Le 3 novembre dernier, un jeune enseignant, Mathieu Côté-Desjardins lançait une nouvelle websérie : La déséducation. Elle mélange dessin animé et entretiens avec des pédagogues, des enseignants, des personnalités publiques. Cette série tire à bout portant sur le système scolaire québécois. Infobourg s’est entretenu avec Mathieu Côté-Desjardins. Voici la seconde partie de cet entretien.
Pour relire la première partie
Il faudra attendre les 8 derniers épisodes de votre série pour explorer les solutions. Quelles sont-elles?
Il faut des solutions avantageuses pour les enfants, pas pour les adultes, quitte à aller en dehors du système scolaire. On doit ramener l’éducation au centre du système scolaire. La formation des maîtres doit être améliorée. À l’université, on doit y diffuser plusieurs visions de l’éducation, plusieurs modèles.
Il y a donc de nombreuses solutions, par où commencer?
En nous! Il faut se questionner sur l’aspect sociétal de l’éducation. Ça part de nous, de notre relation avec les enfants. Est-ce que ça nous intéresse de savoir où on stationne nos enfants pendant huit heures tous les jours? Il faut recréer un système social. S’investir comme communauté dans l’éducation permettra de réduire les crises économiques et écologiques. Je ne crois pas à la révolution, mais il faut tout remettre en question.
Le système scolaire privé est-il une solution?
Je ne suis pas pour le privé, mais j’apprécie les innovations atypiques du privé. Pourtant, avec les subventions du gouvernement et l’argent des parents, le privé pourrait aller beaucoup plus loin. Fonder une école sur une ferme par exemple! Pourquoi pas?
Vous parlez souvent de l’école libre. Qu’est-ce que c’est exactement?
L’école aujourd’hui au Québec est antidémocratique. C’est la tyrannie des adultes. L’école libre, elle, est réellement démocratique. Les enfants ont le choix, ils prennent part aux décisions, pour engager des enseignants ou des directions d’école par exemple. C’est un lieu où la liberté n’est pas sans lendemain, où elle est proportionnelle à la responsabilité, avec un encadrement par des adultes, bien sûr. Je ne comprends pas que ces écoles soient illégales au Québec alors qu’elles sont légales ailleurs au Canada et aux États-Unis. Il faut s’ouvrir. Sur l’école à la maison, par exemple, qui convient à certains enfants, mais qui est très surveillée au Québec.
Quel est votre rôle à vous dans ce débat sur la déséducation?
Je suis une solution dans ma classe. J’appelle ça la désobéissance éducationnelle. Je ne veux pas devenir un spécialiste de la déséducation, il n’y a rien de positif là-dedans. Je crois que ma mission c’est d’informer avant de critiquer. J’ai envie de faire des conférences, de devenir un éducateur social. C’est pour ça que les premiers épisodes sont sur les problèmes et que les solutions viennent ensuite. Il faut poser un diagnostic avant de traiter. On ne peut pas semer sur une terre morte, il faut la laisser un temps en jachère. C’est la même chose pour ce débat. Il faut prendre le temps et je veux en parler longtemps. Ma série donne une tribune aux solutions alors qu’on ne prend jamais le temps d’en parler.
Vous consacrez un épisode à l’inertie des enseignants. Quel message voulez-vous faire passer à vos collègues?
Un bon enseignant comprend qu’il faut dénoncer l’inertie. Le potentiel d’un prof sans bureaucratie ni programme débilitant serait infini. Il faut cultiver la passion. Alors, je dis aux profs : est-ce que vous me suivez? Ou est-ce que vous vous contentez de ça?
Pour visionner la websérie La Déséducation, rendez-vous sur le site web : www.ladeseducation.ca