Pendant une année, Justine Gosselin-Gagné et son équipe de l’Université de Montréal ont pu intégrer le quotidien de deux écoles primaires de Montréal afin d’identifier les pratiques et les attitudes de différents membres du personnel qui visent à créer un lien inclusif avec les familles des élèves.
Les écoles primaires participantes accueillent 85 % d’élèves issus de l’immigration, dont une importante proportion est en situation financière précaire. Ces écoles avaient la réputation de chercher à s’adapter aux besoins de leur clientèle scolaire de diverses manières au quotidien. Mme Gosselin-Gagné a voulu documenter la situation vécue dans ces écoles.
« La diversité ethnoculturelle n’est pas un phénomène nouveau dans la métropole. Cependant, la situation est prise en compte différemment d’un milieu à l’autre. Les écoles qui réussissent le mieux à créer un climat d’ouverture et de collaboration école-famille sont celles qui voient la diversité comme un atout et adoptent une position de leadership pour tisser des liens avec les familles », indique Mme Gosselin-Gagné.
Les pratiques reconnues
À travers leurs observations, les membres de son équipe ont identifié des pratiques inclusives, qui peuvent s’appliquer à tout contexte scolaire.
1. Offrir un accueil explicite
Beaucoup de parents issus de l’immigration ne connaissent pas le système scolaire québécois et son fonctionnement. Afin de se sentir comme partie prenante de l’école de leur enfant, ils ont besoin de se sentir accueilli et guidé dans l’école, pour se créer des repères. Visite guidée de l’école, rencontre avec le personnel, mise en lien avec des ressources sont des exemples à mettre en place.
2. Entretenir le dialogue
Les équipes-écoles gagnent à mettre en place et entretenir le dialogue bidirectionnel avec les parents. Ceux-ci aiment être informé de ce qui se passe dans l’école (et pas seulement les mauvaises nouvelles).
3. Communiquer dans la langue des parents
Certains parents ne maîtrisent tout simplement pas suffisamment le français ni l’anglais pour comprendre ce qui se passe à l’école. Cette incompréhension peut les déboussoler. N’hésitez pas à avoir recours à la traduction pour les documents ou même à des interprètes lors des rencontres de parents.
4. Adopter une posture professionnelle
Des parents issus de l’immigration ont exprimé le fait qu’ils se sentent mal à l’aise de se rendre physiquement à l’école de leurs enfants par crainte d’être jugés par le personnel scolaire. Il faut garder en tête que tous les parents visent le mieux pour leurs enfants, peu importe leur langue, leur apparence et leurs valeurs.
5. Diversifier les moyens d’entrer en relation avec les parents
Il peut sembler naturel de communiquer par courriel avec les parents en 2021. Cependant, l’usage de ce moyen de communication n’est pas encore naturel pour tous. Dans certains cas, il ne faut pas hésiter à téléphoner directement aux parents ou à transmettre des messages sur papier, par le biais des enfants.
6. Être flexible dans les communications
De plus en plus de parents occupent des emplois atypiques et n’ont pas des horaires de travail réguliers. De même, plusieurs ne peuvent tout simplement pas s’absenter ou passer des coups de fils sur les heures de travail. Il faut parfois être disponible le soir ou la fin de semaine pour garder le lien avec eux.
7. Inviter les parents dans l’école
Les parents peuvent aussi trouver une place dans l’école en dehors des moments formels. Ils peuvent devenir bénévoles dans les classes, à la bibliothèque, lors d’activités spéciales. Ils peuvent venir partager des expériences de vie, des connaissances avec les élèves. Ce type d’accueil leur permet de mieux comprendre le rythme de vie de l’école et de créer des référents.
8. Outiller les parents
Tous les parents souhaitent que leurs enfants réussissent à l’école. Il ne faut pas hésiter à leur proposer des ressources complémentaires (soutien scolaire, mentorat, etc.) pour appuyer leurs enfants, toujours en suggérant et non pas en imposant. Par ailleurs, dans certains cas, les ressources proposées iront au-delà du mandat initial de l’école. Parfois, il pourrait s’agir d’offrir un soutien médical ou d’ordre plus personnel aux parents.
Mme Gosselin-Gagné a présenté les résultats de cette recherche lors du plus récent colloque de l’ACFAS.