Depuis deux ans, la moitié des élèves de l’école Wilfrid-Bastien, dans l’arrondissement Saint-Léonard à Montréal, étaient ravis de figurer parmi les chanceux à étudier dans l’iCl@sse. Les autres les regardaient avec envie. Mais cette année, tous les enfants sont ravis puisqu’une seconde iCl@sse est en train d’être mise en place!
Quand elle a su qu’elle enseignerait dans la seconde classe de 6e année de l’école, Lucie Voyer tenait absolument à en faire une iCl@sse. Elle n’avait pas envie de faire face à la déception des enfants de se retrouver dans sa classe, mais surtout, elle avait pu constater l’impact de la technologie sur les élèves de son collègue. « Ils sont plus motivés, ils ont le goût de venir à l’école. Quand leur travail est diffusé sur un blogue et qu’ils reçoivent des commentaires, c’est très motivant. Ils sont aussi plus autonomes. Les élèves forts peuvent facilement aller plus loin et ne sont pas pénalisés. Quant aux élèves plus faibles, les outils sont aussi bien adaptés pour eux », mentionne-t-elle.
N’empêche que cette technologie demande d’adapter son enseignement et de maîtriser de nouveaux outils. Elle a profité de son congé de maternité pour faire des recherches, pour se perfectionner et aussi pour… dénicher du financement. Car la iCl@sse coûte cher. « Je suis allée voir des artistes et des entreprises, j’ai eu beaucoup de refus », raconte l’enseignante. Mais son projet a finalement été choisi comme « activité du quartier » par la caisse Desjardins de son secteur. Cela lui a permis de récolter 1500 $ lors d’une activité de financement, un montant qui a été doublé par l’institution financière. Sa députée provinciale lui a aussi promis son aide et les enfants vendent du chocolat pour financer le projet.
Pour l’instant, la classe possède cinq ordinateurs portables, deux ordinateurs fixes ainsi qu’un tableau blanc interactif. « Nous pouvons aussi emprunter les ordinateurs portables de l’autre classe lorsqu’ils sont libres », note Mme Voyer. Les enfants ont également le droit d’apporter leur iPod… pour leurs apprentissages seulement! Déjà, les élèves fonctionnent sans cahiers, sans reliures et même sans agenda! « Toutes les leçons de la semaine et les devoirs sont sur le site de la classe et sur Twitter, explique-t-elle. Certains parents étaient un peu craintifs au départ, mais ils se rendent bien compte de tout ce que ça apporte à leurs enfants. Ils constatent aussi que les jeunes sont mieux outillés à la maison qu’à l’école. » Jusqu’à maintenant, il n’est jamais arrivé qu’un élève n’ait pas d’ordinateur à la maison. « Ça pourrait arriver, il faudrait alors s’adapter », convient Mme Voyer.
Outre l’adaptation de l’enseignement, la lourdeur des problèmes techniques est un autre défi. « C’est le principal problème, constate l’enseignante. Il a notamment fallu faire débloquer de nouveau certains sites et il m’est arrivé de devoir présenter un contenu de manière traditionnelle en raison d’un problème technique. Heureusement, ça n’arrive pas souvent. » D’ailleurs, elle assure qu’elle ne reviendrait pas en arrière!
Pour ceux qui aimeraient en apprendre davantage sur cette expérience, un atelier sera offert sur le sujet lors du congrès de l’Association québécoise des enseignantes et enseignants du primaire en décembre.
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