Par l’équipe de l’Association canadienne d’éducation de langue française
Avez-vous déjà envisagé le coenseignement comme une démarche réunissant un enseignant et un orthopédagogue? Nous vous proposons un texte qui présente les retombées de la mise en place d’un tel duo dans trois écoles, et quelques trucs en prime si vous décidez de vous lancer.
Vous aimez le travail d’équipe? Vous pensez que les idées des autres sont une richesse à découvrir? Que l’union fait la force? Eh bien, voilà quelque chose que vous devez absolument découvrir : le coenseignement.
Là, vous pensez probablement tout de suite à deux enseignantes ou enseignants devant une classe. Mais on peut aussi créer d’autres types d’équipes pour répondre aux besoins particuliers des élèves. Comme une enseignante et une orthopédagogue!
Qu’est-ce que donne ce genre de duo? Les chercheuses France Dubé, Émilie Cloutier, France Dufour et Marie Jocya Paviel, de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), se sont justement posé la question. Elles partagent les résultats de leur étude dans l’article « Coenseignement orthopédagogue-enseignante et orthopédagogue-enseignant : l’expérience de trois écoles primaires montréalaises », paru dans le numéro « Regards croisés sur le coenseignement en francophonie » de la revue Éducation et francophonie.
Pour découvrir cette importante étude sur le coenseignement, Francosphère vous présente une vidéo fort originale : un croquis-note. Une façon ludique de vous en apprendre plus sur le sujet.
Deux têtes valent mieux qu’une!
Faut qu’on se le dise. Nos classes ne sont pas uniformes. Elles sont même plutôt diversifiées. Nos jeunes n’apprennent pas tous de la même façon ni à la même vitesse. Certains élèves ont des difficultés d’apprentissage alors que pour d’autres, ça ne va jamais assez vite. Ce n’est pas toujours facile de concilier tout ça!
C’est là que la solution du coenseignement peut nous aider. Les idées, les expertises, les efforts et les approches de deux personnes complémentaires peuvent être unis au bénéfice de la réussite scolaire et du bien-être de tous les élèves.
Vous aviez peu entendu parler du coenseignement pour le moment? C’est normal. Les recherches du milieu de la francophonie sont assez récentes dans ce domaine. Mais gageons qu’avec les aspects positifs qui se dégagent de l’étude des quatre chercheuses de l’UQAM, plusieurs écoles auront envie de l’essayer! Ces dernières ont réalisé des entrevues avec des orthopédagogues (spécialistes en adaptation scolaire) qui ont fait l’expérience du coenseignement avec une enseignante ou un enseignant dans des écoles primaires du Québec.
Comment bien coenseigner?
Vous avez visionné ce croquis-note et vous avez envie de vous lancer dans le coenseignement?
Voici quelques trucs identifiés par les orthopédagogues interrogées dans cette étude.
Prendre le temps
Parce que le travail préparatoire fait en dehors de la classe est aussi important que l’enseignement lui-même, il ne faut pas le négliger. Deux des règles d’or du coenseignement, c’est la coplanification et la coévaluation.
Commençons par la coplanification. Pour réussir votre expérience de coenseignement, il est important de vous réserver des cases horaires pour préparer les blocs d’enseignement à deux. Pendant ces moments, c’est une bonne idée de structurer les périodes de coenseignement en établissant la fréquence et la durée des interventions. Comme ça, chaque rôle est bien établi. La prestation des coenseignantes ou coenseignants n’en sera que meilleure!
Et parce qu’il y a parfois place à l’amélioration, mais aussi parce qu’il est bien de faire le point sur les bonnes pratiques à répéter, il faut se laisser du temps pour coévaluer son travail. Faire une rétroaction mutuelle sur la progression des élèves et trouver de nouvelles stratégies pour répondre aux défis, c’est là la technique de toutes les équipes gagnantes!
