Repenser les pratiques d’évaluation pour favoriser l’autonomie des élèves : une table ronde inspirante

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Dès le début de la discussion, les intervenants se sont montrés d’accord sur le fait que l’évaluation ne devrait pas être perçue comme un simple exercice de mesure des connaissances, mais comme un levier permettant aux élèves de mieux comprendre leur propre apprentissage. 

« Il faut considérer l’élève pour ce qu’il sait, et non pour ce qu’il ne sait pas », a rappelé Geneviève Dupuis, conseillère pédagogique au RÉCIT de l’enseignement privé, citant l’auteur Daniel Pennac. De son côté, Laurie Couture, enseignante de français et conseillère pédagogique à l’École branchée, a souligné l’importance de la rétroaction dans le processus d’apprentissage. « L’enseignant doit être en mesure d’orienter les élèves en leur fournissant des conseils concrets pour progresser. Et cela doit être planifié. »

Plusieurs pistes ont été évoquées pour aider les élèves à progresser :

• Rendre l’apprentissage visible : Aider les élèves à structurer les connaissances déjà acquises et celles à développer et à faire des liens avec ce qu’ils doivent apprendre.
• Prendre en compte les fonctions exécutives : Expliquer aux élèves le fonctionnement de leur cerveau et les stratégies d’apprentissage efficaces.
• Questionner les élèves : Les amener à se remettre en question et à identifier ce qui fonctionne le mieux pour eux comme stratégie d’apprentissage.
• Définir des attentes claires : Nommer les comportements attendus et s’assurer que le langage utilisé est clair et commun.
• Planifier l’évaluation et la rétroaction : Toute bonne action est précédée d’une bonne réflexion.

L’importance de la relation enseignant-élève

Marius Bourgeoys, enseignant de français, directeur, auteur, coach et conférencier, a indiqué que la relation enseignant-élève est un facteur clé de motivation et de succès : « On ne peut pas contrôler les élèves uniquement sur la base de l’évaluation. Nos pratiques doivent nous amener à développer une relation de confiance avec eux pour ensuite les amener à donner le meilleur d’eux-mêmes. » Selon lui, un enseignement efficace repose sur trois éléments : l’authenticité, l’intégrité et la compétence.

Stratégies d’évaluation à privilégier

Planifier et structurer la rétroaction

Une évaluation efficace ne se limite pas à la remise d’une note. Jocelyn Dagenais, enseignant de mathématiques et conseiller pédagogique au CSS des Hautes-Rivières, a indiqué que « si l’évaluation est simplement une date dans le calendrier, elle perd son sens ». Il insiste sur la nécessité d’un processus continu et collaboratif entre l’enseignant et l’élève. La rétroaction, pour être efficace, doit être planifiée en amont : « Comme dans le sport, elle doit donner des pistes précises pour progresser, comme un coach qui conseille un athlète sur sa posture ou son geste. »

Responsabiliser l’élève et l’impliquer dans son évaluation

Développer l’autonomie des élèves passe par leur implication active dans le processus d’évaluation. Mélanie Tremblay, professeure en didactique et orthopédagogie des mathématiques à l’Université du Québec à Rimouski, campus Lévis, a soutenu que « les élèves doivent apprendre à s’autoévaluer et à ajuster leurs stratégies d’apprentissage, sans avoir toujours besoin d’une grille d’évaluation formelle. » En ce sens, l’autoévaluation et l’observation des pairs sont des outils puissants pour développer une plus grande intentionnalité dans leurs apprentissages.

Marius Bourgeoys a utilisé l’analogie du GPS pour illustrer l’importance de situer les élèves dans leur progression : « Aucun GPS ne peut vous dire comment vous rendre à destination sans connaître votre point de départ. En éducation, c’est la même chose. L’élève doit savoir d’où il part et où il s’en va ». Il est donc essentiel d’identifier où se situent les élèves avant de les guider vers leur objectif d’apprentissage.

Geneviève Dupuis propose une autre approche concrète : « Il faut nommer l’intention pédagogique dès le début du cours et expliquer aux élèves quels gestes ils devront poser pour bien apprendre ». Elle suggère également d’expliquer aux élèves comment utiliser leur cerveau pour organiser et retenir l’information.

Évaluation et intelligence artificielle : quelles nouvelles réalités?

L’intelligence artificielle générative (IAG) s’est invité dans la discussion puisqu’elle est souvent considérée dans les réflexions sur l’évaluation. Jocelyn Dagenais a relativisé l’enjeu, rappelant que d’autres outils technologiques, comme les calculatrices ou les moteurs de recherche, ont déjà suscité des débats similaires dans le passé. « L’important, c’est de bien encadrer son usage et d’adopter des stratégies comme la triangulation des données pour valider les apprentissages. »

Laurie Couture abonde dans le même sens : « plus un enseignant a de traces d’apprentissage de son élève, plus il sera facile pour lui de détecter si celui-ci a eu recours à l’IA pour produire une réponse. » 

Vers une évaluation plus humaine et constructive

Les panélistes ont conclu en soulignant l’importance de désacraliser l’évaluation et de la considérer comme un outil au service de l’apprentissage. « Ayez le meilleur portrait possible de vos élèves en les évaluant, sans que cela devienne un fardeau pour eux », a dit Jocelyn. L’évaluation, bien pensée et bien appliquée, devient un moteur d’autonomie pour les élèves, en leur donnant les clés pour comprendre, progresser et s’engager activement dans leur apprentissage.

« Chez nous, on dit que l’évaluation, c’est plus que le bulletin et la communication aux parents dont on parle abondamment, c’est un processus qui est souvent caché sous l’eau (à l’image de l’iceberg) qu’il faut faire connaitre et se permettre de discuter en équipe (modalités). »

– Renée Guérin, dans le clavardage.

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