Habituellement, à ce temps-ci de l’année, j’ai la tête qui bouillonne d’idées pour l’année scolaire. Présentement, devant tant d’incertitude, je ne sais pas vraiment par où débuter pour me préparer.
Je vous partage ici une liste des 12 travaux du pédagogue à la rentrée. Avec cet inventaire, j’essaie de sortir des points de repère pour essayer de voir un peu plus clair dans ce brouillard qu’est la rentrée en temps de pandémie.
1- Se définir par le POURQUOI plutôt que le QUOI
Les enseignements de Simon Sinek dans son ouvrage « Start With Why » sont très pertinents en ce moment. Certains enseignants se définissent par ce qu’ils font (QUOI) : je suis prof de maternelle, de chimie ou de 4e année. Ainsi, lorsque nous perdons notre COMMENT – notre salle de classe et une partie de nos ressources – et que nos élèves pourraient retourner à distance prochainement, nous vivons beaucoup d’angoisse. « Comment suis-je censé enseigner les sciences sans mon labo? »
De là l’importance de nous définir à partir du POURQUOI de ce que nous faisons. Par exemple, nous dire que nous sommes là pour aider nos élèves à grandir et à s’améliorer constamment, que nous enseignons pour qu’ils développent une pensée critique par rapport au monde qui les entoure ou pour les aider développer une curiosité par rapport aux sciences.
Imaginer les possibilités qu’offre cette façon de voir : que nous soyons en classe avec tous nos élèves ou en ligne (ou un mélange des deux), toutes nos actions seront orientées pour réaliser notre POURQUOI.
Trouvez le vôtre et laissez-vous guider par celui-ci pour décider du COMMENT et du QUOI. Ainsi, si d’autres situations inattendues se présentent dans le futur, vous aurez des bases solides sur lesquelles vous appuyer.
2- L’humain d’abord, ensuite le programme
Les écoles n’ont pas été construites pour nous permettre de passer notre programme, l’école est là pour développer des humains.
La situation actuelle est le moment idéal pour se recentrer sur l’élève. Comment faire en sorte que celui-ci puisse continuer à grandir? Personnellement, je crois que la pédagogie devrait rester dans l’arrière-plan en septembre. Il y a des « choses » plus importantes dans nos classes : nos élèves.
3- La connexion avec nos élèves
Pour développer des humains, il faut forcément s’intéresser à eux, connecter. Cette rentrée ne fera pas exception à la règle. Après avoir vécu une rupture de routine abrupte le printemps dernier, les enfants de tous âges ont souffert, comme un peu tout le monde, de l’isolement social.
Roch Chouinard propose de mettre l’accent sur le besoin d’affiliation des jeunes. Plus spécifiquement, il propose que les élèves restent avec le même groupe classe et qu’on réduise au maximum le nombre d’enseignants (3 à 5) pour chaque groupe. Il suggère aussi que les élèves aient un enseignant attitré qui les suivra de près pour les aider, entre autres, à faire leurs suivis et à se fixer des objectifs.
Bref, le but est de réduire l’anxiété de l’élève qui revient à l’école après un long moment. S’il se sent bien entouré par des camarades de classe et quelques adultes, le retour devrait se faire un peu plus en douceur. Pour ce faire, des périodes de discussion pour prendre le pouls de la classe en commençant la journée donneraient la chance à tous de faire preuve d’empathie.
4- L’empathie
Plusieurs élèves et collègues auront vécu des situations difficiles dans les derniers mois, il faudra prendre chacun là où il est.
Brené Brown établit une distinction subtile entre la sympathie et l’empathie. Dans la première, on projette ses émotions sur l’autre (« Mon Dieu, tu dois avoir de la peine! »), ce qui a tendance à orienter les personnes vers l’isolement. De l’autre côté, lorsqu’on fait preuve d’empathie, on ressent les émotions avec l’autre (« Ce que tu me dis me rend vraiment triste aussi. »). C’est en faisant preuve d’empathie qu’on peut vraiment connecter avec l’autre, parce qu’on l’écoute, on se met dans ses souliers et on ne cherche pas forcément à trouver une solution ou une réponse.
Si tous font preuve d’empathie, nous pourrons passer à travers beaucoup d’épreuves ensemble.
5- Réduire le fossé entre les pédagogues
Les événements du printemps dernier sont venus mettre en lumière les manquements dans la formation des maîtres et le développement professionnel. Certains enseignants se sont retrouvés dépassés quand est venu le temps de transposer leur salle de classe en ligne. Pour d’autres, le choc était plus pédagogique : quoi faire si les élèves n’ont pas leur manuel?
Ainsi, pour réduire le fossé entre le niveau d’aisance technologique ou pédagogique, il faut nous parler davantage. Arrêtons d’avoir peur d’avouer notre ignorance. Allons voir nos collègues qui ont l’air plus à l’affût dans les domaines qui nous posent des défis.
À l’inverse, je crois qu’il faut aussi s’ouvrir davantage aux autres. Il y a un paquet d’excellents pédagogues qui n’écrivent pas de blogue, qui ne sont pas sur les réseaux sociaux, qui font leur « petite affaire » dans leur coin. Allons chercher ces diamants pour qu’ils mettent l’épaule à la roue. Créons des occasions de partage de problèmes et de solutions entre collègues. Comme l’a proposé Natacha Vautour sur Twitter, pourquoi ne pas prendre un petit 10 minutes à la fin de chaque journée pour se parler entre collègues afin d’échanger à propos de bons coups et de défis rencontrés?
Si les profs s’entraident pour devenir des apprenants, imaginez les répercussions sur le climat de l’école, et quel bel exemple à donner aux élèves!
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Pour lire la version originale d’Alexandre et les 6 travaux suivants, rendez-vous sur Le blogue de Prof Audet.
- Trouver quelle partie de l’expérience scolaire vous voulez rapporter au nouveau « normal»
- Pour aller plus vite, il faut parfois ralentir
- Réduire le fossé entre l’école et la maison
- S’habituer au changement
- Favoriser une pédagogie active
- Garder la flamme allumée