Former un duo du tonnerre
Pour que vous et votre collègue formiez un duo efficace et qui se complètera à merveille, il vous faut apprendre à connaître votre collègue. Et pour que la chimie opère, il n’y a pas de formule magique : il faut simplement créer des liens. Connaître les forces, les apports et la personnalité de cette personne vous permettra de développer une complicité au bénéfice de vos élèves. La souplesse, la diplomatie, l’ouverture, le respect, la clarté des attentes et l’attitude de non-jugement sont parmi les qualités des meilleurs duos en coenseignement. Prenez des notes! Si vous et votre collègue avez ces belles qualités, vous pourriez vraiment grandir de cette expérience.
Savoir bien doser
Le coenseignement, c’est carrément un changement de culture au sein de l’école. C’est l’école en version évoluée. Il faut donc s’assurer, sur le plan logistique, que tout se passera bien pour faire de ce mode d’enseignement collaboratif un succès. Ça veut dire qu’il est nécessaire de répartir le nombre de groupes-classes pour que la charge de travail soit bien dosée. Ensuite : on laisse la complicité des duos opérer!
Mais là, attention! Si vous vous mettez à coenseigner, il est possible que vous y preniez goût! Vous aurez alors peut-être envie de coenseigner plus qu’une fois par semaine. Et ça, c’est une bonne idée.
« Une fois par jour [plutôt qu’une fois par semaine], ça serait vraiment fantastique. Je pense que c’est là qu’on peut aller chercher plus d’effets. » — Une orthopédagogue interrogée.
Sur la ligne de départ
Vous avez envie de relever ce défi? Pourquoi ne pas en parler à votre direction d’école? Comme nous le démontre cet article de la revue Éducation et francophonie, le coenseignement pourrait avantageusement faire partie de votre boîte à outils pour aider les jeunes dans leurs apprentissages scolaires. En dehors des milieux majoritairement francophones, cela pourrait même permettre d’aider vos jeunes à faire une place encore plus significative à la francophonie dans leur vie.
Au fait, la revue Éducation et francophonie, c’est quoi?
Éducation et francophonie est une revue scientifique arbitrée, publiée par l’ACELF, qui présente des résultats de recherche inédits sur l’éducation en langue française. Depuis 1971, elle contribue à l’avancement des connaissances en éducation francophone au Canada et stimule la réflexion des leaders du domaine. Les thèmes qu’elle aborde touchent tous les ordres d’enseignement et font appel à la contribution de chercheuses et de chercheurs à travers la francophonie canadienne et internationale.
Son numéro « Regards croisés sur le coenseignement en francophonie », paru à l’automne 2020, propose de faire le point sur ce mode de collaboration des milieux de l’enseignement et d’explorer les perspectives de recherches à ce sujet, pour l’avenir. Vous aimeriez en savoir plus? Faites la lecture de ce numéro de la revue dès maintenant!
Les revues scientifiques, pourquoi c’est important?
Lorsqu’on étudie en éducation ou dans tout autre domaine, on est inévitablement amené à lire des textes publiés dans des revues scientifiques. Pourquoi est-ce important? Francosphère a posé la question à des étudiants de l’Université d’Ottawa.
Selon Elie Ndala, étudiant à la maîtrise en éducation, « les articles scientifiques me sont utiles parce qu’ils me permettront de parfaire mes connaissances et d’avoir plus de ressources pour bâtir mon cursus ».
Vicky Lalande, pour sa part, lit des études scientifiques dans le cadre de son baccalauréat en éducation primaire. « Je pense qu’elles m’aideront beaucoup dans le cadre de ma profession enseignante, que ce soit parce que je pourrai démystifier un peu la pédagogie de l’enseignement, mais aussi parce que je pourrai révéler les limites de l’éducation », explique-t-elle.
Les revues scientifiques permettent donc de se construire en tant que futures enseignantes ou futurs enseignants.
Ce texte a d’abord été publié sur le blogue Francosphère de l’ACELF. Il est reproduit ici avec la permission de l’Association canadienne d’éducation de langue française. Ce blogue contient des articles, des vidéo et des balado sur l’éducation et la francophonie canadienne.