Vecteur de valeurs de partage et de confiance, l’économie collaborative est appelée à exercer son influence jusque dans le secteur éducatif. Découvrons cinq innovations collaboratives qui dépoussièrent les modes d’apprentissage.
Par Tayfun Buyrukoglu, étudiant en journalisme à l’Université Paris 13 – Villetaneuse
La location de chambres dans des résidences privées avec Airbnb, le covoiturage avec Blablacar (en France), le repas chez l’habitant avec Vizeat… Il ne semble pas se passer une journée sans qu’une nouvelle « startup » estampillée « économie collaborative » fasse la une de l’actualité! Porté à plus de 335 milliards de dollars d’ici 2025, ce marché jouit d’un bel avenir et bouleverse tous les pans de notre vie. Le dernier en date? L’éducation!
1. La mort du diplôme?
Si le diplôme demeure une pièce maîtresse dans l’insertion professionnelle du jeune finissant, d’autres avenues sont désormais possibles. En effet, de nouveaux modèles éducatifs ne s’embarrassent plus de telles traditions. Créée en 2013 en France à l’initiative de Xavier Niel, l’Ecole 42 fait figure d’exemple. Cette grande école spécialisée dans l’enseignement des métiers du numérique s’affranchit de toute sélection fondée sur le diplôme et effectue le recrutement de ses élèves uniquement sur la base des tests pratiques. Issus de milieux très divers, ses promotions comptent aussi bien des passionnés du code informatique que des profils en cours de reconversion.
Ouverte tous les jours et accessible 24 h/24, cette école nouveau genre se veut 100 % collaborative jusque dans son enseignement. Elle n’emploie en effet aucun professeur, et on n’y trouve aucun cours magistral : les élèves apprennent par eux-mêmes à l’aide de cas pratiques. On y apprend à son rythme en assimilant au fil des projets les notions étudiées. Ce système faisant florès, l’entrepreneur français a annoncé l’ouverture d’une nouvelle école sur la côté californienne : à l’instar de l’Holberton School déjà installée depuis un an, cette Ecole 42 sera basée en plein cœur de la Silicon Valley et formera de nouveaux talents informatiques, en continuant de rester fidèle à sa devise : permettre à chacun d’apprendre à son rythme.
2. L’apprentissage entre pairs
Inspirées par le développement de plateformes d’intermédiation, une kyrielle de startups mettent en relation les particuliers autour du partage de services, de biens… et maintenant de savoirs! Ainsi, contrairement à des organismes traditionnels souvent spécialisés dans un domaine particulier comme le soutien scolaire, la petite entreprise Kokoroe a fait le pari d’accueillir une large palette de savoirs et de savoir-faire, allant de la cuisine à l’anglais, en passant par le ukulele ou le pilotage de drone. Son objectif : refléter la diversité des talents de notre société. Chacun y partage et monétise sa compétence entre pairs, aussi insolite soit-elle, et sans condition de diplôme.
3. Le boom des encyclopédies collaboratives
L’époque où seul le professeur était détenteur du savoir est définitivement révolue. Les encyclopédies collaboratives en ligne se multiplient : pionnier dans cette discipline, Wikipédia compile depuis quinze ans une multitude de connaissances agrégées par sa communauté de bénévoles. Fondée par les américains Jimmy Wales et Larry Sanger, Wikipédia fait désormais partie aujourd’hui des 10 sites les plus visités au monde. Ses 29 millions d’articles sont traduits dans plus de 280 langues différentes et font régulièrement figure de référence.
4. L’ère des badges numériques
Soucieuse de garantir la confiance et la sécurité au sein de ses communautés, l’économie collaborative a très rapidement adopté la logique de la ludification (gamification). Dans son sillon, l’industrie des technologies éducatives a suivi ce principe de ludification de l’apprentissage en optant pour des badges certifiant les compétences. Un bon exemple : Mozilla et son projet collaboratif Open Badges. Ce dernier permet la gestion d’un portefeuille de certifications et de reconnaissances des compétences acquises. Les « émetteurs » de ces badges numériques peuvent être à la fois des écoles reconnues, mais également des cours en ligne ouverts.
5. Les MOOCs pour tous
Fers de lance du savoir pour tous, les MOOCs (Massive Online Open Course), des cours en ligne ouverts à tous et gratuits, se multiplient et permettent à tout un chacun d’acquérir des compétences dans des domaines aussi variés que la physique quantique ou l’astrologie. D’abord initiées par les universités américaines de l’IVY League, comme Stanford, de premières plateformes ont commencé à produire et agréger des MOOCs sur des domaines d’expertises particulièrement techniques. Emblématique, la Khan Academy explore ainsi particulièrement l’informatique, la physique, les mathématiques et l’algèbre. Que l’on soit basé en Inde dans une chambre étudiante ou dans un bureau londonien, le savoir est à portée de clics.