Un peu à la suite de l’article précédent, je désire préciser la portée pédagogique que prendra notre atelier de fabrication numérique. Je rappelle que nous désirons offrir un espace de création et de collaboration aux élèves afin qu’ils puissent passer de l’abstrait au concret pour consolider leurs apprentissages tout en demeurant actifs dans leur propre démarche scolaire.
Par la construction de cet atelier, nous souhaitons bâtir un lieu où les élèves pourront approfondir leurs passions et développer leurs idées, lesquelles, bien souvent, sont nées dans les autres cours à l’horaire. Quotidiennement, nos enseignants abordent des sujets près des élèves et une curiosité d’en savoir plus long émerge. C’est sur cette curiosité que s’appuie tout le processus inhérent à l’atelier de fabrication numérique puisqu’elle donnera l’envie d’aller plus loin. La graine de la créativité commence à germer.
Cette créativité pourra jouir d’un large espace éclaté où tous les outils seront à la portée de l’élève. L’élève aura besoin de conceptualiser et pour l’aider à le faire, nous imaginons des murs, des bureaux et des fenêtres remplis d’esquisses, de dessins et de croquis que les élèves pourront immortaliser en les prenant en photo pour les apporter à la maison et poursuivre leur réflexion. Des logiciels de dessin graphique seront aussi disponibles ainsi que des applications de sketchnoting sur tablettes électroniques.
Ces idées à la base de la créativité des élèves sauront aboutir pour enfin prendre forme. Elles cèdent le pas à une phase de tâtonnement, d’expérimentation et de diverses expériences où le prototypage implique une somme importante de temps et d’énergie. Les élèves apprendront à persévérer et passer outre les difficultés et obstacles qui se dresseront sur leur parcours. Oui, ils se tromperont et devront vraisemblablement retourner à la table (ou au mur) à dessin pour ensuite réessayer. Nous voulons qu’ils apprennent à échouer pour mieux réussir. Nous sommes persuadés que l’atelier de fabrication numérique contribuera visiblement à éduquer les élèves aux vraies choses de la vie : persévérer, se faire confiance, se fier à son instinct, mener ses projets à terme, s’organiser, se responsabiliser, développer son esprit critique, utiliser les meilleurs outils pour une tâche donnée et fonctionner de façon autonome.
Les compétences du 21e siècle impliquent le travail en collaboration et cette dernière dépasse largement le simple travail d’équipe. Elle implique mettre à profit toutes les ressources humaines pouvant nous venir en aide et nous inspirer. Évidemment, nous voulons développer la collaboration entre nos élèves et nos membres du personnel à travers le primaire et le secondaire, mais également, les élèves feront partie d’une communauté d’apprentissage et de partage d’expériences pour tisser eux-mêmes leur réseau et ainsi apprendre à l’entretenir. Certains parents volontaires peuvent être mis à contribution et, bien sûr, grâce aux technologies de la communication, des experts hors du milieu peuvent être sollicités. Enfin, il y a moyen de rejoindre des camarades provenant d’autres écoles québécoises, canadiennes ou américaines (ou ailleurs dans le monde) pour les mettre à contribution aussi. La collaboration à l’ère numérique n’a de limites que celles que l’élève s’impose lui-même !
Les liens avec les cours à l’horaire seront renforcés et nous reconnaissons l’importance des compétences transversales dans le processus. Cette transversalité et cette interdisciplinarité, témoins privilégiés du réinvestissement de ce que les élèves ont appris dans la salle de classe, seront mises en valeur de différentes façons, principalement grâce à la cohabitation harmonieuse des secteurs d’études primaires et secondaires. D’ailleurs, notre atelier sera une version bonifiée de l’acronyme du modèle anglophone bien connu de STEM : Science, Technology, Engineering and Mathematics. Ce sera plutôt le modèle maison STHEAMP qui résumera bien nos activités : Science, Technology, Humanities, Engineering, Arts, Mathematics and Pedagogy.
Lorsque les élèves ont créé et mené à terme leur projet, ils devront le mettre en valeur. C’est ici que tout l’aspect entrepreneurial intervient. Bien évidemment, il est question de diffusion de l’information à travers différents médias, mais surtout, nous souhaitons que l’élève conçoive la place que peut occuper le projet fini dans le monde et qu’il réponde à une des sempiternelles questions étudiantes : à quoi ça sert ? Tout l’aspect communication, marketing et diffusion aura évidemment sa place dans notre espace de fabrication.
En conclusion, les différentes étapes à travers lesquelles l’élève évoluera en fréquentant l’atelier de création seront l’incarnation même des principes de la pédagogie active : l’élève au centre de sa démarche d’apprentissage et en plein contrôle du développement de ses propres passions. Les élèves seront en mesure de démontrer que l’innovation en éducation n’est pas seulement l’apanage de l’enseignant, de la direction ou du personnel de soutien : oui, l’élève peut innover en éducation et nous lui donnons les moyens de le faire, grâce, notamment, à l’utilisation des outils de son temps.
Les liens avec les cours à l’horaire seront renforcés et nous reconnaissons l’importance des compétences transversales dans le processus. Cette transversalité et cette interdisciplinarité seront mises en valeur de différentes façons, principalement grâce à la cohabitation harmonieuse des secteurs d’études primaires et secondaires.
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Cet article fait partie du dossier « La mise en place d’un atelier de fabrication numérique (makerspace) », dont voici la liste des articles en ordre antéchronologique.