfléchissant d’abord aux barrières que les cours peuvent présenter et aux façons de les atténuer.
Handicaps diagnostiqués, non identifiés ou temporaires… tous sont des freins à la disposition des élèves pour l’apprentissage. Et si on offrait à tous et en tout temps des moyens diversifiés de recevoir l’information, mais aussi de rendre compte de leurs compétences pour favoriser leur engagement? C’est l’un des fondements de la conception universelle de l’apprentissage (CUA). Mélanie Vermette et Christian Leblanc, respectivement directrice adjointe et directeur des services éducatifs du Collège Durocher-Saint-Lambert, nous expliquent.
Réfléchir aux barrières de l’apprentissage
« La conception universelle de l’apprentissage (CUA), c’est une philosophie de l’enseignement, ce n’est pas une stratégie pédagogique », annonce d’entrée de jeu Mélanie Vermette. En effet, la CUA présuppose dans son ensemble l’inclusion de tous les élèves et vise à répondre aux besoins de chacun, en réfléchissant d’abord aux barrières que les cours peuvent présenter et aux façons de les atténuer.
Voici un exemple de barrières : un matin, les élèves ont un texte long à lire pour préparer une activité. La longueur du texte peut constituer un frein pour les élèves dyslexiques, mais aussi tout simplement pour ceux qui sont fatigués ou enrhumés. Pour aider tous les élèves dans une telle situation, l’enseignant pourrait rendre le texte disponible sur une plateforme numérique, ce qui permettrait à ceux qui le désirent d’utiliser la synthèse vocale pour leur en faciliter l’accès. Ceux qui n’en ont pas besoin ne sont pas pénalisés.
Diversifier les moyens d’expression de la maîtrise d’une compétence
Christian Leblanc donne un autre exemple de la CUA en action : quand on veut mesurer le degré d’atteinte d’une compétence chez un l’élève, lui imposer un moyen d’expression peut faire en sorte qu’il ne réussira pas à la démontrer. Et pourtant, ce ne sera pas nécessairement parce qu’il ne la maîtrise pas, mais peut-être parce que le moyen pour le démontrer ne lui convient pas.
Voici un exemple : demander aux élèves de présenter un concept devant toute la classe pendant 3 min 30 s. On trouve dans cette tâche à la fois une barrière de temps et de structure. Si l’élève s’était plutôt filmé ou avait présenté devant un petit groupe, il serait tout à fait en mesure de rendre compte de sa compétence.
Il s’agit donc d’offrir à l’élève des moyens diversifiés de recevoir l’information, mais aussi de rendre compte de sa compétence pour favoriser son engagement. C’est l’un des fondements de la CUA.
Souvent, rappelle Christian Leblanc, l’élève le plus handicapé dans la classe n’est pas celui qu’on croit. Par exemple, un élève malade, en deuil ou dont les parents sont en train de se séparer n’est pas disposé à apprendre comme les autres. La CUA permet d’en arriver à considérer ces handicaps temporaires au même titre que ceux qui sont identifiés et diagnostiqués. Dans l’entrevue, Mélanie Vermette et Christian Leblanc parlent des conditions pour la mettre en place.
Pour eux, au final, le plus important est de créer un milieu sain et sécuritaire, mais aussi bienveillant, qui permet d’augmenter l’indice de bonheur de chaque élève. « Il n’y a rien de tel que de voir un élève engagé dans une tâche, content et fier de remettre son travail à l’enseignant », conclut Mélanie Vermette. Et pour cela, la CUA est la voie que des établissements comme le Collège Durocher-Saint-Lambert, entre autres, choisissent d’emprunter.
Aussi : Les enseignants du Québec et du Canada francophone bénéficient de la formation en ligne gratuite du CADRE21 sur la conception universelle des apprentissages.
Réalisé avec le soutien de Carrefour Éducation.
Texte par Audrey Miller