Un groupe de jeunes de 4e et 5e secondaire du Collège Beaubois, à Montréal, revient d’un voyage au Sénégal pendant lequel ils ont enseigné à des jeunes et découvert les exigences du métier d’enseignant. Un voyage qu’ils ne sont pas prêts d’oublier!
En mars 2004, sur le site Infobourg (aujourd’hui École branchée), Claude Leblanc, alors enseignant au Collège Beaubois, apercevait l’annonce d’un organisme recherchant une école pour un projet humanitaire novateur. Il s’agissait de travailler avec des élèves occidentaux pour contribuer à l’éducation de jeunes sénégalais. Depuis ce temps, monsieur Leblanc, désormais directeur de 1ère, 2e et 3e secondaire au même collège, a amené six groupes différents dans ce pays africain pour une expérience hors du commun.
L’éducation, l’arme qui change le monde
Mais pourquoi faire enseigner des élèves dans le cadre d’un projet de collaboration internationale, alors que la majorité des missions humanitaires impliquant des jeunes œuvre dans des domaines d’entraide différents? Monsieur Claude Leblanc estime qu’il est relativement facile d’impliquer des jeunes dans des œuvres de construction d’écoles ou de réfection de bâtiments à mission éducative dans des pays en voie de développement. Si ces actions amènent leur lot de fierté pendant un temps, le legs demeure éphémère dans la localité. De plus, une telle initiative risque d’être mal perçue sur place puisqu’elle peut dans certains cas priver des travailleurs d’un éventuel gagne-pain. Ici, le but est plutôt de s’impliquer dans un processus scolaire de façon durable, impliquant directement l’acte d’enseigner et la démarche d’apprentissage.
De belles réflexions
Au retour de leur expérience sénégalaise en mars dernier, une équipe de ChallengeU.TV s’est intéressée au projet. Elle s’est notamment penchée sur la vision que ces jeunes avaient de l’éducation en général et de leur travail d’enseignant. De belles réflexions ont émané de ces rencontres et, de leur propre aveu, les jeunes ont grandement réalisé à quel point ils sont choyés d’étudier au Québec. Par exemple, ils expliquent comment les classes sont nombreuses (entre 70 et 120 élèves par classe!) et comment les enseignants là-bas travaillent avec bien peu d’outils didactiques. Ces entrevues révèlent des points de vue intéressants provenant des élèves eux-mêmes sur plusieurs situations pédagogiques issues, entre autres, de la planification, de l’évaluation, de la correction, de la didactique, de la différenciation, de la gestion de classe, de l’intégration des TIC, etc.
La Presse+ a d’ailleurs récemment publié un texte d’Olivia Hourani, élève de 4e secondaire du Collège Beaubois. Elle y relate quelques expériences vécues, mais, surtout, elle y explique comment sa vision de l’éducation a changé. Une belle ode à la profession enseignante et à l’idéalisme éducatif que plusieurs (élèves, enseignants, directeurs et parents) semblent parfois perdre de vue.
L’apprentissage par l’expérience
Bien qu’un tel voyage soit préparé au moins une année à l’avance, les élèves ne savent pas à quel niveau ils enseigneront avant d’arriver sur place. Ils se lancent dans une vie scolaire inconnue et dans une culture exotique; ils doivent donc s’adapter à leur clientèle étudiante et à la culture de l’école dans laquelle ils enseignent. Ils travaillent également en dyade avec des sous-groupes d’élèves sénégalais vivant des difficultés scolaires. Ils doivent établir une communication solide et accorder une grande importance au partage d’idées et à la collaboration en enseignement.
Devant les situations inopinées qui se présentent à ces élèves, et avec le peu de ressources dont ils disposent sur place, ils doivent se fier non seulement sur leurs accompagnateurs adultes, mais, surtout, sur leur créativité pour leur permettre de résoudre des problèmes rapidement, et ainsi venir en aide à ces jeunes qui ont toute la volonté du monde d’apprendre. Ce n’est effectivement pas simple d’inventer des solutions dans un tel contexte et dans une culture aussi différente de la leur!
Ce voyage humanitaire permet un apprentissage par l’expérience. Il vise l’éducation dans sa globalité et le développement de l’élève en faisant appel à son altérité et son altruisme. Surtout, il permet une certaine réciprocité éducative en faisant voyager le savoir en aller-retour : les Québécois enseignent directement aux jeunes sénégalais, mais en retour, ces derniers leur font vivre une expérience qui marquera le reste de leur vie et définira une partie de leur existence. D’ailleurs, l’un des buts avoués du voyage est de former non pas que des têtes, mais aussi des cœurs et des esprits.