L’apprentissage par l’enquête stimule la collaboration et la curiosité tout en développant la capacité de poser des questions précises. Découvrez ce modèle implanté notamment dans les écoles de l’Ontario.
À l’occasion du Congrès automnal en éducation entrepreneuriale consciente, Élaine Lucas, conseillère pédagogique au CSDCEO et membre de l’équipe TacTIC du CFORP (une équipe dont le mandat s’apparente à celui de nos RÉCIT), a présenté le modèle d’apprentissage par l’enquête (inquiry based learning), très développé en Ontario particulièrement dans les écoles anglophones.
Le processus d’apprentissage par l’enquête a d’abord été introduit dans le programme d’études sociales en Ontario. En résumé, il s’agit de créer des situations d’apprentissage qui suscitent des questionnements chez les élèves :
- L’élève se questionne à partir d’un déclencheur
- Il recueille de l’information
- Il valide l’information
- Il analyse et interprète cette information
- Il communique et diffuse le tout
Dans l’apprentissage par l’enquête, le sujet arrive plus facilement à engager l’élève puisqu’il oriente lui-même son cheminement. Mme Lucas a observé que le tout entraîne aussi beaucoup de collaboration et d’entraide entre les élèves, en plus de stimuler leur curiosité et de développer leur capacité à poser des questions précises et ouvertes. De plus, avec l’expérience, l’enseignant réalise rapidement que le travail par enquête permet facilement de dépasser le seul sujet de l’univers social et d’intégrer le français, les sciences, les maths, etc.
L’enseignant devient co-apprenant
Dans cette approche, le rôle de l’enseignant change. Ce dernier doit adopter une posture de « co-apprenant » et guider les élèves dans le processus.
Les preuves d’apprentissage peuvent être recueillies de différentes façons. Par exemple, le « cercle de connaissances » est une étape de mise en commun qui permet aux élèves de partager leurs découvertes et de faire des liens avec ce que les autres ont appris afin d’aller encore plus loin. Les élèves peuvent aussi enregistrer leur progression dans un tableau selon des colonnes « Ce que je crois savoir », « Idée confirmée » ou « Fausse perception », « Nouvelles connaissances confirmées », « Je me demande encore… ». Dans l’école d’Élaine Lucas, comme l’apprentissage par l’enquête était répandu dans la plupart des classes, on utilisait aussi un « Pineapple Chart », c’est-à-dire un tableau affiché dans l’école qui indiquait où en était rendue chacune des classes afin qu’elles puissent se visiter entre elles et s’inspirer mutuellement.
Aussi, le lien avec la communauté devient essentiel. Les murs de la classe sont ouverts sur d’autres classes, d’autres écoles, voire jusqu’à l’international. Les déclencheurs proviennent parfois d’experts venus de la communauté, qui constituent alors des ressources d’apprentissage au même titre que le serait un dictionnaire. Le numérique facilite aussi les rencontres virtuelles lorsqu’une présence physique n’est pas possible.
Est-ce qu’on doit arrêter complètement le magistral?
« Jamais complètement! », répond directement Mme Lucas. Bien entendu, l’approche teinte la majorité des activités de la classe et de nombreux contenus d’apprentissage sont intégrés dans les projets, mais il demeure tout de même une partie qui reste enseignée de façon plus traditionnelle.
Un arrimage naturel avec la pédagogie entrepreneuriale
Au final, Mme Lucas estime que l’approche facilite la gestion du comportement des élèves puisque ceux-ci participent tous et sont engagés. Pour elle, il s’agit d’une « façon de répondre collectivement aux besoins individuels des élèves » qui s’arrime particulièrement bien avec la pédagogie entrepreneuriale. Les tâches authentiques sont aussi au cœur de l’approche.
Exemples de sujets :
- Boîte à livres municipale (Prends un livre, laisse un livre)
- Jardin communautaire à l’école
- Zoothérapie (couvoir et éclosion des poussins, par exemple)
- Foire entrepreneuriale
Elle souhaite que l’approche se diffuse plus largement au secondaire directement par les élèves qui l’auront vécue depuis la maternelle.
Comment on provoque un processus d’enquête?
- À partir d’une image ou d’une vidéo
- Avec un témoignage d’expert
- Grâce à une « table de provocation » (remplie d’objets mystérieux en lien avec l’objet d’apprentissage)
- En partant de la littérature jeunesse